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Les sages-femmes, garantes de la santé gynéco-obstétricale des femmes

Publié le 17/11/2011

Les sages-femmes doivent devenir les professionnels de santé de premier recours en termes de prévention et de suivi gynéco-obstétrical des femmes, a estimé l'Ordre national des sages-femmes dans une conférence de presse le 15 novembre 2011.

"Suivi gynécologique, contraception, infections sexuellement transmissible, accouchements... la France n'est pas une bonne élève : tous les indicateurs démontrent que les problématiques de santé des femmes sont de plus en plus préoccupantes", a commenté Marie-Josée Keller, présidente de l'Ordre national des sages-femmes.
"La France se situe au 13ème rang des pays européens en ce qui concerne la mortalité maternelle, plus loin que la moyenne des pays européens, et au 20ème rang pour la mortalité infantile. Ce n'est pas très brillant", a-t-elle poursuivi. Un rapport de la Cour des comptes précise que les sages-femmes sont sous-employées. "Elles ont leur rôle à jouer dans le suivi gynéco-obstétrical des femmes", a souligné Marie-Josée Keller.

Actuellement, une consultation gynécologique sur Paris coûte en moyenne 60 euros. Une femme sur cinq n'a pas de suivi gynécologique régulier, la même proportion n'a pas réalisé de frottis depuis plus de cinq ans. En moyenne, il faut 51 jours pour obtenir un rendez-vous chez le gynécologue. Faute de délai trop long, 58% des françaises renoncent aux soins.
"Les sages-femmes peuvent apporter des services importants sur le territoire comme le dépistage et l'orientation et le suivi. En cas de diagnostic d'une pathologie, elles renverront la patiente vers des médecins", a indiqué la présidente de l'Ordre.

"La nouvelle liste des médicaments que peuvent prescrire les sages-femmes confirme la place primordiale qu'occupe la profession dans le domaine de la prévention", a-t-elle fait valoir. Elle fait suite à l'élargissement des compétences des sages-femmes voté dans la loi hôpital, patients, santé et territoires (HPST) du 21 juillet 2009, et intègre de nouvelles prescriptions.
Pour autant, "ce n'est pas parce qu'on libère la liste d'examens de contrôle que les examens vont se surmultiplier", a indiqué Marianne Benoît Truong Canh, conseillère nationale de l'Ordre des sages-femmes.

Selon la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS), le montant de la prescription annuelle moyenne par sage-femme s'élèverait en 2009 à 2.700 euros, ce qui est relativement faible par rapport à d'autres professions -la prescription annuelle moyenne par gynécologue représentant 80.000 euros/an. "A population égale, les sages-femmes sont deux fois moins prescriptrices que les médecins", a ajouté Marianne Benoît Truong Canh. Une plus grande autonomie leur permettrait de préserver la normalité du processus de grossesse et de l'accouchement en proposant aux femmes enceintes qui le souhaitent une prise en charge moins médicalisée.

Maisons de naissance

"Actuellement les femmes enceintes subissent une hypermédicalisation sans autre possibilité de choix", a déclaré Marianne Benoît Truong Canh. "Pourquoi imposer deux perfusions, un monitoring, cinq scopes, un tensiomètre et de l'oxymétrie à une femme enceinte en pleine santé sans complication?"

Aujourd'hui, certaines femmes qui souhaitent accoucher dans un contexte moins médicalisé ne peuvent pas le faire en raison de protocoles qui leur sont imposés. "L'Ordre des sages-femmes se bat pour que les femmes puissent avoir le choix de leur accouchement", a déclaré Marianne Benoît Truong Canh.

Le Conseil de l'Ordre des sages-femmes défend une filière physiologique de l'accouchement dans les maternités mais se heurte à des problèmes de statut. "Les sages-femmes ont un statut de paramédical à l'hôpital donc sont sous l'autorité d'un praticien hospitalier. Comme elles ne peuvent pas accéder à ce statut, elles ne peuvent pas non plus diriger une filière donc pas mettre en place une filière physiologique", a expliqué la conseillère nationale ordinale.
"Quant aux maisons de naissances, la France reste sourde à la possibilité d'en ouvrir". Ces structures où les sages-femmes pourraient réaliser l'accompagnement global de leurs patientes, du suivi de grossesse à l'accouchement et aux suites de couches, ont été préconisées par Bernard Kouchner en 1998, puis par le Plan de périnatalité 2005-07, rappelle-t-on. Elles ont fait l'objet d'un vote parlementaire en 2010, censuré par le Conseil constitutionnel comme cavalier social n'ayant pas sa place dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2011.

"Il existe 150 maisons de naissances en Allemagne, 30 aux Pays-Bas, 21 en Suisse, 18 au Royaume-Uni, 12 en Belgique, huit en Suède et aucune en France", a déploré Marie-Josée Keller.
En septembre, la Cour des comptes a pourtant encouragé l'expérimentation de ces maisons de naissances. "Trois ou quatre structures ont bien été développées mais il n'y a pas d'expérimentation officielle, faute de texte", a indiqué Marie-Josée Keller.
A Remiremont (Vosges), l'appellation "maison de naissance hospitalière" a été choisie afin d'éviter toute ambiguïté autour du terme "maison de naissance". Les locaux sont situés dans l'hôpital, dans le même bâtiment que la maternité classique mais en sont séparés par une porte et disposent d'une entrée distincte.

"L'accouchement s'effectue en ambulatoire: les femmes sortent six heures après la naissance et le suivi post natal est fait par la sage-femme libérale au domicile. La parturiente qui désire rester hospitalisée après l'accouchement peut intégrer le service des suites de couches de la maternité classique", précise Anne-Marie Curat dans la lettre d'octobre de l'Ordre des sages-femmes.
Les maisons de naissances sont pourtant susceptibles de générer des économies pour l'assurance maladie. "Le coût d'un accouchement en maison de naissance a été évalué à 600 euros (coût de la structure et des honoraires de la sage-femme) contre 1.200 euros pour des hospitalisations de très courte durée", a rappelé la présidente de l'Ordre.

"Selon ces chiffres, les économies engendrées s'élèveraient à 350.000 euros par an pour la seule expérimentation de cinq maisons de naissance puis à 7 millions d'euros si 1,5% des naissances y étaient réalisées", rappelle le communiqué de l'Ordre des sages-femmes.


Source : infirmiers.com