Mouvements de grève dans plusieurs hôpitaux de l'AP-HP

En revanche, la grève des soignants de l'hôpital gériatrique Charles-Foix à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) qui avait commencé mi-mars a été suspendue jeudi.

L'assemblée générale du personnel de l'hôpital Avicenne qui s'est tenue jeudi après-midi et a réuni 200 personnes selon le syndicat Sud-Santé, une centaine selon la direction, a voté le principe d'une grève générale à partir de lundi, a-t-on appris de sources concordantes.

"L'objectif est de dénoncer une situation de malaise général, une charge de travail qui augmente et de réclamer la suppression du plan d'économies de 1,7 million d'euros prévu pour 2007", a indiqué vendredi à l'APM un délégué de Sud.

Un préavis reconductible a été déposé pour ce mouvement, précise-t-il en indiquant qu'il est soutenu également par la CGT, FO et la CFDT.

Différentes catégories de personnel de l'hôpital Avicenne sont déjà en grève dont le personnel paramédical du service des urgences pour réclamer des postes supplémentaires réellement budgétés, le personnel ouvrier et les assistantes sociales.

Dans un communiqué diffusé jeudi soir, après l'annonce de la grève générale à partir de lundi, la direction de l'hôpital a souligné qu'elle avait déjà donné des "éléments de réponse factuels" sur l'ensemble des revendications.

Elle a ajouté qu'elle s'inscrivait "dans une démarche de médiation et de négociation des interrogations portées par le personnel ou les organisations syndicales" et a estimé que cela requérait "un apaisement".

GREVE DU PERSONNEL OUVRIER

Le personnel ouvrier d'autres établissements de l'AP-HP est également en grève, a-t-on appris auprès des syndicats et de la direction.

Le secrétaire général du syndicat FO de l'AP-HP, Daniel Dutheil, a indiqué à l'APM que la grève du personnel ouvrier concernait une quarantaine d'établissements et qu'elle touchait principalement les hôpitaux Saint-Louis, Saint-Antoine, Sainte-Périne à Paris et Avicenne.

"Nous avons décidé ce mouvement de grève, lors d'une assemblée générale, qui a eu lieu le 24 avril", a-t-il précisé, ajoutant que les syndicats organisaient des actions ponctuelles devant les établissements.

"Nous étions plus de 500 personnels ouvriers, techniques et logistiques représentants 35 hôpitaux devant l'hôpital Sainte-Périne le 26 avril", a-t-il poursuivi.

Le syndicaliste a expliqué que le personnel ouvrier était mobilisé contre l'alignement de leur statut sur le régime général de la fonction publique hospitalière. "Le personnel ouvrier de l'AP-HP a un statut particulier qui permet le recrutement en échelle 4 alors que le ministère de la santé propose un recrutement en échelle 3 ce qui conduirait à une déqualification du personnel et mettrait fin à notre statut spécifique", a-t-il expliqué.

Cet alignement conduirait également à une mobilité "non seulement inter-hôpitaux mais également inter-fonctions publiques", s'inquiète FO dans un communiqué publié lundi.

Interrogée par l'APM, la direction de l'AP-HP a indiqué pour sa part que le mouvement était "diversement suivi": l'hôpital Henri Mondor (Créteil) est le plus touché avec 60% du personnel mobilisé vendredi alors que seuls 2,15% du personnel du service central des blanchisseries était mobilisé jeudi.

Elle a fait part également d'"actions de protestation ponctuelles" et notamment des "blocages de self" à l'hôpital Avicenne et Bicêtre (Val-de-Marne). Elle a souligné qu'aucun mouvement n'a été recensé dans les établissements les plus importants comme l'hôpital Cochin (Paris) ou la Pitié-Salpêtrière (Paris).

Dans une lettre adressée aux syndicats et datée du 26 avril dont APM a eu copie, le directeur général de l'AP-HP, Benoît Leclercq indique qu'il a repris "en direct" les discussions avec la directrice de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos) dans le cadre de l'application du protocole national de la fonction publique hospitalière du 19 octobre 2006.

Il précise qu'il lui a rappelé "le maintien de[s"> (...) revendications et [s">a volonté de faire reconnaître la spécificité de l'établissement en particulier des statuts et missions du personnel ouvrier".

La direction de l'AP-HP a indiqué que le directeur général avait proposé d'ouvrir une concertation au sein de l'AP-HP et de créer deux groupes de travail: l'un sur les mesures à prendre pour adapter le protocole à la spécificité du personnel de l'établissement et l'autre sur l'évolution des métiers. Une première réunion de cadrage et de calendrier aura lieu le 10 mai.

Le syndicat FO et les syndicats CGT, SUD et CFTC appellent à un rassemblement ce jour-là devant la direction générale pour faire entendre leurs revendications.

SUSPENSION DE LA GREVE A L'HOPITAL CHARLES-FOIX

Par ailleurs, la grève a été suspendue à l'hôpital Charles-Foix d'Ivry-sur-Seine, a indiqué à l'APM Jacky Maillet, délégué syndical CGT de l'établissement. Le syndicat CGT, majoritaire dans l'établissement et Sud-Santé avaient déposé à la mi-mars un préavis de grève illimitée pour protester contre la pénurie de personnel, notamment dans les unités de soins de longue durée (USLD).

La période électorale ne nous permet pas d'avoir des interlocuteurs attentifs et nous avons décidé de suspendre le mouvement jusqu'en septembre, a précisé Jacky Maillet.

Il a indiqué qu'un "protocole" avait été signé jeudi avec la direction qui souhaitait "récupérer la centaine de matelas" que nous avions retirée des services, a-t-il poursuivi. Dans cet accord, la direction s'est engagée à renforcer l'effectif de soignants pour l'été, a-t-il expliqué.

Interrogée par APM, la directrice de l'établissement, Dominique De Wilde, a confirmé qu'une "proposition de sortie de crise" avait été signée hier. "Nous nous sommes engagés à une augmentation de mensualités de remplacement pour répondre cet été aux besoins de soins des patients et pour permettre aux salariés de prendre leur congé", a-t-elle expliqué.

Elle a indiqué que ces remplacements permettront d'assurer la continuité des soins et de constituer une "réserve" en cas de canicule.

La directrice de l'établissement a précisé que l'hôpital avait "fonctionné normalement" pendant la grève. Les seules perturbations ont été causées par "le rapt de plusieurs dizaines de matelas" qui ont contraint l'hôpital à "réorienter certains patients en interne", a-t-elle expliqué.