La ministre de la santé, Roselyne Bachelot, a consulté jeudi une quinzaine d'infirmières sur la poursuite des études après le diplôme d'infirmier dans le cadre de la réforme du dispositif licence-master-doctorat (LMD).
Roselyne Bachelot a reçu jeudi en fin d'après-midi une quinzaine d'infirmières ayant poursuivi des études universitaires après le diplôme infirmier. Elle leur a demandé de faire part de leur expérience et de lui donner des idées "en terme d'intégration universitaire de leur formation et de développement de la recherche".
Concernant le master et les spécialités infirmières existantes, la ministre a annoncé que trois groupes de travail se réuniraient à partir de septembre pour travailler sur les référentiels de compétences. Les groupes comporteront des représentants des infirmières spécialisées en pédiatrie, pour le premier, en anesthésie, pour le 2ème, et en chirurgie, pour le 3ème.
La directrice de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos), Annie Podeur, a précisé que ces travaux devaient être finalisés en 2010. L'objectif est "d'arriver à la reconnaissance de master", a-t-elle ajouté.
Christophe Debout, qui est cadre de santé et directeur adjoint du département des sciences infirmières et paramédicales au sein de l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) et qui a obtenu un "master en sciences infirmières" au Royaume-Uni, a estimé que la recherche dans cette discipline était "en retard" en France en comparaison des autres pays européens.
"Depuis une dizaine d'années au Royaume-Uni, l'ensemble des infirmières suit son cursus de formation au sein de l'université, que ce soit en formation initiale ou continue", a-t-il expliqué.
Louise Ruiz, infirmière libérale, enseignante en institut supérieur en soins infirmiers (Ifsi) et titulaire d'un master en santé publique et d'un DESS en épidémiologie, a témoigné sur son parcours. "J'ai (...) assez galéré pour [en] arriver là, notamment parce que l'université n'était pas forcément très accueillante pour les infirmiers", a-t-elle rapporté.
Elle a précisé qu'elle avait voulu faire un doctorat mais qu'elle n'avait pas pu puisque celui-ci était "interdit aux autres professionnels que médicaux". Elle a plaidé pour une mise en place d'une "filière en sciences infirmières".
Claire Julien, directrice de soins au Centre hospitalier (CH) de Compiègne et titulaire d'un diplôme universitaire (DU) de prise en charge de la douleur et d'un autre en sciences de la santé et de la communication, a rapporté qu'il y existait "une demande" de la part des infirmières qui désiraient faire évoluer leur carrière, "mais qui ne souhait[ai]ent pas forcément devenir cadre", actuellement la seule possibilité qui leur était offerte.
Philippe Carré, titulaire d'une licence et d'une maîtrise du secteur sanitaire et social, et directeur de l'institut de formation des cadres de santé au CHU d'Amiens, a également fait part de son point de vue. "Dans nos établissements, des travaux de recherche sont menés, mais ne sont pas forcément valorisés puisqu'il faut créer des liens avec des laboratoires de recherche et cela n'existe pas réellement", a-t-il commenté.
Enfin, Philippe Svandra, cadre supérieur de santé au CH de Sainte-Anne et formateur à l'institut des cadres de santé et titulaire d'un doctorat en philosophie, d'un DEA en philosophie pratique et d'un DESS d'éthique médicale et hospitalière, a estimé qu'il fallait faire une évaluation "sur ce qui fai[sai]t", dresser un bilan de "ce qui march[ait] ou pas", notamment entre les instituts de formation et les universités.
Roselyne Bachelot a indiqué qu'elle retenait cette dernière proposition.
Elle a aussi justifié le choix du "grade de licence", précisant qu'il était issu d'un "consensus". La ministre a souligné que cela permettait bien "la poursuite des études vers des masters et des doctorats", de "conserver des quotas infirmiers et le diplôme d'Etat comme diplôme d'exercice" et que cela permettrait une "universitarisation progressive pour les Ifsi".
Il s'agit donc d'une "étape indispensable pour aller vers une universitarisation plus intégrée". "Je ne le considère pas comme 'solde de tout compte' mais comme une marche que nous franchissons ensemble", a assuré la ministre.
Elle a précisé qu'une commission pédagogique serait mise en place au sein des universités pour la validation des études, des expériences professionnelles et des acquis personnels "en vue de l'accès aux différents niveaux de l'enseignement supérieur".
LES DIRECTEURS DE SOINS INQUIETS
Dans un communiqué publié mercredi, l'Association française des directeurs de soins (AFDS) s'inquiète de "la mise en oeuvre précipitée de la réforme des études". Elle reconnaît "le travail important du groupe de production de la réingénierie de la formation infirmière", mais estime que le "simple grade de licence" est une "mince reconnaissance". Elle réclame une "vraie filière dans une discipline de soins infirmiers".
"Les professionnels de terrain attendent (...) d'être rapidement confortés dans l'importante mission de formation qui leur revient", écrit l'AFDS. Selon l'organisation, le groupement de coopération sanitaire entre les IFSI et l'université "doit s'appuyer sur l'expertise des directeurs de soins des instituts de formation indispensable à la réussite de la mise en oeuvre de cette réforme".
PARIS, 30 juin 2009 (APM)
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