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Pour que cessent les violences gynécologiques et obstétricales

Publié le 02/07/2018
femme grossesse

femme grossesse

Le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes a remis, le 29 juin dernier, son rapport « Les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical : des remarques aux violences, la nécessité de reconnaitre, prévenir et condamner le sexisme », à Marlène Schiappa, Secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes. Pour faire du suivi gynécologique et obstétrical des femmes un parcours qui n’entrave ni leurs droits, ni leur autonomie, un parcours sans violence, sans abus, sans écoute, le Haut Conseil à l’Egalité publie ses recommandations.

L'ampleur de ces violences "atteste du fait qu'il ne s'agit pas de faits isolés et appelle une prise de conscience et une action publique ambitieuse pour les combattre", écrivent les rapporteures de l'enquête.

Depuis plusieurs années, les témoignages de femmes se multiplient dénonçant un suivi gynécologique porteur d’injonctions sexistes, des actes médicaux non nécessaires pendant l’accouchement voire des violences sexuelles dans le cadre du suivi gynécologique et obstétrical. Ces témoignages, partagés sur Twitter, des tumblrs, des blogs ou dans les médias ont notamment émergé, en France, après le lancement du hashtag #PayeTonUtérus, fin 2014, mentionné par plus de 7000 tweets en 24 heures. Les faits dénoncés par les femmes ont été regroupés sous l’appellation « violences gynécologiques et obstétricales », expression, apparue en Amérique latine aux débuts des années 2000, qui a permis de faire émerger une réflexion féministe sur la spécificité des maltraitances subies, par les femmes, dans le cadre de la relation de soins.

Dans ce contexte, la Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa a saisi en juillet 2017 le Haut Conseil à l’Égalité d’un rapport sur ce sujet, avec pour objectifs de mesurer et objectiver le phénomène en identifiant précisément la nature des problématiques soulevées et de mettre en exergue les différents leviers à mobiliser, autant en termes de besoins de formation des professionnels concernés, que sur l’évolution des pratiques souhaitables dans le suivi gynécologique et obstétrical.

Tout au long de leur vie, les femmes mettent leur corps entre les mains des gynécologues : pratiques contraceptives, recours à l’avortement, grossesse, accouchement, ménopause...

Les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical sont des gestes, propos, pratiques et comportements exercés ou omis par un ou plusieurs membres du personnel soignant sur une patiente au cours du suivi gynécologique et obstétrical et qui s’inscrivent dans l’histoire de la médecine gynécologique et obstétricale, traversée par la volonté de contrôler le corps des femmes (sexualité et capacité à enfanter). Ils peuvent prendre des formes très diverses, des plus anodines en apparence aux plus graves et sont le fait de soignants – de toutes spécialités – femmes et hommes, qui n’ont pas nécessairement l’intention d’être maltraitants. Bien que, à l’évidence, tous les professionnels de santé ne soient pas auteurs d’actes sexistes, les chiffres attestent d’un phénomène relativement répandu dans le suivi gynécologique et obstétrical des femmes :

  • 1 accouchement sur 5 donne lieu à une épisiotomie : 1 femme sur 2 sur laquelle une épisiotomie a été réalisée déplore un manque ou l’absence totale d’explication sur le motif de l’épisiotomie ;
  • les taux d’épisiotomie – toutes grossesses confondues - sont très variables d’une maternité à l’autre : de 0,3 % (dans telle maternité de type 3 – accueillant les grossesses pathologiques et à grands risques) à 45 % (dans telle maternité de type 1 – accueillant des grossesses normales ou à bas risque) ;
  • 6% des femmes se déclarent « pas du tout » ou « plutôt pas » satisfaites du suivi de leur grossesse ou de leur accouchement, ce qui représente environ 50 000 femmes pour l’année 2016 ;
  • 3,4% des plaintes déposées auprès des instances disciplinaires de l’Ordre des médecins en 2016 concernent des agressions sexuelles et des viols commis par des médecins.

Volonté de contrôler le corps des femmes, sexisme encore très prégnant dans le secteur médical, insuffisante prise en compte du caractère particulièrement intime des consultations gynécologiques...

Des prises en charge inadaptées qui, selon les rapporteurs, peuvent s’expliquer par la multiplicité d’occasions en comparaison avec d’autres suivis médicaux, l’insuffisante prise en compte du caractère particulièrement intime de ces consultations, le sexisme encore très prégnant dans le secteur médical, l’histoire de la gynécologie médicale, marquée, à l’origine de la spécialité, par la volonté de contrôler le corps des femmes (sexualité et capacité à enfanter) ou le manque de moyens humains et financiers alloués au secteur de la santé, et en particulier dans les maternités. Or, en dépit d’une assez forte prévalence, les actes sexistes sont largement ignorés : les droits et les procédures de signalement sont méconnus des patientes et les procédures disciplinaires inadaptées.

A ce jour, la formation initiale et continue des professions médicales demeure centrée sur la technique, au détriment de la relation humaine et du respect du consentement.

Le Haut Conseil à l’Egalité formule donc dans son rapport 26 recommandations, articulées autour de 3 axes :

  • reconnaître les faits, c’est-à-dire l’existence et l’ampleur des actes sexistes dans le suivi gynécologique et obstétrical ;
  • prévenir les actes sexistes, via la formation des professionnel.le.s de santé, l’inscription de l’interdiction des actes sexistes dans le code de déontologie médicale, et la mise en œuvre des recommandations de bonnes pratiques existantes ;
  • faciliter les procédures de signalement et condamner sans détour les pratiques sanctionnées par la loi, via l’information des femmes sur leurs droits, l’implication des ordres professionnels et la formation des personnels en contact avec les femmes.

C’est ensemble que nous reléguerons ces pratiques au passé. Avec Agnes Buzyn nous installons un groupe de travail piloté par le ministère de la santé pour agir concrètement main dans la main avec les soignant/es et obtenir des résultats efficaces.

Lire le rapport "Les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical. Des remarques aux violences, la nécessité de reconnaitre, prévenir et condamner le sexisme"

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com