Une étude publiée le 24 décembre dernier par la Dares, l’organisme statistique dépendant du ministère du Travail, intitulée "Les expositions aux risques professionnels dans la fonction publique et le secteur privé en 2017" montre que la pénibilité au travail est très élevée pour le personnel hospitalier exposé à quatre grands types de “risques” : les contraintes physiques, les contraintes organisationnelles, l’exposition à des agents chimiques et biologiques, et l’exposition à des risques psychosociaux.
Les données présentées sont issues de l’enquête "Surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels (Sumer) de 2017", enquête transversale qui permet de cartographier grâce à un questionnaire, les expositions professionnelles des salariés, la durée de ces expositions et les protections collectives ou individuelles éventuelles mises à disposition.
Le document de la Dares fait état des chiffres suivants concernant les effectifs des agents de la fonction publique hospitalière : 1 189 300 salariés. Durée moyenne de travail hebdomadaire des temps complets : 37,8 heures. Pourcentage de salariés travaillant à temps partiel : 23,5%. Pourcentage de salariés ayant un document unique d'évaluation des risques dans leur établissement : 92,9%.
Le travail de nuit, le travail le week-end ou encore le fait de ne pas disposer d’au moins 48 heures consécutives de repos concernent plus de 70 % des personnels du secteur hospitalier.
Les contraintes posturales et articulaires concernent 82,7% des salariés : contraintes posturales rachidiennes (41,5%), position debout prolongée ou piétinement (65,8%), position à genoux et/ou accroupi (29, 5%), position fixe de la tête et du cou (27,5%), travail exigeant une position forcée d'une ou plusieurs articulations (25,1%), maintien de bras en l'air (20,23%), déplacement à pied dans le travail (64,5%)... La manutention manuelle de charges concerne 53,5% des agents.
Le personnel hospitalier est également le plus exposé aux risques biologiques (73%) : travailler au contact d'un réservoir humain (69,4%), soins d'hygiène, nursing et assistance à la personne (38,8%), maintenance, ménage en milieu de soin (25,2%), soins médicalisés non invasifs 23%... Quant aux agents chimiques comme l’eau de javel ou différents types d’alcools (éthanol, butanol, isopropanol...) : 57% des agents hospitaliers y sont exposés.
Les salariés hospitaliers sont également très exposés aux contraintes organisationnelles. Ils sont particulièrement vulnérables au risque d’abandon de tâche pour une autre non prévue (65,8%), au fait de devoir toujours ou souvent se dépêcher (44,5%), aux horaires variables d’un jour à l’autre (34,1%) ou encore au travail le dimanche (45,6%) et au travail de nuit. Sans compter le fait de devoir travailler au-delà de l’horaire officiel (27,1%), et de ne pas avoir assez de temps pour faire correctement son travail (37,2%). Le travail de nuit, le travail le week-end ou encore le fait de ne pas disposer d’au moins 48 heures consécutives de repos concernent plus de 70 % des personnels du secteur hospitalier. Horaires décalés, pénibilité physique et exposition à des risques chimiques et biologiques se cumulent et touchent plus fortement certains métiers, notamment les personners paramédicaux (infirmier(e)s, aides-soignan(e)s)mais aussi les sages-femmes, les plus fortement soumises aux contraintes pathogènes.
Le questionnaire de Karasek, du nom de son principal initiateur, un sociologue nord-américain, est un outil internationalement utilisé pour décrire les facteurs de risques psychosociaux au travail. Il évalue trois dimensions de l’environnement psychosocial au travail: la demande psychologique, la latitude décisionnelle et le soutien social.
Faisant face aux contraintes horaires, en contact avec le public parfois difficile, 18,5% de salariés hospitaliers sont ainsi exposés aux comportements hostiles (. De ces contraintes découlent des risques psychosociaux importants : 35,3% d’entre eux disent être en situation de tension au travail (forte demande psychologique et faible latitude décisionnelle), 57,7% des hospitaliers souffrent d’un manque de reconnaissance. Le «job strain» est défini comme une situation où la demande psychologique est supérieure à la médiane et la latitude décisionnelle inférieure à la médiane, ce qui constitue une situation à risque pour la santé. Les études longitudinales internationales ont montré qu’être en «job strain» était prédictif de troubles cardiovasculaires, de troubles musculo-squelettiques et de dépressions.
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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