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HYGIENE

Pose de cathéters : limiter le risque de complications nosocomiales

Publié le 15/10/2015
pose cathéter

pose cathéter

Les résultats d'une étude menée au CHU de Caen confirment que lors de la pose de cathéters, l'utilisation de la voie sous clavière limite le risque de complications nosocomiales intravasculaires. Explications.

Pose de cathéters : des liens entre risque d'infection et site d'insertion existent.

Plus de 3 000 patients hospitalisés en réanimation ont été suivis durant deux ans et demi afin d'étudier les risques de complications nosocomiales suite à la pose de cathéters sur la veine sous-clavière, jugulaire, et fémorale. L'étude conduite par le Pr Jean-Jacques Parienti1 confirme que l'utilisation de la voie sous clavière limite le risque de complications nosocomiales intravasculaires, comparée aux voies alternatives. Cependant, des progrès restent à accomplir pour faciliter la technique de pose et ainsi limiter les risques immédiats de complications au moment de l’insertion.

Ces résultats ont des implications importantes pour la formation des jeunes réanimateurs. Ils apportent une connaissance plus précise des risques associés à chaque veine, pour chaque type de complication, et contribueront ainsi à renforcer la sécurité des patients admis en réanimation et requérant une voie centrale. Cet essai français appelé « 3SITES » a fait l'objet d'une publication dans la prestigieuse revue médicale internationale « New England Journal of Medicine » du 24 septembre 2015. Explications...

9 fois sur 10, l’administration de médicaments intraveineux dans les services de réanimation nécessite l’insertion d’un cathéter placé dans une grosse veine (veine centrale). Il s’agit du geste invasif le plus souvent pratiqué dans les hôpitaux. Bien qu’indispensable, cette procédure délicate expose les patients au risque de complications nosocomiales. Par exemple, la blessure accidentelle des tissus situés à proximité de la veine (artère, plèvre) au moment de la pose peut causer des saignements ou des difficultés respiratoires. Une fois le cathéter inséré, la présence de ce matériel étranger au système vasculaire peut favoriser le développement de caillots de sang (thrombose) et d’infections. Ces complications « intravasculaires » peuvent être responsables d’une augmentation de 20% du risque de décès.

Trois sites veineux sont disponibles pour insérer un cathéter central : le cou (veine jugulaire), l’intérieur de la cuisse (veine fémorale) et enfin sous la clavicule (veine sous-clavière). Actuellement, la veine jugulaire est très utilisée, du fait de son accès rendu plus simple par l’écho guidage (technique permettant de visualiser par échographie la veine au moment de l’insertion) alors que les autres voies utilisent plus souvent les repères anatomiques.

3 471 cathéters ont été posés sur 3 000 patients répartis équitablement en 3 groupes. Les résultats de l’étude « 3SITES » montrent que :

  • Les taux d’insertions réussies étaient de 85,2% en sous-clavière, 91,4% en jugulaire et 95,1% en fémorale.
  • Les taux de complications à l’insertion étaient de 2,1% en sous-clavière, 1,4% en jugulaire et 0,7% en fémorale.
  • Les taux de complications intravasculaires (thrombose, infections) étaient de 1,0% en sous-clavière, 2,3% en jugulaire et 2,6% en fémorale.

Aucune étude à ce jour n’avait comparé de façon précise les risques de complications liées aux cathéters centraux en fonction du site d’insertion. Comme la flore microbienne présente à la surface de la peau diffère selon la partie du corps humain, le risque d’infection pourrait bien être différent selon le site d’insertion du cathéter. Même si les complications infectieuses ont été beaucoup étudiées, d’autres complications non infectieuses liées au cathéter comme une plaie accidentelle de la carotide ou une embolie pulmonaire peuvent mettre en jeu le pronostic vital.

L'étude « 3SITES » financée par un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC)

Dans le but d’évaluer les différents risques de complications associées à chaque site d’insertion et de renforcer l’amélioration continue de la qualité et de la sécurité des soins au bénéfice des patients, le Ministère de la Santé par son Programme Hospitalier de Recherche Clinique National a financé l’étude 3SITES. Cette étude, proposée et coordonnée par le Pr Jean-Jacques Parienti, a été menée durant 2 ans et demi dans plusieurs services de réanimation de Centres Hospitaliers Universitaires (Caen, Paris, Créteil), dont les services de réanimation chirurgicale et de réanimation médicale du CHU de Caen, et Généraux (Saint-Lô, Corbeil-Essonnes, Versailles, Argenteuil, Chartres, Avranches) en France, auprès de plus de 3000 patients. Cette recherche a été conduite en étroite relation avec l’Université de Caen composante de Normandie Université (Equipes d’Accueil Risque Microbien, Pr Alain Rincé) et la Brown University aux Etats-Unis (Pr. Leonard Mermel). Ces travaux vont se poursuivre, en collaboration élargie à l’Université de Rouen autre composante de Normandie Université (Equipes d’Accueil Groupe de Recherche sur l’Adaptation Microbienne, Pr François Caron) afin d’étudier l’impact clinique et médico-économique lié à ces complications.

Cet article a été publié le 24 septembre 2015 par Réseau CHU que nous remercions de cet échange.

Note

  1. À la tête de la Délégation à la Recherche Clinique et à l’Innovation du CHU de Caen.

Hélène MULLER  http://www.chu-caen.fr  communication@chu-caen.fr


Source : infirmiers.com