Les intervenants à la 4ème rencontre interrégionale de la mission sur les cadres hospitaliers, pilotée par Chantal de Singly, se sont accordés mardi sur la nécessité de mieux reconnaître la place des cadres dans l'organisation de l'hôpital quoique la question reste ouverte sur l'instance dans laquelle ils pourront être davantage associés aux décisions.
Cette rencontre, organisée à Rouen avec des cadres hospitaliers de Haute-Normandie, Basse-Normandie et Picardie, a porté notamment sur la place des cadres dans la nouvelle gouvernance et sur leur rôle dans la conduite des réformes.
Chantal de Singly a résumé la situation actuelle en soulignant que les cadres n'étaient pas "visibles", qu'ils n'étaient pas toujours associés "au bon moment dans la décision" et qu'"on ne leur fai[sai]t pas suffisamment confiance", alors qu'ils avaient "plein d'idées".
Pour le délégué Haute-Normandie de la Fédération hospitalière de France (FHF), Yves Bloch, les cadres retrouveront toute leur place quand ils participeront non seulement à l'application des projets mais également à leur conception.
"La fonction de cadre est très liée à la notion d'interface, classiquement plutôt verticale mais de plus en plus horizontale, avec la direction, les personnels médicaux, les personnels des services soignants, administratifs et techniques", a remarqué le directeur de l'Agence régionale de l'hospitalisation (ARH) de Haute-Normandie, Christian Dubosq.
Pour lui, les cadres sont actuellement "au coeur d'injonctions contradictoires de la gestion", ce qui les oblige à établir des priorités. "Le cadre ne doit pas être en situation de simple exécution, il ne doit pas être une courroie de transmission passive mais une force de proposition", a-t-il ajouté.
Chantal de Singly a indiqué que sa mission se posait la question des "espaces où les cadres peuvent prendre part aux débats décisionnels de l'hôpital". "On voit bien qu'il faut trouver quelque chose, on a évoqué (...) le collège cadre au comité technique d'établissement (CTE), le collège cadre au CHU de Rouen qui fonctionne manifestement mais est-ce que ce sont les lieux qu'il faut ou faut-il inventer autre chose?", s'est-elle interrogée.
L'expérience du collège cadre au CHU de Rouen, mis en place en 2006, a été présentée mardi par Danielle Sandret, cadre supérieur de santé, et Elisabeth Gabet, cadre administratif à la direction des finances du CHU.
Ce collège, issu du projet local encadrement (2004-2006), est composé de 21 membres tirés au sort parmi des volontaires: 14 cadres de la filière soignante, trois administratifs et quatre de la filière logistique et technique. Il s'est concentré notamment sur le développement de l'accueil des nouveaux cadres et des faisant fonction et sur la mise en place d'un parcours de formation spécifique aux cadres hospitaliers.
Plusieurs réunions ont été nécessaires pour que les cadres des différentes catégories se comprennent et pour "dégager les points communs d'une fonction cadre", a expliqué Elisabeth Gabet.
Pour elle, il faut que le collège cadres fasse attention au risque d'"ingérence" dans les fonctions d'autres instances de l'hôpital. Il est également important que les cadres deviennent réellement "autonomes" par rapport à leur direction ou à leur service afin d'apporter une plus-value aux débats des différentes commissions ouvertes aux représentants du collège cadres.
Pour améliorer la position des cadres dans la nouvelle gouvernance, un groupe de travail picard a suggéré de reconnaître leur place dans les choix stratégiques de l'établissement et qu'ils soient représentés dans les conseils exécutifs (futurs directoires), où les problèmes spécifiques à l'encadrement n'ont pas toujours été bien traités jusqu'à présent.
PLUS DE TEMPS A DEGAGER POUR LE CADRE DE POLE
Le "trinôme" du pôle de chirurgie-anesthésie du centre hospitalier intercommunal (CHI) Elbeuf-Louviers-Val-de-Reuil (responsable de pôle, cadre supérieur de santé et cadre administratif) a dressé un bilan de ses deux ans et demi de fonctionnement. Parmi les missions du cadre administratif figurent l'aide à l'analyse et à la compréhension des tableaux de bord d'activité et de moyens, le lien privilégié avec la cellule de contrôle de gestion et la participation aux réflexions et aux décisions relatives au fonctionnement et à l'organisation du pôle, a expliqué la cadre administrative du trinôme, Corinne Chopart.
Outre le temps d'intégration au binôme déjà constitué par le responsable de pôle et la cadre supérieure de santé, Corinne Chopart a pointé le manque de formation du cadre sur les spécificités administratives différentes de la sienne (ressources humaines, etc.), le manque de temps (environ 20 heures par mois consacrées au pôle) et "quelques frustrations", notamment la sensation de travail inachevé.
"A l'heure actuelle, c'est le propre cursus du cadre administratif et la spécificité du métier de base qui définissent le rôle du cadre au sein du pôle", a-t-elle ajouté. Elle estime qu'il faudrait dégager plus de temps au cadre administratif pour optimiser le fonctionnement du pôle.
DES GRILLES A REVOIR
Le sujet des statuts et des grilles de rémunération a également été abordé lors de la rencontre. Dominique Saint-Pierre, coordonnatrice générale des soins au CHU de Caen, a appelé à "sortir du carcan des statuts actuels". Avec le passage des infirmiers en catégorie A, jusqu'à présent qualifiée de catégorie d'encadrement, il faut "impérativement" avoir une nouvelle grille de rémunération qui reconnaisse les métiers de cadres, "spécifique et dissociée de la catégorie A", a-t-elle proposé sous les applaudissements de la salle.
Elle s'est par ailleurs déclarée favorable à la mise en place d'une prime avec une part fixe et une part variable afin de valoriser l'atteinte des objectifs par les cadres.
S'agissant des adjoints des cadres, plusieurs participants ont déploré l'absence d'évolution de carrière possible.
Au cours des présentations et des discussions, plusieurs cadres de santé ont insisté sur la lourdeur au quotidien de la gestion du planning qui les empêche de se consacrer à d'autres tâches et sur la pénurie croissante de cadres.
Chantal de Singly a par ailleurs posé la question de la nécessité ou non pour un cadre d'avoir exercé le métier des personnes qu'il encadre.
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