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Métiers du grand âge : une mission qui mise sur l'attractivité

Publié le 04/07/2019

L’inscription d’une réforme du grand âge et de l’autonomie est au programme de travail du Gouvernement pour l’année 2019. Il s’engage en effet dans la voie d’une réforme historique et très attendue du système de prise en charge des personnes âgées, avec pour objectif de poser les bases du système de demain tout en répondant aux urgences d’aujourd’hui. Un projet de loi sera présenté à l’automne. Parmi les axes majeurs de la réforme figure la revalorisation des métiers, comme l'a rappelé la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, lors du lancement de la mission sur l'attractivité des métiers du grand âge, mission confiée à Myriam El-Khomri. 

"Quand je serai vieille, je veux juste qu'on ne m'enlève pas le droit d'être moi".

Environ 830 000 personnes travaillent actuellement auprès des personnes âgées en perte d’autonomie. Du fait de la seule évolution démographique, ce nombre devrait augmenter d’environ 20 % d’ici 2030, sans tenir compte des hausses des effectifs qui seront nécessaires pour améliorer la qualité des prises en charge. Or, aujourd’hui, les structures, à domicile comme en établissement, peinent à recruter et à fidéliser leur personnel . Agnès Buzyn l'a souligné lors du discours de lancement de la mission sur les métiers du grand âge, le 3 juillet dernier., nous le savons, ce secteur fait l’objet de difficultés de recrutement majeures. Et de citer qu'entre 2012 et 2017, on a constaté une diminution de 25 % du nombre de candidatures aux concours d’entrée des instituts de formation des aides-soignants.

La ministre a rappelé connaître le dévouement des professionnels mais aussi leurs inquiétudes et leurs conditions de travail souvent très difficiles . Et de poursuivre : La semaine dernière, à l’occasion de la canicule qui a frappé notre pays, je me suis rendue dans le Gard, à Lunel. Là-bas, sous une chaleur de plomb, j’ai rencontré deux aide-soignantes, Sylvie et Marine, dans un Service de soins infirmiers à domicile. Il y a des rencontres qui marquent, voire qui bouleversent, et je peux vous dire que celle-là en fait partie. Dans des conditions extrêmes, et vous avez en mémoire les températures enregistrées la semaine dernière, ces femmes prodiguaient les soins à une personne âgée ayant perdu en grande partie son autonomie : elles les prodiguaient pourtant avec la même attention et avec une humanité remarquable, a-t-elle raconté.

Cette mission sur l'attractivité des métiers du grand âge confiée à Myriam El-Khomri qui a exercé les fonctions de maire adjointe de Paris, de secrétaire d’Etat à la politique de la ville et de ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, s’inscrit à la fois dans un agenda resserré, puisque des premières orientations devront être présentées dès l’automne, mais aussi sur le temps long. Myriam El-Khomri devra proposer un mode d’organisation pérenne pour que le sujet des métiers du grand âge soit mieux piloté, en concertation avec les parties prenantes concernées. Selon le ministère des Solidarités et de la Santé, son parcours personnel, sa connaissance fine du champ social et l’intensité reconnue de son engagement personnel en faveur de l’amélioration des conditions de travail seront des atouts indispensables au chantier majeur qui s’engage.

S’agissant des professionnels, je connais leur dévouement mais je connais aussi leurs inquiétudes et leurs conditions de travail souvent très difficiles. Agnès Buzyn

Le but poursuivi est clair pour Agnès Buzyn, la transformation des modes de vie et des comportements à la perspective du vieillissement, c’est bien cela, la révolution qu’il nous faut mener. Pour ce faire, nous devons créer des réflexes de prévention, pour repousser au maximum la perte d’autonomie et permettre le maintien à domicile. Cela passera aussi par un réflexe d’aménagement des logements. Pour que ceux qui le souhaitent restent chez eux le plus longtemps possible, nous devons aussi accompagner les transformations des services à domicile qui devront aussi être plus valorisants et capables de mieux fidéliser les professionnels, grâce à une organisation repensée. Un travail en profondeur sur les conditions de travail et les perspectives d’emploi doit être mené. Concernant la vie en EHPAD, il faut faire de ces structures des lieux où il fait bon vivre, synonymes de sérénité pour tous. Des lieux que l’on ne redoute plus, mais aussi de véritables lieux d’expertise technique et de soutien aux familles comme aux professionnels ; des professionnels dont l'augmenttaion progressive en nombre sera poursuivie. Et de rappeler la généralisation du versement de l’actuelle prime d’assistant de soins en gérontologie (ASG) à tous les aides-soignants des EHPAD , en la subordonnant à la réalisation d’une formation sur les spécificités de la prise en charge de la personne âgée, et en levant les verrous inutiles. Cette mesure pour les aides-soignantes est une première étape dans la réflexion globale sur les métiers.

Quand je serai vieille...

Quand je serai vieille, je ne veux pas qu'on m 'appelle "ma ptite dame" ou "ma jolie". Je veux être respectée et conserver mon identité jusqu'à la fin. Je ne veux pas qu'on me retourne dans tous les sens sans même me prévenir pendant les soins. Je veux qu'on me touche avec douceur et qu'on m'explique ce qu'on me fait. Je ne veux pas qu'on me juge et qu'on dise de moi que je suis difficile ou compliquée. Je veux qu'on me traite avec bienveillance et qu'on accepte que je ne sois pas toujours de bonne composition.

Quand je serai vieille, je ne veux pas dormir dans des draps d'hôpital, je veux mon linge de lit. Je ne veux pas être lavée au gant jetable, je veux mes affaires de toilette. Je ne veux pas qu'on me serve mes repas dans des barquettes en plastique, je veux une jolie vaisselle comme à la maison.

Quand je serai vieille, je ne veux pas d'une couche, je veux une protection. Je ne veux pas d'un bavoir, je veux une grande serviette. Je ne veux pas d'un verre canard, je veux un verre ergonomique.

Quand je serai vieille, je ne veux pas qu'on parle devant moi comme si je n'étais pas là. Je veux pouvoir discuter avec ceux qui s'occuperont de moi. Je ne veux pas qu'on s'empare de mon fauteuil sans me prévenir pour m'embarquer à toute vitesse à l'autre bout du couloir. Je veux qu'on m'annonce qu'on va changer de pièce et qu'on chemine à un rythme qui ne me donne pas le vertige. Je ne veux pas qu'on me dise de faire dans ma protection sous prétexte que je suis trop longue à installer aux toilettes. Je veux que mes besoins élémentaires soient respectés et ma dignité conservée.

Quand je serai vieille, je marcherai moins bien, j'entendrai moins bien, je comprendrai moins bien. Mais je serai toujours capable d'aimer telle ou telle personne, d'avoir envie de tel ou tel menu, d'avoir peur de tel ou tel événement.

Quand je serai vieille, je veux juste qu'on ne m'enlève pas le droit d'être moi.

Merci à Florence Braud "Soignante en devenir" pour ce très joli texte qui trouve toute sa place ici

Agnès Buzyn souhaite également favoriser, dès 2020, une meilleure prise en charge des personnes âgées dans le secteur hospitalier. Parmi la population âgée de 80 ans et plus, 2 personnes sur 5 sont hospitalisées chaque année. Ces passages, souvent évitables, accroissent les risques. Je veux que nous puissions y remédier en garantissant, dans chaque territoire, l’existence d’une stratégie de prévention des hospitalisations évitables des personnes âgées. Des équipes mobiles de gériatrie seront déployées, à terme, à l’échelle de chaque territoire pour intervenir à domicile et en EHPAD, avec pour objectif d’éviter les hospitalisations évitables et garantir le fonctionnement des filières d’admission directe.

Myriam El-Khomri devra donc identifier les leviers permettant d’attirer davantage de jeunes et de personnes éloignées de l’emploi vers les métiers du grand âge. Un travail de fond sur la polyvalence des formations et des compétences sera également mené, pour renforcer l’attractivité des métiers et pour mieux répondre aux besoins des personnes en perte d’autonomie. Il s’agira donc d’examiner les modalités d’un décloisonnement entre les établissements et les services à domicile, tout en intégrant la prévention dans les formations comme dans les pratiques.

Nous devons créer des réflexes de prévention, pour repousser au maximum la perte d’autonomie et permettre le maintien à domicile. Agnès Buzyn 

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com