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GRANDS DOSSIERS

Plaies et cicatrisations : quoi de neuf en 2015 ?

Publié le 27/01/2015
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Lors de la 19e Conférence Nationale des Plaies et Cicatrisations, du 18 au 20 janvier dernier à Paris, les praticiens experts ont fait le point sur les perspectives à venir en matière de soins des plaies. Alors, en ce début d'année 2015, quoi de neuf ? Revue de quelques communications remarquées. Elles furent très nombreuses sous la forme de conférences plénières, de symposiums, d'ateliers et de posters... et bien sûr, nous ne pourrons en rendre compte dans leur intégralité.

Pansements et traitements locaux : avec le miel, où en sommes-nous ?

Riches de nouvelles techniques et produits, de savoirs et savoir-faire, les professionnels de santé font preuve de créativité adaptant et s’adaptant, au cas par cas, aux problématiques précises de leurs patients.

Le Pr Alexis Desmoulières (Facultés de Médecine et de Pharmacie, Limoges ) a rappelé que le miel, élaboré par les abeilles, est un produit complexe, fruit des interactions entre fleurs, sol et systèmes métaboliques liés à l'identité génétique spécifique des abeilles. Ce mélange de sucres, de composés phénoliques, de vitamines, d'acides aminés, d'oligo-éléments et de molécules spécifiques est la source d'une activité biologique particulièrement intéressante. L'action antibactérienne du miel est bien caractérisée impliquant plusieurs mécanismes agissant en synergie, notamment l'osmolarité, l'acidité du pH, le système péroxyde-hydrogène (inhibine) et la présence de facteurs phytochimiques. de nombreuses études scientifiques ont montré que le miel présente des activités favorisant les différentes phases de cicatrisation des plaies. Et de rappeler l'effet positif sur le débridement et une action de modulation sur l'inflammation et le fait que les kératinocytes, les fibroblastes humains et la réponse des cellules endothéliales sont affectés en présence de miel, favorisant ainsi la fermeture des plaies.

Quoi de neuf sur les biofilms ?

Isabelle Fromantin, Infirmière, docteur en Sciences, experte en plaies et cicatrisation à l’Institut Curie, l'a rappelé, la présence supposée de biofilm qui agirait sur le processus infectieux et/ou l'évolution des plaies est de plus en, plus évoquée. Cliniquement, le biofilm n'est pas visible, sauf s'il est très épais. Il est alors le plus souvent décrit comme un enduit visqueux (slim) à la surface d'une plaie dont le processus de cicatrisation est ralenti, et généralement associé à des exsudats abondants et une inflammation. Pour la clinicienne, l'organisation des bactéries en mode biofilm est un "entre-deux" particulier, entre la plaie propre et la plaie infectée, qui doit être connu, pris en compte et traité lorsqu'elle semble entraver la bonne évolution de la cicatrisation.

De la nécessité de la compression des membres inférieurs ?

La compression est le traitement étiologique indispensable des ulcères de jambe. il participe également au traitement des lymphoedèmes et de la maladie veineuse. Bandes uniques ou système multi-types, bas et chaussettes, système avec velcros ajustables, compression pneumatique intermittents et modèles hybrides, bandages... le Dr Sylvie Meaume, gériatre, dermatologue (hôpital Rothschild), le rappelle, la compliance à ce traitement est très dépendante du matériel et des efforts des industriels se concentrent actuellement sur leur amélioration et leur mise en conformité avec les recommandations de la HAS ; des recommandations qui existent maintenant dans différents pays et qui tendent à s'uniformiser. La praticienne a cependant souligné qu'elles restent hélas encore trop confidentielles, ne permettant pas d'amélioration notable de la prise en charge des patients porteurs d'ulcères de jambe ou de lymphoedème.

Organisation des soins de ville ?  Les atouts d'un protocole de coopération

L'ARS Languedoc-Roussillon vient d'autoriser le protocole de coopération d' Evaluation et suivi de plaies complexes et/ou retard de cicatrisation par un IDE expert en plaies et cicatrisation dans le cadre d'un réseau pouvant fonctionner en télémédecine. Ce protocole de coopération, élaboré par le réseau CICAT-LR, permet à l'IDE délégué, après formation spécifique, de prescrire les examens complémentaires indicateurs du pronostic de cicatrisation ou des traitements locaux topiques particuliers, mais aussi d'utiliser un doppler de poche. Dr Martine Aoustin (ARS) l'a souligné, la proposition de plan de prise en charge initiale élaborée par l'IDE est validée par le médecin délégant dans les 24 heures, elle peut être refusée en tout ou partie par le médecin traitant. Cette délégation doit permettre d'améliorer la prise en charge des patients et l'accessibilité aux soins dans les zones ne bénéficiant pas d'expertise médicale dans ce domaine. La mise en oeuvre du protocole s'accompagne d'une démarche qualité qui permettra à l'ARS de décider de sa poursuite. Ce protocole intéresse déjà d'autres équipes en France et est autorisé dans deux autres régions.

Quid de l'éducation en plaies et cicatrisations ?

Pour Luc Téot, chirurgien plasticien, unité médico-chirurgicales plaies et cicatrisations (CHRU Montpellier), "l'éducation en plaies et cicatrisations" a été basée sur l'obtention de DU depuis la création, en 1997, des DU de Paris et Montpellier. de nombreux DU ont ensuite fleuri sur le territoire, leur intitulé se faisant parfois en association avec des sujets complémentaires, escarres ou brûlures. L'enseignement aux IDE reste insuffisant même si de nombreux IFSI ont progressé dans le nombre d'heures consacré au sujet. Luc Téot le rappelle donc, les exigences de la HAS, de la CNAMTS, dans le respect de l'article 51 , et les nouvelles exigences de l'OGDPC viennent mettre en lumière la nécessité de structurer la formation F & C pour les médecins, les pharmaciens et les paramédicaux (IDE, kinés).

Ce rendez-vous annuel en témoigne, les avancées scientifiques, les échanges entre chercheurs, experts et cliniciens, et la diffusion et le partage des savoirs permettent de faire avancer l’art et la science dans les soins des plaies. Riches de nouvelles techniques et produits, de savoirs et savoir-faire, les professionnels de santé font preuve de créativité adaptant et s’adaptant, au cas par cas, aux problématiques précises de leurs patients ; un mouvement dynamique, pérenne et sans cesse en mouvement et ce, pour des bénéfices/patients multiples.

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com