Le parcours de soins mis en place depuis le début de l'année, qui oblige tout patient à voir son médecin traitant avant d'être éventuellement réorienté vers un spécialiste, fait intervenir des notions de qualité et de coût vis-à-vis desquels l'infirmier (ou infirmière) libéral(e), de par sa proximité avec les malades, peut déjà se forger une opinion notamment en termes de délivrance des soins et de participation au sein de ce parcours, a souligné Marcel Felice, infirmier libéral à Bordeaux.
Interrogé jeudi par APM Santé, Marcel Felice doit intervenir sur ce thème lors de la première Journée des associations de patients, organisée par l'Union régionale des médecins libéraux d'Aquitaine (Urmla), le samedi 14 janvier à l'hôpital Xavier Arnozan à Pessac (Gironde).
"Les infirmiers libéraux pourraient tirer un bénéfice de ce nouveau parcours de soins, dans la mesure où jusqu'à présent, il n'était pas rare de se retrouver avec deux ordonnances pour un seul patient, l'un émanant du médecin généraliste, l'autre du spécialiste, venant ainsi compliquer la mise en pratique de la prescription", souligne-t-il.
Cependant, prévient-il, il faut disposer d'un peu plus de recul avant de livrer une perception plus définitive, car il se peut que certains professionnels de santé fassent de la résistance marquée par une mauvaise participation ou que le parcours de soins laisse entrevoir un certain nombre d'effets pervers.
Pour les infirmiers libéraux, il est important que ces derniers informent leur clientèle des possibilités de dépassements d'honoraires réalisés par certains médecins spécialistes. "Les infirmiers ont un devoir d'information à l'égard de cette problématique, même s'ils le font d'ores et déjà spontanément pour la plupart, afin que les patients modestes comme les retraités soient pris en charge en toute connaissance de cause", commente Marcel Felice.
Autre point capital dans le parcours de soins : le rapport coût/efficacité. "Il semble aujourd'hui primordial que les infirmiers aient un droit de prescription sur le matériel infirmier".
Très souvent à la sortie de l'hôpital, illustre-t-il, "le malade ne dispose d'aucune prescription de la part de l'interne ou alors l'ordonnance pêche par défaut en matière de matériel infirmier. Conséquence : il doit faire de nouveau appel à son médecin traitant, ce qui entraîne un coût supplémentaire. Or, la prescription émanant d'un infirmier pourrait suffire amplement pour certains matériels comme les coussins anti-escarres, certains pansements, les perfusions, les sondes urinaires et les poches".
Parfois, l'infirmier se retrouve devant "un trop plein de matériel qui va coûter une fortune", alors que s'il avait eu un droit de regard sur l'ordonnance ou la possibilité d'en rédiger une lui-même, il aurait pu mettre en place un système moins cher. A l'inverse, indique Marcel Felice, il possède les compétences nécessaires pour pouvoir opter pour un matériel plus coûteux à la base, mais qui va offrir au malade davantage de sécurité et de confort, ainsi que la possibilité d'une mobilisation facilitée.
"C'est le cas des patients cancéreux traités en ambulatoire pour lesquels existe un système portable de perfusion d'une heure, permettant une meilleure mobilisation sans risque pour le malade, ce qui s'avère impossible en cas de perfusion montée sur pied. Or dans ces situations particulières, il reste capital de stimuler le patient pour que ce dernier continue à marcher et à se déplacer en toute sécurité et avec un meilleur confort", cite Marcel Felice en insistant, là encore, sur la nécessité aujourd'hui pour les infirmiers libéraux d'un droit de prescription pour le matériel médical et certains soins.
Autre proposition : l'existence systématique, dans certains services, d'une ou de deux infirmières référentes hospitalières, notamment pour les transmissions des soins à domicile, comme c'est le cas, par exemple, pour la dialyse péritonéale.
"A Bordeaux, celle-ci est généralement prise en charge par deux infirmières très qualifiées dans ce domaine, qui vont pouvoir mieux communiquer avec les infirmiers libéraux sur les soins techniques et assurer ainsi une meilleure coordination des soins, grâce à une disponibilité quotidienne maintenue sur de larges plages horaires (par exemple, de 8h à 16 heures)", explique notre intervenant à APM Santé.
Ce dernier estime, enfin, que les infirmiers libéraux sont sous-utilisés actuellement en termes d'économie de la santé et que par conséquent, des progrès restent à réaliser afin d'optimiser le système de soins français./ajr
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