Ordre de la profession infirmière : agir pour ne plus subir
L'objectif des partisans de la création d'un Ordre Infirmier est de disposer d'une structure intervenant sur l'ensemble de l'exercice professionnel, sur le modèle des ordres infirmiers existant dans d'autres pays d'Europe, en particulier l'Espagne. L'idée d'une copie conforme à l'ordre des médecins est unanimement rejetée.
La formule juridique "ordre professionnel" a été retenue, car elle est la seule à autoriser l'adhésion obligatoire, dans le respect de la Constitution, de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme, et du Pacte de New York. Malgré de multiples tentatives, la profession ne peut se structurer par elle même, elle a donc impérativement besoin de ce "coup de pouce" réglementaire.
Au-delà de la défense d'intérêts corporatistes, il est grand temps d'engager une réelle réflexion sur la place de la profession infirmière, et ce dans une approche citoyenne de la santé. Bien plus qu'une association de militants, l'APPI veut permettre à toute infirmière de s'impliquer dans le débat public que constitue aujourd'hui la santé et la protection sociale.
Qu'il s'agisse du rôle qu'elle tient dans le système curatif, ou bien dans celui de la prévention, de la rééducation, l'APPI entend être son relais auprès des pouvoirs publics ou des médias :
- sans autre a priori idéologique que celui du combat en faveur de la construction d'un système sanitaire axé sur les besoins de santé exprimés par les populations ;
- sans autre volonté que d'oeuvrer au développement d'une santé à visage humain, alliant le progrès scientifique, et la reconnaissance de l'autre comme un sujet responsable et inaliénable.
Nous souhaitons défendre les droits comme les devoirs du citoyen, nous refuser à tout discours "politiquement correct", à l'acceptation du fait accompli, de la pseudo évidence. L'APPI veut conjuguer la philosophie des soins et une réalité économique, sans en accepter la prétendue infaillible contrainte.
Pourquoi devrions nous accepter la prépondérance outrancière d'une vision curative de la santé ? En tant que soignants nous nous opposons à la médicalisation de la société, car la médecine n'est qu'un élément du concept de santé.
L'APPI souhaite privilégier l'appréhension de la santé comme un capital dont est doté chaque humain, inné et acquis, plus ou moins généreusement, soumis à l'état de développement social, économique, écologique, scientifique et idéologique, de la société dans laquelle il vit.
Aussi l'APPI se prononce pour un Ordre de la Profession Infirmière, non pour sa valeur disciplinaire, mais pour permettre la cohésion des infirmières, et défendre la qualité des prestations qu'elles délivrent au public. Elle ne supporte plus de voir des technocrates décider pour les infirmières ce qui est bien pour elles. Dans le cadre d'une structure nationale, c'est aux infirmières de gérer l'ensemble de leur exercice professionnel.
La proposition de loi du Député Préel a repris les amendements adoptés lors des trois "Conférences de Consensus sur l'Ordre de la Profession Infirmière" réunissant 32 organisations en 1997, sur les missions de l'Ordre. Ce texte a encore été amélioré par les représentants des organisations infirmières lors de leur réunion du 4 septembre dernier à Sainte Anne. C'est la première fois que toutes les "tribus gauloises" de la profession s'entendent sur un document commun. Dans un milieu porté à l'autodestruction et aux querelles intestines, c'est un moment rare.
Car le discours tenu par les infirmières sur elles-mêmes, sur leur profession, est un discours plus défaitiste que confiant, plus dévalorisant que valorisant, plus destructif que constructif. Comme si la profession toute entière était atteinte d'un grave syndrome dépressif collectif, d'une crise existentielle, inquiétante pour sa survie.
Lorsque nous disons que nous n'avons pas d'autonomie, pas de pouvoir, pas de zone de décision, que nous sommes de simples exécutantes, voulons-nous dire que nous nous considérons comme des esclaves, des opprimés, des subordonnés ? Si telle est l'opinion que nous avons de nous-mêmes, il n'est pas étonnant que l'avenir nous paraisse sombre et inquiétant.
L'infirmière d'aujourd'hui, mais plus encore celle de demain, sera confrontée à un triple défi : elle devra être à la fois technicienne du soin, relationnelle dans le soin, ainsi qu'éducatrice de la santé. L'infirmière doit se "prendre en valeur", c'est à dire à la fois se prendre elle-même en charge, et prendre pleinement conscience de sa valeur.
L'infirmière ne doit pas attendre la considération d'autrui du fait de son travail, mais se considérer et faire considérer son travail. Il faut qu'elle se persuade qu'elle est irremplaçable, et qu'elle mette tout en oeuvre pour l'affirmer et le montrer. La création d'un ordre n'est pas une fin en soi. C'est l'instrument par lequel la profession pourra enfin s'affirmer.
Parce qu'elle tient à ce que les infirmières assurent une prise en charge efficiente de leurs patients, l'APPI s'oppose à la déqualification rampante que propose le ministère en autorisant progressivement des travailleurs sociaux à effectuer des soins infirmiers à domicile.
Pour l'APPI, l'engagement est un destin qu'il nous faut assumer : l'infirmière doit agir pour ne plus subir. Pour une infirmière citoyenne, s'engager, c'est transformer une situation en attitude.
Association de Promotion de la Profession Infirmière
Thierry AMOUROUX, Président de l'APPI
Créée le 2 Février 1989 - Siège social : 12 rue des Fonds Verts - 75012 PARIS
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Téléphone et Fax : 01 43 43 76 36 asso.appi@wanadoo.fr
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