Départs à la retraite du personnel de santé, vieillissement de la population… les besoins de recrutements en aides-soignants sont croissants en région Pays de la Loire. Pourtant le métier attire de moins en moins. La région se mobilise.
La Région et l’Agence Régionale de Santé (ARS) Pays de la Loire se sont associées pour communiquer sur les formations d’aides-soignants et revaloriser le métier. Car toute la question est de savoir comment continuer à attirer vers cette profession dans une région où les jeunes s’en détournent de plus en plus ? Plus de 25 000 personnes exercent le métier d’aide-soignant en Pays de la Loire et les postes à pourvoir, qui s’élèvent à plus de 1 800 par an, sont en progression chaque année. Mais les recrutements peinent… La région constate une érosion croissante du nombre de candidats au concours (50% sur les 3 dernières années)
. En cause : le déficit d’image du métier
, d’abord, mais aussi un contexte de reprise économique, dont le faible taux de chômage (surtout en Pays de la Loire)
serait défavorable à l’attractivité du métier
.
S'il est parfois difficile, ce métier est porteur de sens et d'humanité. Il doit être soutenu et valorisé - Jean-Jacques Coiplet, directeur général de l’ARS.
Renforcer l’attractivité de la formation, une priorité
Pour faire face à cette situation, la région a donc pris des mesures. L’idée ? Renforcer l’attractivité de la formation d’abord et avant tout. Pour soutenir la formation, plusieurs mesures ont donc été prises : la gratuité des formations (à hauteur d’un budget de 6,3M d’euros pour 27 instituts), l’attribution d’une rémunération pour les stagiaires, la création de nouvelles sessions au concours d’entrée, le soutien à la création et l’aménagement de centres de formations, notamment. Parmi les mesures également, on note l’ouverture, dès 2020, par la Région, de 200 nouvelles places de formation chaque année, la rénovation de centres de formation et la mise en place de nouveaux équipements ainsi que le développement de l’apprentissage (l’ARS propose aux employeurs volontaires une compensation de leur reste à charge, à hauteur de 500 000 euros pour l’ensemble de la région et le nombre de places en apprentissage augmentera à partir de janvier 2020, sans qu’on sache de combien de places exactement). D’autre part, à partir de 2021, des actions seront engagées afin de sensibiliser les demandeurs d’emploi et les jeunes au métier d’aide-soignant, grâce notamment à des cours en instituts et des stages en centres hospitaliers ou en EHPAD.
« Je crois qu’il faut qu’on s’autorise à réinventer le métier d’aide-soignant »
3 questions à Laurence Browaeys, Directrice de l’appui à la transformation du système de santé, en charge de la transformation des métiers en santé, à l’ARS Pays de la Loire.
- Quel est le point de départ de cette mobilisation régionale en faveur du métier d’aide-soignant ?
Il est ancien. Depuis plusieurs années (au moins 2 ans) nous recevons des signaux et des alertes sur le fait que nous rentrons dans une période d’augmentation du nombre de seniors, alors même que devient criante la problématique du recrutement dans le secteur de la prise en charge des personnes âgées - et notamment en ce qui concerne les aides-soignants. Les difficultés touchent l’ensemble du territoire français bien sûr, et tous les secteurs (aussi bien les Ehpad que le monde hospitalier). Ajoutons à cela un certain effet « Ehpad bashing », qui a donné du métier et du secteur une image délétère… Sans oublier également la problématique de départ à la retraite de ces professionnels qui nous interroge sur notre capacité à les remplacer… Bref, nous avons eu lors des deux dernières périodes estivales, des signaux d’alerte considérables de la part de directeurs d’établissements qui n’arrivaient pas à recruter. C’est ce qui nous a incité à nous mobiliser. Nous avons pris un PACTE Ehpad, en 2018, afin de travailler sur tous les leviers. Celui-ci a mobilisé les départements des Pays de la Loire, il y a un an, puis a engagé le Conseil Régional (ces derniers mois) autour d’une campagne de communication et de promotion du métier d’aide-soignant
.
- Travailler sur l’image du métier c’est bien, mais il reste pénible sur le terrain…
En effet, la mauvaise image du métier n’est pas totalement infondée… La pratique est difficile sur le terrain, c’est la raison pour laquelle il nous fallait travailler là-dessus aussi. A travers du soutien matériel, des échanges… L’idée est bien de transformer le mode d’exercice pour l’améliorer. Des actions ont été menées auprès des Ehpad pour les aider à travailler sur les bonnes pratiques. Ces établissements dans la région mettent peu à peu en œuvre de nouvelles organisations et nous voudrions que cela fasse tache d’huile. Nous avons également lancé un appel à projet très ouvert sur l’amélioration des conditions de travail de nuit, l’année dernière. Il faut que l’on arrive à montrer aux jeunes et aux moins jeunes que le métier est en train de changer dans son mode d’exercice, en termes d’autonomie, en termes d’utilisation des nouvelles technologies, sur le plan du travail en équipe aussi... Peut-être que les aides-soignants pourront demain travailler à la fois en Ehpad, à l’hôpital, à domicile voire, dans des structures de collectivités locales (et donc pourquoi pas avec des enfants). Je crois qu’il faut qu’on s’autorise à réinventer ce métier
.
- Toutes ces mesures représentent beaucoup d’argent ?
23 millions tout confondu sur le PACTE Ehpad ont été investis en 2018 et 35 millions cette année de la part de l’ARS. Ajoutons également 200 000 euros pour l’action conjointe de communication et de promotion du métier d’aide-soignant de la part de l’ARS et du Conseil Régional. C’est considérable. Et crucial. Pour gagner le pari d’accompagner les seniors à domicile, ce que la plupart d’entre eux continuent de désirer, il faut que des professionnels formés soient au rendez-vous
.
200 places de formation supplémentaires vont être créées chaque année à partir de 2020.
Améliorer le travail sur le terrain, mesure indispensable
L’accent a également été mis sur l’amélioration des conditions de travail. La région va ainsi notamment faciliter les promotions professionnelles qualifiantes vers le métier d’aide-soignant
, car constat a été fait que les agents issus de la promotion professionnelle restent davantage dans l’emploi que ceux issus d’une formation initiale
.
D’autre part, la région continue ses efforts pour améliorer les conditions d’exercice afin d’attirer davantage de candidats vers le métier : sont au programme le financement de contrats locaux d’amélioration des conditions de travail
, un appel à projet innovation en santé
autour des objets connectés, de la télésurveillance ou encore des robots mis au service de l’amélioration des conditions de travail en Ehpad, ou encore l’installation prochaine d’un Observatoire régional de la Qualité de Vie au Travail en établissements médicosociaux, l’objectif étant de réfléchir avec les employeurs, salariés, représentants des familles aux actions pertinentes à lancer collectivement
.
Chiffres clés des formations sanitaires et sociale en Pays de la Loire*
- 27 instituts de formation en Pays de la Loire accueillent des adultes en formation sur 1512 places de formation dont 80 par apprentissage,
- Le nombre de candidats à la sélection d’entrée est toujours supérieur au nombre de places de formation mais en forte baisse : 2015 : 6 138 et 2019 : 2 971 (1er concours),
- Taux de réussite au diplôme : plus de 90%,
- 91% des personnes sorties de formation en 2017 sont en emploi d’aide-soignant 6-8 mois après leur sortie de formation,
*source : Région et ARS Pays de la Loire.
Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin
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