L'ex-infirmière Christine Malèvre, condamnée à dix ans de réclusion criminelle le 30 janvier, sera rejugée en appel à partir de jeudi à Paris, au moment où le débat sur l'euthanasie est relancé en France.
En première instance, la cour d'assises des Yvelines l'avait reconnue coupable de "l'assassinat" de six malades en 1997 et 1998 à l'hôpital de Mantes-la-Jolie. Depuis, elle est incarcérée et la justice a rejeté une demande de remise en liberté provisoire.
Le procès, qui doit durer jusqu'au 15 octobre, intervient alors que plusieurs personnalités du monde scientifique et politique ont réclamé une loi sur l'euthanasie, après la mort le 26 septembre à Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais) de Vincent Humbert, un jeune tétraplégique que sa mère a aidé à mourir.
Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a catégoriquement exclu toute modification de la loi.
Interpellée après avoir placé des barbituriques dans la perfusion de son fils, Marie Humbert a été remise en liberté, sans qu'aucune charge ne soit pour l'instant retenue contre elle, et admise à sa demande dans un centre de psycho-thérapie.
Le cas de Christine Malèvre semble très différent. Elle a affirmé avoir abrégé les souffrances de malades incurables à leur demande mais le parquet et les familles des victimes ont jugé cette version mensongère et ont plutôt vu en elle une déséquilibrée aux pulsions morbides.
Pourtant, de nombreux témoins avaient permis d'aborder en première instance, devant la cour d'assises de Versailles, le tabou sur les pratiques des hôpitaux en France. Dans le service de neurologie-pneumologie de l'hôpital de Mantes-la-Jolie où travaillait Christine Malèvre, 80 personnes environ décèdent chaque année.
ABRÉGER LA FIN DE VIE
Pour la première fois sans doute devant une cour d'assises, des médecins et des infirmières avaient reconnu à la barre des témoins que la vie de patients incurables et agonisants était quelquefois abrégée dans les hôpitaux.
"Notre société ne fera pas l'économie d'une réflexion sur le sujet. On ne pourra pas continuer à laisser des personnes sans aide, sans appui, sans qu'il y ait risque de dérapage", avait ainsi déclaré ainsi le docteur Denis Labayle, chef de service à l'hôpital d'Evry (Essonne).
Selon les dépositions, la mort est parfois donnée aux patients au moyen d'un surdosage des produits destinés initialement à lutter contre la douleur. La pratique semble toutefois relever du non-dit, même à l'hôpital.
Cette pratique, très éloignée du suicide assisté que réclamaient Vincent Humbert et ses proches, n'est, selon les dépositions, jamais codifiée et le cas de Christine Malèvre est apparu à ses avocats comme le résultat de cette "hypocrisie".
Selon eux, cette jeune femme à la personnalité trouble aurait perdu ses repères dans le contexte très dur du service où elle travaillait et dans le "non-dit" général.
De fait, l'audience avait montré que les médecins de Mantes connaissaient les pratiques suspectes de Christine Malèvre dès 1997 mais n'avaient pas réagi, ce qui semble démontrer que le sujet de l'euthanasie n'était pas incongru dans l'hôpital.
Les docteurs Laurence Kouyoumdjian et Olivier Ill, chefs du service, devraient être entendus à nouveau en appel. Ils avaient nié en première instance avoir jamais provoqué de morts délibérement.
Les avocats de Christine Malèvre devraient convoquer de nouveaux témoins sur le sujet lors de ce second procès./tl
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