Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

MODES D'EXERCICE

N'est pas Paramedic-al qui veut...

Publié le 27/10/2010
© Kai Hendry - Flickr

© Kai Hendry - Flickr

Vous savez peut-être qui sont les paramédicaux, mais les « paramedics » ? N’existant que dans les pays anglosaxons, leurs pratiques sont très différentes de celles des « paramédicaux ». Elles ont pourtant un point commun : le patient est leur unique centre d’intérêt.

Paramedic, paramedical : une même origine, mais des fonctions différentes

Dans les pays francophones, « paramédical » désigne l'ensemble des professionnels de santé qui travaillent autour des professions médicales, à côté des médecins. Dans les pays anglo-saxons, les « paramedics » désignent habituellement ceux qui travaillent dans le cadre d’une prise en charge médicalisée, mais dans les ambulances.

Ce sont des « paramedicaux » : ils dépendent du ministère de la santé. Ils travaillent dans des véhicules, roulant à 2 - vélo, Segway(R) - ou 4 roues -Rollers, voiture, camions -, ou au moyen d’hélices, de réacteurs ou même de chevaux !
Ce sont des techniciens et des soignants, travaillant sur protocoles permettant de reconnaître des symptômes et d’appliquer des gestes et techniques dans le cadre serré d’une procédure stricte.

Les pays utilisant ces personnels distinguent plusieurs niveaux de compétences dans la prise en charge de l’urgence.

Les techniciens de médecine d'urgence en soins basiques (EMT-B), correspondent approximativement aux ambulanciers français diplômés d'État (500h de formation) ; comme eux, ce sont des paramédicaux, mais pas des « paramedics ».

Les paramedicaux « paramedics » sont les techniciens de médecine d'urgence en soins avancés (EMT-P) ; ils n’ont pas d’équivalents en France (1000h de formation).

Chez ces EMT-P, il existe différents niveaux de compétences, validés par des études complémentaires :

  • les EMT-P spécialisés « Tacticals », qui ont pour mission le soutien aux forces d'interventions (police) ;
  • les EMT-P « Critical Care Transport », qui ont pour mission le transport de patients lourds d’un hôpital à un autre, avec ou sans « physician » (médecin) ;
  • les EMT-P « Emergency Care Practionners », récents dans l'organisation, qui ont la mission de la prise en charge globale des patients ; ils peuvent intervenir dans tous les types d’urgences et réaliser des prescriptions, organiser la prise en charge à domicile, conseiller et orienter les patients ; ce sont les pivots entre le patient, l'hôpital et le médecin.

Ce sont ces derniers qui s’apparentent le plus aux infirmiers français : coordinateurs de soins, prescripteurs de quelques spécialités, mais encore trop peu « pharmaciens ».

Chaque année, le « paramedic » titulaire doit valider un volume de formation, recyclages et stages ; il remet en jeu son diplôme tous les 4 ans.

Il pourrait exister des équivalences entre « nurse » et « paramedic » puisqu'il existe des équivalences entre « nurse » et infirmière, même si dans les pays anglo saxons existe un nombre plus important d'infirmières spécialisées qu'en France. Leur formation de base est identique et très proche de la nôtre.

En revanche, ce qui manque aux infirmières (nurses ?), c'est la maîtrise de l'urgence et plus particulièrement de l’urgence de rue. Les soins infirmiers visent la prise en charge globale des patients, les soins prodigués par les « paramedics » celle des victimes. Celle-ci nécessite une formation complémentaire (par exemple, d’un an, comme en Belgique ou en Suisse), pour devenir "street medic".

Elle porte sur la prise en charge d'urgence, l’autonomisation professionnelle, la gestion de la violence, l'accidentologie et sa prise en charge, le terrorisme, les urgences environnementales et sociétales, les techniques de sauvetages et de prise en charge des victimes.

Les « paramedics » sont des para-médicaux (à côté du médecin)

Les médecins sont présents tout au long du système Paramedic et en sont même à son fondement.
Ils forment, entrainent, recyclent les personnels. Ils sont initiateurs et signataires des protocoles, destinataires des comptes rendus. Ils organisent les staffs et sont toujours disponibles “on line” quand les procédures “off line” ne suffisent plus. Pas de guerre de clochers, mais une volonté de prise en charge optimale de la victime.

Il est vrai que dans les systèmes anglo saxons, les structures de type SMUR sont en nombre limité. Ils sont plus utilisés comme moyens de renfort médical que comme des primo intervenants pour “aller voir”.

Stay and play, scoop and run, play and run !

En terme de stratégie, la France maintient son “stay & play” (médicalisation), sauf dans le cas de la traumatologie, où la “golden hour” (une victime traumatique doit être sur la table d’opération avant la fin de la première heure après l’appel d’urgence) reste une règle respectée, concomitante aux “ten’s” (10 minutes entre la prise en charge et la mise à bord de l’ambulance) du “scoop & run” anglo saxon.

Depuis 7-8 ans, les « paramedics » qui utilisent la même stratégie sur la traumato pathologie ont évolué vers un nouveau mode d’exercice : le “play & run”, ou comment utiliser les “temps morts” de l’intervention pour la réalisation des soins avancés avant le transfert rapide vers l’hôpital.

Vers une compétence de l’interprofessionnel

On a souvent entendu parler des infirmiers “urgentistes” sur le modèle des médecins urgentistes, dans le cadre d’une volonté d’approfondir ce sujet. Ce sont les IADE qui s’en rapprochent le plus, mais, comme l’IDE, il leur manque un « morceau » de connaissance : la violence traumatique.

Le projet de Loi sur la télémédecine (Pr Lareng de l’Institut Européen de Télémédecine), la volonté de certains médecins et de l’Académie de médecine (cf rapport secourisme : perspective et avenir par le Professeur Larcan et le Médecin Géneral Julien) de développer et faire évoluer la réponse à la victimologie en distinguant différents niveaux de compétences professionnelles pourraient aboutir à la mise en place par les autorités de programmes de formation adaptés aux situations, avec des exigences d’efficacité et de qualité de prise en charge.

Ils pourraient s’effectuer soit en présentiel, soit en distanciel (E-learning), soit encore en mixte, avec un objectif affirmé de développer la compétence du travail inter-professionnel : médecins, infirmiers, ambulanciers/AS, secouristes, ensemble ou séparément, mais inter-connectés pour la victime-patient.

Pour finir, il n’est pas inutile de rappeler les étymologies :

  • Infirmier ou infirmière vient du latin in-firmus qui signifie« qui n'est pas ferme, au moral comme au physique » ou « qui s'occupe des infirmes ».
  • Paramedic provient de para- (auxiliaire, à côté de) et –medic (médecine) ; il signifie « relatif à la capacité d’auxiliaire medical ».

James IACINO
Rédacteur Infirmiers.com
James.iacino@izeos.com


Source : infirmiers.com