Les résultats de l’étude menée par un groupe de recherche clinique sur la cohorte des victimes des attentats parisiens du 13 novembre 2015 viennent d’être rendus et on fait l’objet d’une publication dans la revue de septembre Intensive Care Medicine. La finalité de ces travaux est de pouvoir mieux préparer les futurs plans de secours.
Rappelons-le, les attaques terroristes du vendredi 13 novembre 2015 à Paris , ont conduit au déclenchement des plans rouge et blanc - construits selon les principes de médecine de catastrophe - qui ont pour objectif de mobiliser rapidement les ressources nécessaires à la prise en charge d’un grand nombre de victimes. Il est apparu indispensable aux différents acteurs de santé français d’analyser les moyens mis en œuvre ce soir-là pour prendre en charge les victimes arrivées à l’hôpital de la plus grande tuerie de masse survenue dans un pays occidental, afin d’offrir aux différents acteurs de santé des éléments factuels leur permettant d’améliorer les plans de secours existants. Ainsi, 35 équipes médicales préhospitalières et hospitalières, l’institut médico-légal de Paris et l’établissement français du sang ont participé (1) à l’analyse des moyens médicaux mis en œuvre pour la prise en charge des victimes. Des travaux (1) qui ont bénéficié d’une aide financière de l’AP-HP et du soutien logistique de TraumaBase, observatoire français pour la traumatologie lourde.
Les gestes de réanimation préhospitalière ont été limités aux thérapeutiques indispensables à la survie, comme cela est recommandé
Le groupe de recherche a recueilli de manière anonyme les données de 337 victimes présentant des lésions physiques (2), arrivées à l’hôpital entre le début des évènements et le 14 novembre 2015, 23h59. Les travaux ont montré que la grande majorité des blessés a été victime de tirs de fusils d’assaut, que ce mode opératoire a entraîné des lésions plus sévères que l’utilisation d’explosifs, et par voie de conséquence, que leurs besoins médicaux étaient plus importants (urgences absolues 28 % ; urgences relatives 72%). L’analyse des faits montre que l’évacuation vers les hôpitaux a pu être longue, du fait des contraintes de sécurité majeure (non-sécurisation des lieux et/ou des axes d’évacuation).
Le Pr Mathieu Raux, anesthésiste-réanimateur au Centre d’accueil des polytraumatisés de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP, livre les principaux enseignements de l'étude.
Les moyens chirurgicaux mobilisés dès l’alerte (+41% de salles d’opération) ont permis de prioriser la réalisation des chirurgies de sauvetage (chirurgies thoracique, vasculaire et digestive) sur l’exploration des plaies et la réparation des fractures. Les blocs opératoires ont ensuite continué de fonctionner pendant plus de 24 heures pour prendre en charge les urgences relatives. A la suite de cela, 29% des patients ont requis une hospitalisation en unité de soins critiques (réanimation, unités de surveillance continue) et 71% des patients ont nécessité une hospitalisation, pour une durée médiane de trois jours. Pour les analystes, le faible taux (8%) de transfert au cours des 24 premières heures traduit la pertinence de l’orientation initiale.
En dépit du contexte, le taux de mortalité observé (2%) n’était pas différent du taux de mortalité attendue (3%), calculé à partir de la sévérité des lésions de chaque victime.
Sur le plan scientifique, ces résultats plaident pour que toute nouvelle prise en charge de victimes d’évènement terroriste fasse l’objet d’un rapport sanitaire standardisé partagé à l’ensemble de la communauté médicale mondiale à des fins d’amélioration des plans de secours. Sur le plan médical, ils permettent d’estimer rapidement les besoins sanitaires à court et moyen termes lors de la survenue d’un évènement terroriste (médicalisation préhospitalière, triage, modalités d’évacuation vers les hôpitaux, organisation des services d’urgence, blocs opératoires, réanimations, transfusion) dès lors que l’on dispose d’une approximation du nombre de victimes et du type de mécanisme (explosion, arme à feu).
Ces résultats plaident également pour une gestion rigoureuse des ressources soignantes, en particulier les plus rares (équipes chirurgicales) afin de tenir dans la durée, soit du fait d’un évènement se prolongeant dans le temps, soit en raison de l’importance du nombre de victimes.
- Les représentants de 35 services médicaux ayant pris en charge des victimes des attentats du 13 novembre 2015 ont collaboré, sous la coordination des Prs Mathieu Raux et Bruno Riou, de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP et de Sorbonne Université, à la description et à l’analyse des moyens mis en œuvre pour soigner les victimes de ces attaques terroristes. Ces services étaient impliqués dans la prise en charge préhospitalière (Service médical du RAID, Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris, SAMU 93 et SAMU de Paris AP-HP) et la prise en charge hospitalière (services d’urgence, services d’accueil des polytraumatisés, bloc opératoires, services de chirurgie et de réanimation des différents hôpitaux civils et militaires) des victimes.
- Les données des victimes ne présentant pas de lésion physique, des victimes de psycho traumatisme isolé, des personnes dont le dossier médical était vide et qui n’ont pas été hospitalisées, ainsi que de celles de patients admis à l’hôpital après le 15 novembre 2015 minuit n’ont pas été incluses.
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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