L'infirmier libéral, clef de voûte de l'observance médicamenteuse ?

La Fédération Nationale des Infirmiers (FNI) et Medissimo lancent Hygée, une étude sur l'observance médicamenteuse. L'objectif : démontrer l'efficacité de l'infirmier libéral dans l'accompagnement de patients atteints de maladies chroniques. Une enquête à laquelle tous les infirmiers libéraux peuvent participer...

Le 2 juin 2016, la Fédération Nationale des Infirmiers (FNI) et Medissimo ont annoncé lancer la première étude d'observance médicamenteuse auprès des patients suivis quotidiennement par les infirmiers libéraux (IDEL). Elle a pour objectif de prouver l'efficacité de l'accompagnement des patients atteints de pathologies chroniques sur le suivi de l'observance réalisé quotidiennement par les IDEL. Au travers de cette étude, nous voulons apporter la preuve que les stratégies d'accompagnement efficaces peuvent être déployées de façon massive sur tout le territoire par une profession de santé, souligne Caroline Blochet, pharmacienne et fondatrice de Medissimo. Nous voulons rendre visible le travail réalisé dans l'ombre par les infirmiers libéraux et leur permettre d'affiner encore leur suivi et leur éducation à partir de données objectivées.

Un pilulier connecté et une application mobile pour combattre la non observance

Dans le cadre de l'enquête menée par la FNI et Medissimo, les patients des IDEL inscrits disposeront d'un pilulier connecté adossé à une application mobile d'observance. Cette application, installée sur le mobile de l'infirmier, permettra ainsi à ce dernier d'accompagner au mieux ses patients. Les objets connectés représentent une véritable opportunité pour améliorer l'observance en permettant à l'infirmier libéral de potentialiser son rôle en matière d'accompagnement et d'éducation en lui mettant à disposition des informations précises et tracées sur les médicaments, les refus de prise ou défauts d'observance, estime Philippe Tisserand, président de la FNI.

La non observance concerne 50 % des patients atteints d'une maladie chronique

En France, on dénombre entre 15 et 20 millions de personnes atteintes de maladies chroniques, dont 1,3 million sont prises en charge à leur domicile par les infirmiers libéraux. Dans sa thèse « Observance et médecine générale : peut-on dépister les problèmes d’observance chez les patients atteints de pathologies chroniques ? », soutenue en 2012, Janini Anandamanoharan relevait que les études françaises estimaient que la non observance était de l'ordre de 50 % :

• 60 % des hypertendus sont mal suivis ;
• 50 % des diabétiques ne respectent pas leur traitement et 70 % oublient les règlent hygiéno-diététiques recommandées ;
• 50 % des personnes asthmatiques suspendent leur traitement de fond.

Rappelons que la non observance peut avoir des conséquences dramatiques. Elle peut notamment entraîner des complications médicales et psychosociales, diminuer la qualité de vie des patients et génère un accès aux soins accru. 40 % du coût hospitalier direct pourrait en effet être attribué aux rechutes par défaut d'observance. Un meilleur suivi devrait permettre d'améliorer l'observance et la confiance dans le traitement mais aussi diminuer les risques de sur ou sous médication. Les infirmiers ont donc un rôle important à jouer pour mettre fin au fléau de la non observance...

Aurélie TRENTESSE Journaliste Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com @ATrentesse