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L'hydrocortisone réduirait les addictions

Publié le 07/08/2015

Une seule dose d'hydrocortisone a permis de réduire l'envie irrépressible de consommer de l'héroïne chez des patients dépendants de faibles doses, dans un petit essai clinique suisse, ouvrant la voie à une nouvelle piste pour prévenir les rechutes.

L'hydrocortisone réduirait l'envie irrépressible d'héroïne chez les patients dépendantes.

Dans l'addiction, quelle que soit la substance, il existe un phénomène dit de " craving ", une envie involontaire et irrépressible de consommer, qui intervient de manière importante dans les rechutes, rappelle le Docteur Marc Walter de l'université de Bâle. Le stress est connu pour favoriser à la fois cette envie irrépressible et la recherche de drogue, mais on ignore le rôle que jouent les hormones du stress et, en particulier, l'hydrocortisone (ou cortisol). Glucocorticoïde sécrété par les glandes surrénales, elle intervient notamment dans le métabolisme des glucides, lipides et protéines. Elle possède également une action anti-inflammatoire et participe aux rythmes biologiques. C'est aussi le chef de file des médicaments anti-inflammatoires stéroïdiens. 

Les chercheurs ont testé l'effet d'une seule dose d'hydrocortisone en double aveugle contre un placebo dans une étude croisée auprès de 29 patients dépendants à l'héroïne. Les patients devaient prendre 20 mg d'hydrocortisone per os ou un placebo 105 minutes avant de prendre leur dose d'héroïne. La prise d'hydrocortisone a permis de réduire l'envie irrépressible d'héroïne d'environ 25% par rapport au placebo, selon l'appréciation subjective mesurée sur une échelle visuelle analogique chez les patients dépendants d'une faible dose d'héroïne (jusqu'à 305 mg/j) mais pas chez ceux dépendants d'une dose intermédiaire ou élevée. Cette première étude destinée à évaluer les effets aigus de l'hydrocortisone chez des patients dépendants à l'héroïne pourrait avoir des conséquences cliniques importantes, ouvrant la voie à une meilleure compréhension des effets du stress dans l'addiction et à de nouvelles pistes thérapeutiques. Il serait en particulier intéressant d'évaluer l'hydrocortisone dans la prévention des rechutes chez des personnes devenues abstinentes, concluent les chercheurs. D'autres travaux sont en cours pour évaluer également l'intérêt de l'hydrocortisone dans d'autres addictions, à l'alcool et à la nicotine notamment, mais aussi à des addictions sans substance, comme le jeu pathologique, indique le coordinateur de l'étude, Dominique de Quervain, dans un communiqué de l'université.

Cette étude confirme l'intérêt de focaliser les approches thérapeutiques sur la réduction du "craving" et le contrôle des facteurs qui y participent.

Le " craving " : principal facteur de rechute

Dans une étude publiée dans Addiction, des chercheurs français se sont intéressés au rôle des stimuli environnementaux sur l'envie irrépressible de consommer une drogue et la rechute. Jusqu'à présent, le rôle des facteurs de l'environnement avait été étudié en laboratoire. L'unité CNRS USR 3413 à l'université de Bordeaux a confirmé " pour la première fois " ces résultats en conditions naturelles, ouvrant " des perspectives immédiates pour la thérapeutique ", indique le CNRS dans un communiqué. Melina Fatseas et ses collègues ont inclus 132 patients dépendants à l'alcool, au tabac, au cannabis ou à des opioïdes qui débutaient un traitement en ambulatoire. Pour les suivre en temps réel, ils leur ont demandé de répondre quatre fois par jour, via leur smartphone, à un questionnaire sur leurs envies irrépressibles de consommer, leurs éventuelles rechutes et les conditions et stimuli ayant déclenché ces envies. Les données montrent qu'au quotidien, l'exposition à des facteurs préalablement associés à la consommation, spécifiques à chaque personne, a un effet puissant sur les envies irrépressibles puis les rechutes dans l'heure suivant l'exposition à ces facteurs. L'histoire individuelle (les habitudes propres à chaque personne, des lieux spécifiques, des contextes particuliers ou des émotions) apparaît, quel que soit l'objet de l'addiction, comme un facteur prédictif essentiel du risque de rechute et contribue à la chronicité de l'addiction. Cette étude confirme l'intérêt de focaliser les approches thérapeutiques sur la réduction du " craving " et le contrôle des facteurs qui y participent. Elle ouvre également la voie à l'individualisation de la prise en charge, concluent les chercheurs.


Source : infirmiers.com