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IDEL

Patrice Cazabonne, infirmier, inventeur et chef d’entreprise

Publié le 13/08/2013

Ce quinquagénaire aime sortir des sentiers battus. Infirmier à l’hôpital après avoir été libéral, il a également mis au point un kit de positionnement des patients utilisé lors des angiographies en salle d’opération. Merci à la Fédération nationale des infirmiers (FNI) pour ce partage d'article paru dans Avenir & Santé (n°413) de mai 2013.

En avril 2010, cet infirmier est le lauréat du 8ème challenge du club d'entreprises du bassin d'Arcachon (Deba), qui regroupe environ 200 entreprises.

L’homme est un peu un baroudeur. Du moins a-t-il l’esprit aventurier. A 18 ans, mû par une envie d’ailleurs, il s’engage pour deux ans dans la marine militaire, apprend un métier, celui de maître d’hôtel, et devient le serviteur de celui que l’on appelle traditionnellement « le Pacha », autrement dit, le commandant de bord. Le navire est stationné à l’autre bout du monde, à Tahiti, et essentiellement cantonné à des missions humanitaires notamment de ravitaillement des populations locales.

De retour en Métropole, le Girondin, natif de Bordeaux, devient Jacobin par nécessité et monte donc à Paris pour se lancer dans la vie active. Le voici chef de rang dans un restaurant de standing mais se lasse très vite de l’incorrection et du manque de respect des clients à l’égard du personnel. Un accident du travail bénin est le bon prétexte pour un nouveau départ et passer son Certificat de capacité d’ambulancier. J’ai débuté au Samu de Garches (92). C’était l’époque où, sur le terrain, les ambulanciers faisaient pratiquement les mêmes choses que les infirmiers. En effet, lorsqu’ils se déplaçaient, ils étaient en binôme avec un médecin qu’ils étaient obligés d’épauler car il n’y avait justement pas d’infirmier pour l’aider. Ils apprenaient un grand nombre de gestes sur le tas. Ils savaient par exemple préparer et poser une perfusion.

« Distiller du lien social »

Fort de cette expérience, Patrice Cazabonne se décide, sur les conseils de son épouse, à passer avec succès le concours pour devenir infirmier. Il entre à l’Ifsi de l’hôpital Antoine Béclère de Clamart (92) et en sort diplômé en 1988, à 30 ans. Il est alors pleinement dans son élément : « Mon ancien proviseur avait dit à ma mère que le jour où je trouverais ma voie, cela marcherait bien pour moi. Lui me voyait avoir un métier qui consiste à aider les autres. Il a eu raison sur toute la ligne. » Un atavisme familial puisque que les deux fils de Patrice Cazabonne sont aujourd’hui pompiers.

S’en suit un bail de 10 ans au sein d’un cabinet libéral qu’il crée au Plessis Robinson (92) avec un ami. Avec un leitmotiv : distiller du lien social. Pour moi qui viens de province, c’est essentiel. Les deux confrères avaient fait le choix de se spécialiser dans les pathologies lourdes telles que la mucoviscidose, qui requiert parfois des injections d’antibiotiques en pleine nuit, et les actes à haute technicité comme les dialyses péritonéales.

« Nous sommes finalement assez conservateurs »

Puis le désir de faire autre chose et le besoin de retrouver l’ambiance d’une équipe l’emportent et incitent Patrice Cazabonne à s’orienter, en 1999, vers le secteur hospitalier mais toujours au sein d’établissements privés. Après celui d’Anthony (92), où il officie en réanimation polyvalente, il intègre, en 2005, le service de cardiologie interventionnelle du réputé hôpital Jacques Cartier à Massy (91). Cette spécialité, qui consiste à placer du matériel à l’intérieur de l’organisme, s’avère extrêmement gratifiante car nous en voyons tout de suite les effets.

Un contexte épanouissant qui l’incite à innover et à créer un support brachial à fixer sur les tables d’intervention en salle de cathétérisme cardiaque. Un accessoire qui accroît sensiblement le confort du patient mais aussi celui du praticien (lire encadré ci-dessous). Lors d’une angiographie, ce système permet en effet au patient d’avoir les deux bras correctement maintenus et au chirurgien de pouvoir aisément travailler. L’idée a germé il y a sept ans, fruit d’une volonté constante de faire toujours très attention au bien-être des gens. Le dispositif est d’abord breveté et ensuite commercialisé en 2012. Voilà Patrice Cazabonne infirmier, inventeur et chef d’entreprise. Un cas rare au sein de la profession : Peut-être parce que nous sommes finalement assez conservateurs. On est tellement habitué à s’accommoder de ce que l’on a et à faire avec les moyens du bord que l’on ne se pose plus la question de savoir comment l’on pourrait améliorer les choses en explorant de nouvelles pistes d’autant qu’il est extrêmement difficile de changer les habitudes. Un immobilisme qu’il est néanmoins possible de combattre. La preuve.

Cet article « Patrice Cazabonne, infirmier, inventeur et chef d’entreprise » a été publié dans le journal de la FNI « Avenir et santé » n°414, mai 2013.

Alexandre TERRINI


Source : infirmiers.com