L'Institut Curie accorde une place de choix aux infirmières

De l'avis même du directeur de l'hôpital parisien de l'Institut Curie, le Pr Pierre Bey, "l'infirmière est plus que jamais un maillon essentiel de la chaîne de soins". "Ce sont elles qui vont informer, reprendre et réexpliquer un certain nombre d'éléments, à la fois dans le domaine des soins habituels et dans celui de la recherche", a-t-il expliqué mardi matin à la presse.

Fidèle au modèle privilégiant le "Continuum Recherche-Soins innovants", l'Institut Curie encourage ses infirmières à participer au développement des pratiques innovantes et aux progrès de la prise en charge des patients, a-t-il poursuivi. Outre le temps qu'elles consacrent aux soins des malades, les infirmières peuvent ainsi bénéficier d'un "temps soignant protégé" pendant lequel elles peuvent s'adonner à la recherche.

LES CONSULTATIONS INFIRMIÈRES AMÉLIORENT LA COMPLIANCE

Les consultations infirmières constituent un temps d'échange et de parole important, a témoigné Marie-Line Mandon, infirmière principale à l'hôpital de jour de chimiothérapie de l'Institut Curie.

L'infirmière intervient à l'issue du diagnostic, après la consultation médicale de décision thérapeutique organisée dans le cadre du dispositif d'annonce prévu par le Plan Cancer, ou en début d'hospitalisation. Son rôle est alors de reprendre, si nécessaire, le projet thérapeutique et de clarifier certains points abordés par le médecin.

Ces interventions, qui ont lieu à distance de la sidération consécutive à l'annonce du diagnostic, suscitent généralement de nombreuses questions de la part des malades, qui osent davantage faire part de leurs interrogations aux infirmières qu'aux médecins.

Appréciées des patients, elles ont une influence favorable sur la compliance au traitement et la tolérance des effets secondaires. Des projets similaires sont en cours en ORL, en pédiatrie, en pré-opératoire, en hospitalisation de radiothérapie et en hospitalisation conventionnelle de chimiothérapie.

DES PRATIQUES INNOVANTES SOUTENUES À CURIE

Parmi les pratiques innovantes développées et soutenues à l'Institut Curie, la prise en charge des plaies chroniques (escarres, plaies cancéreuses...) a donné lieu à une consultation infirmière intitulée "plaies et cicatrisation". Dirigé par Isabelle Fromantin, qui en est l'instigatrice, ce "service au service des services" apporte des réponses aux demandes des équipes de soins démunies face à des plaies douloureuses.

Sa mise en place en 2002 est intervenue à la suite de l'évaluation de la prise en charge des plaies chroniques en cancérologie dans le cadre d'un projet de recherche clinique infirmier. A partir de problèmes concrets, les infirmiers peuvent élaborer des protocoles d'essais cliniques dont ils suivent le déroulement de son initiation à sa clôture.

Isabelle Fromantin participe ainsi actuellement au lancement d'une étude évaluant l'efficacité de l'acide hyaluronique dans le traitement des épithélites, des brûlures dues à la radiothérapie pour lesquelles il n'existe pas, à l'heure actuelle, de prise en charge consensuelle.

"La force de l'Institut Curie est d'aider les infirmières à travers la logistique et la méthodologie nécessaires à l'élaboration de projets de recherche", a salué l'infirmière.

De son côté, Elisabeth Barbier, infirmière en radiothérapie à l'Institut Curie, a développé l'hypno-analgésie, technique qui consiste à lutter contre la douleur par l'hypnose. Formée à l'hypnose pendant deux ans à travers des séminaires organisés le week-end, et bénéficiant d'un mi-temps en "temps protégé", elle a pu développer un essai pour évaluer l'intérêt de cette approche.

PAS DE SIMPLES EXÉCUTANTES

"L'essentiel du rôle des infirmières reste les activités de soins mais la recherche l'expertise et les consultations infirmières en font partie", a commenté Roselyne Vasseur, directrice des soins infirmiers à l'Institut Curie.

Cette dernière a par ailleurs souligné l'effort mené à Curie pour faciliter l'insertion des infirmières, avec la mise en place d'une formation continue, d'un tutorat, une organisation souple, le développement de référents et surtout la possibilité de prendre des initiatives.

"Nous ne sommes pas de simples exécutantes de soins", a insisté Marie-Line Mandon, appréciant particulièrement "la reconnaissance de nos compétences à Curie"./ar