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PORTRAIT / TEMOIGNAGE

"Merci d'avoir été là" : une infirmière de nuit témoigne

Publié le 20/05/2019
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Isabelle Faure est infirmière en service de chirurgie à l’hôpital depuis 25 ans et exerce de nuit depuis 15 ans. Pour elle, travailler la nuit comporte bien des avantages et notamment celui-ci : elle peut consacrer plus de temps à ses patients, ce qui est de moins en moins possible dans les services, le jour... Nous relayons ici le témoignage de cette infirmière, repéré sur le site de RCF Radio.

"Les personnes âgées, souvent, les petites mamies, on leur donne la main, elles sont contentes parce qu'on leur caresse le dessus de la main".

C'est un métier qui m'a toujours plu, soigner les gens, aider les personnes. Isabelle Faure a d'abord travaillé comme infirmière de jour dans un service de chirurgie. La journée, les difficultés concernent tout ce qui tourne autour du patient, qui est compliqué. C'est tous les à-côtés. Le téléphone qui sonne sans arrêt, les visites, les familles... Du coup, on est toujours coupés dans notre soin. Des raisons qui ont poussé l’infirmière à préférer travailler de nuit. L'avantage, c'est que de nuit, on a plus le temps et on a que notre patient à s'occuper et pas tous les à-côtés qui nous dérangent. On se sent plus proche des patients parce qu'on a plus de temps. Lorsqu’ils sont mal-à-l'aise avec un médecin par exemple, ils peuvent aussi se confier plus facilement, ils voient qu'on est à l'écoute... On leur dit que s'ils ont une angoisse, ils nous appellent à tout moment de la nuit… La nuit, l’infirmière prend donc le temps de s’occuper de chacun. Ce qui lui manque, de nuit ? Les soins techniques : les pansements, enlever des redons..., qui sont davantage réalisés le jour.

Isabelle Faure a appris à séparer son métier de sa vie personnelle. Par chance, son travail nocturne ne l’empêche pas de dormir d’un sommeil réparateur, entre 9h et 13h et elle adapte son emploi du temps aux activités familiales. Et puis parfois je ne peux pas, et bien tant pis, confie-t-elle. Rater une fête, c'est comme ça, c'est la vie. Quand on fait infirmière, on sait qu'on a des à-côtés qui sont compliqués, mais ça ne me pose pas de soucis.  Pour son équilibre, l'infirmière tient à faire du sport : de la musculation en salle. Ça me permet de me défouler et de ne penser à rien (...) ça permet de faire la part des choses.

Quand on fait infirmière, on sait qu'on a des à-côtés qui sont compliqués, mais ça ne me pose pas de soucis. 

Être infirmière de nuit nécessite des qualités particulières, dont celle de ne pas être angoissée, pour être capable de rassurer les patients, mais aussi de savoir réagir à une situation d'urgence avant qu’un médecin n’ait à se déplacer et de savoir se montrer disponible pour chacun. Il y a beaucoup d'écoute la nuit, assure Isabelle Faure. Comment écoute-t-on un malade ? On s'adapte aux personnes, explique-t-elle. Par exemple les hommes c'est plus compliqué [pour ne pas laisser place à l’ambiguïté] donc on va s'asseoir sur une chaise à côté d'eux. Les personnes âgées, souvent, les petites mamies, on leur donne la main, elles sont contentes parce qu'on leur caresse le dessus de la main. On ressent en fonction de chaque personne parce que certaines sont tactiles, d’autres ne le sont pas, nous aussi en tant qu'infirmières on peut être tactiles comme on peut ne pas l'être...

On voit qu’on est utile pas uniquement pour le côté purement médical, on est là aussi pour le côté personnel.

Une solitude et une responsabilité parfois lourdes

De nuit, il faut parfois affronter des moments délicats. Isabelle Faure raconte ainsi le souvenir d’une situation qui l’a marquée en ce sens. Un moment qui a été difficile, c'était un patient qui était très douloureux. J'avais passé tous les calmants qui étaient possibles, prescrits, mais malgré tout, il restait très douloureux. Le médecin était injoignable et là, je me suis sentie seule. Et puis je voyais ce patient qui n'allait vraiment pas bien et j'étais démunie… L’infirmière prend alors le parti d’appeler un chirurgien viscéral qui n'était pas de garde et qui s'est déplacé. J'ai été contente parce qu'à la fin de la nuit, le monsieur était beaucoup mieux et il m'a remerciée. Il m'a dit : vous avez tout fait, vous étiez là.

Heureusement, les nuits comportent aussi leur lot de bons souvenirs. Les gens souvent nous disent ‘merci d'avoir été là’, je me souviens d'une patiente qui n'était vraiment pas bien en début de nuit, qui pleurait, qui était très angoissée, alors on a pris le temps de rester au moins une heure, une heure et demie avec elle et au matin elle était contente. Elle a senti qu'on ne s'occupait pas que de l’aspect chirurgical mais aussi de son bien être personnel. Elle était ravie qu’on revienne la nuit d’après. Donc ça c’est agréable. On voit qu’on est utile pas uniquement pour le côté purement médical, on est là aussi pour le côté personnel.

Susie BOURQUIN, d’après une interview de RCF.Journaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin


Source : infirmiers.com