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MODES D'EXERCICE

Mada Mitsabo, un infirmier à Madagascar

Publié le 15/12/2010

En janvier, Jérémie part deux mois dans un dispensaire de Madagascar. Il racontera son séjour sur Infirmiers.com et sur son blog. Premier article : motivation et préparatifs.

Je m’appelle Jérémie, j’ai 25ans, et voilà déjà 3 ans que j’exerce le métier d’infirmier. 3 années passées à découvrir les ficelles d’une profession pas toujours rose, à évoluer dans ce monde passionnant des soins infirmiers.

Il y a des jours que j’adore, ceux qui maintiennent la petite flamme, qui nous donne la satisfaction et la reconnaissance d’avoir fait un bon travail.

Il y en a d’autres que je déteste, ulcérants, où la seule satisfaction que l’on peut avoir, c’est de se dire « qu’on a fait comme on pouvait ». C’est ainsi, demain sera un autre jour.

Il y a pourtant des moments où il est difficile d’être en phase avec cette réalité quotidienne, rythmée par le rendement obsessionnel d’un système qu’il est parfois difficile d’accepter.

Je ressens donc, avec la plus grande prudence, ce besoin de me tourner vers d’autres objectifs, vers une autre réalité, là où l’accès aux soins est un challenge de tous les jours. Cette réalité, nous la connaissons tous. Simplement voir le soin autrement, loin des hôpitaux sur-aseptisés et du gaspillage quotidien.

« Mada Mitsabo » est un projet personnel, Mada étant le diminutif de Madagascar, Mitsabo signifiant « soigner » en langue malgache. Il est volontaire de ma part de ne pas avoir voulu partir avec une organisation internationale. Cette première expérience, je la voulais semblable à un premier stage de première année d’école d’inf’, encadré par des locaux.

Une première découverte, se dire qu’on a tout à apprendre, s’imprégner d’un mode de vie, de nouvelles problématiques. Evoluer progressivement, en apprenant à agir au mieux, avec le peu qu’on a (parfois même avec rien), tout cela sans aucune prétention humanitaire.

Mon projet est basé sur des valeurs simples : l'échange, le partage et l'enrichissement mutuel. Un équilibre subtil, mais qu’il me semble important de respecter.

Il se déroulera à Madagascar, dans un dispensaire de soins situé dans le parc naturel de l'Andringitra, petit paradis perdu au centre de l'île.

Le départ est prévu le 30 décembre 2010, pour une durée de deux mois. Ce projet sera pour moi une première expérience solidaire, premier voyage en solitaire aussi.

Des recherches de fonds m’ont permis de récolter une grosse quantité de matériel médical neuf et adapté aux besoins locaux, ce qui me permettra de ne pas arriver au dispensaire les mains vides.

Madagascar…

Madagascar est la 5ème plus grande île du monde, aussi grande que la France et le Benelux réunis. A la fois fascinante, de par ses multiples paysages et sa nature unique, elle interpelle aussi par ses contrastes et la disparité de ses richesses. Madagascar se trouve parmi les 30 pays les plus pauvres au monde, l’accès aux soins y est considéré comme un luxe, 72% de la population vivant sous le seuil de pauvreté.

Contrairement à l’image que l’on peut avoir de ce pays, Madagascar présente de nombreux potentiels non exploités, à l’image de ses ressources naturelles (eau, cheptel bovin, espaces cultivables, minerais industriels ou pierres précieuses et semi-précieuses), de ses ressources marines ou de ses attraits touristiques.

L’un des aspects particuliers de Madagascar réside ainsi dans la grande richesse de sa faune et de sa flore, du fait de la multiplicité de ses climats : c’est l’un des pays au monde qui réunit la plus grande variété d’espèces, tant au niveau végétal qu’animal.
Madagascar est donc une terre qui m'interpelle : comment un pays, avec de telles richesses, de telles ressources peut-il arriver à un tel niveau de difficulté économique et de pauvreté ?

Le dispensaire de Tsaranoro

A quelques 500 kilomètres au Sud de la capitale Antanarivo, se trouve le dispensaire de Tsaranoro, au cœur du parc national de l’Andringitra.

Un dispensaire de brousse comme il en existe des milliers à Madagascar, géré par deux infirmières malgaches.

Il a été construit en 2003, grâce au financement d’une petite association marseillaise, qui continue aujourd’hui à gérer ce qui est administratif.

Son lieu est stratégique, là où se croisent les différentes vallées du parc. Les passages y sont donc nombreux, une quinzaine de personnes viennent s’y faire soigner quotidiennement, les soins étant proposés gratuitement aux habitants du parc.

Un quotidien complexe, entre isolement et manque indéniable de moyens, rythmé de problématiques récurrentes : malaria, bilharziose, sécheresse, dénutrition…

Tout cela dans une instabilité économique et politique qui s’enlise depuis plus de deux ans.

Les deux infirmières sont malgaches, elles ont grandi au pays et ont donc suivi la formation malgache. L’une d’entre elle est considérée comme infirmière-sage femme.

L’hôpital le plus proche se situant à quelques 60 kilomètres de pistes, cet isolement induit une autonomie particulièrement périlleuse dans leurs actions de tous les jours, aussi multiples que variées : accouchements, soins de plaies, campagnes de vaccination, maladies tropicales, suivi nutritionnel des nourrissons dans les villages, actions de sensibilisation sur l’hygiène ou les IST, urgences…

Le dispensaire est ouvert 5 jours sur 7.

Suivez le projet

Le partenariat avec Infirmiers.com me permettra de vous raconter plus en détail certains aspects de ce projet, dans la thématique « soins ».

J’essaierai donc de vous donner de mes nouvelles le plus régulièrement possible, au bon vouloir de l’unique connexion internet du parc, qui devrait se trouver pas trop loin du dispensaire.

Vous pouvez aussi suivre la préparation et l’avancée du projet sur mon blog, qui sera lui aussi régulièrement mis à jour durant mon séjour à Madagascar : http://mada.mitsabo.overblog.fr

N’hésitez pas non plus à rejoindre le groupe Facebook « Mada Mitsabo »

Veloma*,

(*Au revoir)

Jérémie


Source : infirmiers.com