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Libre de courir ou courir pour être libre ?

Publié le 29/03/2016
Marathon de New York

Marathon de New York

En l'espace de cinquante ans, la pratique de la course à pied a connu des évolutions non négligeables. Dans son film « Free to run », qui sort en salle le 13 avril 2016, Pierre Morath retrace l'histoire de ce sport qui a longtemps été réservé aux hommes... Un article qui plaira à tous les soignants qui courent déjà par goût de l'effort et/ou du prendre soin de soi et qui donnera peut-être envie à d'autres de s'initier au plaisir du running...

En 2013, le marathon de New York comptait plus de 50 000 classés.

Les bénéfices de la course à pied ne sont plus à démontrer : amélioration de la fonction cardiaque, meilleure résistance à l'effort, diminution du stress... Des dizaines de millions de personnes, hommes et femmes de tous âges, s'adonnent aujourd'hui à ce sport quotidiennement. En France, une personne sur cinq, soit 9,5 millions de personnes, déclare pratiquer la course à pied. Pourtant, jusqu'à la fin des années 60, les femmes n'avaient pas le droit de courir plus de 800 mètres. Dans son film « Free to run », Pierre Morath s'intéresse aux évolutions qu'a connu ce sport et aux changements sociaux qu'il a engendrés.

Le réalisateur revient ainsi sur le rôle joué par la course à pied dans la libération de la femme, plus particulièrement sur le combat mené par Kathrine Switzer. Cette dernière n'a en effet pas hésité à braver les interdits pour s'inscrire « officiellement » et courir, en 1967, le marathon de Boston. Cinq ans plus tard, grâce au lobbying qu'elle a exercé et suivie par d'autres coureuses, les femmes obtiennent finalement le droit de courir le marathon. Autre combat mené à l'époque : le développement de la course sur route qui n'était alors pratiquée que par quelques « excentriques ». Comme l'explique Pierre Morath, j'ai ancré le film dans cette réalité urbaine parce que la notion de barrière et de frontière avec le stade me paraît très importante. Échapper à la piste veut aussi dire échapper aux contrôles et aux champs de vision des fédérations. Sortir du stade, c'est chercher la liberté, aller à la découverte du monde, au-delà des huit couloirs de l'anneau de la piste. Ainsi, tout au long du documentaire, coureurs et coureuses issus de tous les milieux témoignent des bienfaits de la course à pied, un sport qui contribue notamment à exprimer son indépendance et à communier avec la nature.

Les bénéfices de la course à pied ne sont plus à démontrer : amélioration de la fonction cardiaque, meilleure résistance à l'effort, diminution du stress… mais au-delà quelle analyse sociologique ?

Le marathon et ses excès

Dans « Free to run », Pierre Morath s'attache également à évoquer les aspects plus négatifs de la course à pied qui reste un sport de riches souligne-t-il. Le revenu moyen des participants américains au marathon de New York est de 110 000 dollars, c'est énorme. Pierre Morath rappelle qu'en 2012, après le passage de l'ouragan Sandy, le marathon de New York a été annulé seulement deux jours avant qu'il n'ait lieu. Le pouvoir d'attraction du marathon devient un réceptacle idéal pour toutes les dérives. Elles peuvent concerner l'argent. Des athlètes d'élite peuvent être tentés de se doper face aux rémunérations et aux primes phénoménales. Le succès peut aussi entraîner l'inconséquence des organisateurs et des autorités : les enjeux sont tels que même juste après une catastrophe aussi meurtrière que l'ouragan Sandy, personne ne prend le risque de se priver des revenus que rapporte le marathon.

La course à pied fait de plus en plus d'adeptes -le marathon de New York dénombre plus de 50 000 classés- mais cela a ses effets pervers. Le risque est d'arrêter de penser, de participer à des courses sans se demander pourquoi on le fait, ni de quelle façon on est utilisé et de devenir de nouveau un mouton, un coureur consommateur béat, constate Pierre Morath.

En résumé, « Free to run » questionne, que l'on soit coureur ou pas. Le documentaire permet en effet d'appréhender les enjeux sociétaux associés à la course à pied mais aussi de mieux comprendre l'engouement des foules pour ce sport que l'on peut désormais exercer librement grâce à quelques coureurs historiques...

Voir la bande annonce (1'36)

Aurélie TRENTESSE  Journaliste Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com  @ATrentesse


Source : infirmiers.com