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Lettre à un(e) ami(e) – « Vous ne faites pas ce métier par hasard... »

Publié le 18/12/2013
infirmières vous ne faites pas ce métier par hasard

infirmières vous ne faites pas ce métier par hasard

Nous vous avons sollicité à l’occasion de la Journée internationale de l’infirmière, le 12 mai, et vous nous avez répondu... Vos plumes se sont envolées... Votre imagination s’est déliée... Vos états d’âme se sont exprimés... Entre beaux et bons mots ou tristes maux, vos contributions toucheront ceux qui les recevront... Merci !

Entre le 10 et le 12 mai, nous avons publié les trois lettres qui nous ont le plus enthousiasmés à la rédaction. L'ensemble des lettres est désormais disponible sur un espace dédié. Voici l'une d'entre elles. Merci à tous pour vos contributions.

Lettre à un(e) ami(e) qui voudrait devenir infirmier(e)..

Besoin "d'envelopper" les autres, "de prendre soin des autres, de les bercer" pour se sentir à son tour "bercée"

« Vous ne faîtes pas ce métier par hasard... »

Je suis infirmière diplômée depuis 2004. J'ai travaillé six ans en réanimation adulte polyvalente puis deux ans en réanimation néonatale. J'ai toujours été passionnée par mon métier. Au début de ma carrière, je passais beaucoup de temps à l'hôpital. En 12 heures, j'alternais des jours et des nuits. Je revenais sur mes repos pour remplacer un collègue, pour une réunion de service, pour un groupe de travail ou un pot de départ... Bref, j'étais presque mieux au boulot que chez moi. Je ne me rendais pas compte que je ne voyais pas grandir mes enfants. Inconsciemment, j'étais plus à l'aise avec mes patients plus ou moins agonisants, voire mourants, et avec leur famille perdue et dans la douleur qu'avec ma propre famille !! Mais pourquoi ?

Une psy m'a dit un jour : vous ne faîtes pas ce métier par hasard. Comme toutes les infirmières d'ailleurs. Selon elle, j'ai toujours eu un besoin d'envelopper les autres, de prendre soin des autres, de les bercer pour que je me sente à mon tour bercée. Sûrement dû à un manque affectif... Bon très bien !!! Et après ? La prise de conscience fut quant même violente.

J'ai l'impression que c'est à l'hôpital que je devrais finir ma carrière. Là où j'ai commencé. L'endroit qui m'a donné envié de devenir infirmière...

On se rend compte tout d'un coup que, malgré le temps qu'on a passé et malgré l'énergie laissée pour "prendre soin" des autres, on a délaissé ceux qui pouvaient prendre soin de nous. Et c'est le burn-out ! Et c'est quoi le burn-out ?? On dort mal , on est fatigué, on a du mal à se concentrer, on ramène nos patients à la maison, on y pense sans arrêt. La vie personnelle se mélange à la vie professionnelle !! On n'arrive plus à gérer ses émotions, on pleure avec les familles ou les patients !! On pleure à la maison. L'empathie prend trop de place dans notre vie. La distance professionnelle ne suffit plus. On perd l'équilibre et on tombe !! Heureusement, on trouve du soutien. Auprès de ses proches mais aussi de ses collègues, ceux qui nous comprennent, ceux qui ont partagé nos galères au boulot, ceux qui sont montés dans le même bateau !! 

Et j'ai fait une pause. J'ai quitté l'hôpital. Depuis août 2012, je suis directrice adjointe d'une crèche. Je considère cette étape de ma vie comme un break. Le temps de ma reconstruction, c'est le temps pour un bilan sur mes compétence et ma petite carrière. Et le temps pour préparer la suite.

Je pense souvent à retourner à l'hôpital car il me manque. C'est comme une deuxième maison. J'ai l'impression que c'est là-bas que je devrais finir ma carrière. Là où j'ai commencé. L'endroit qui m'a donné envié de devenir infirmière, l'endroit où l'on soigne, où l'on accompagne, où l'on soulage... C'est l'endroit où une infirmière peut tout donner d'elle-même. Parfois, trop donner jusqu'à se perdre. Mais c'est pour la bonne cause .

Un sourire qui soulage, un mot qui réconforte aussi fort qu'une injection ou qu'un comprimé... L'infirmière n'est pas qu'une technicienne ou une exécutante. C'est d'abord un être humain qui n'est jamais là par hasard.

Nicole

Toutes les années, le 12 mai, la Journée internationale des infirmières, instaurée en 1965 par le Conseil international des infirmières (CII), une fédération de plus de 130 associations nationales d’infirmières, représentant plus de 13 millions d'infirmières du monde entier, est là pour rappeler à tous combien les infirmières œuvrent pour garantir des soins infirmiers de qualité pour tous et pérennisent par leur apport de solides politiques de santé. A cette occasion, Infirmiers.com a lancé un appel à contributions au sein même de la communauté soignante. Le projet intitulé « Lettre à un(e) ami(e) qui voudrait devenir infirmier(e) » a su séduire certains d’entre vous qui nous ont envoyé leur contribution. L’idée était la suivante : raconter sur tous les tons, sous toutes les formes, via tous les mots et/ou les images ce que vous pourriez dire pour convaincre – ou dissuader – l’un(e) de vos ami(e)s qui voudrait tenter l’aventure du soin et embrasser cette profession que vous connaissez si bien pour l’exercer vous-même avec plus ou moins de bonheur...

Elevez la voix, prenez de la hauteur, faites-vous connaître - et reconnaître - partagez et profitez de cette journée internationale des infirmières du 12 mai 2013 qui vous est dédiée pour exister plus encore

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com


Source : infirmiers.com