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Les réanimateurs mal à l'aise sur les pratiques de fin de vie

Publié le 20/01/2004

La Société de réanimation de langue française (SRLF) - qui tient congrès cette semaine à Paris- a établi des recommandations distinguant trois types de situation au cours desquelles des décisions de limitation ou d'arrêt de thérapeutiques actives peuvent être prises, a rappelé le Pr Lemaire, lors de la conférence de consensus sur l'accompagnement des personnes en fin de vie qui s'est tenue en fin de semaine dernière.

Elles ont été élaborées après qu'une étude a montré que 50% des décès qui surviennent en réanimation étaient liés à des arrêts ou à des limitations de soins actifs. "Devant cette extrême diffusion, et en raison du caractère encore trop confidentiel des pratiques de fin de vie en réanimation, il était devenu urgent de les harmoniser, voire si possible de les encadrer", a justifié le Pr Lemaire.

Les recommandations "reposent sur une réorientation des soins vers une prise en charge palliative", ont indiqué la SRLF et la Société française de soins palliatifs (SFAP) dans un communiqué diffusé le 18 novembre 2003 concernant l'évolution de l'affaire du décès de Vincent Humbert. "Elles excluent l'injection de curares ou de chlorure de potassium", ont-elles précisé.

Or, on trouve du chlorure de potassium dans plusieurs affaires de fin de vie où la justice a été saisie, comme l'affaire Humbert, mais aussi celle qui s'est déroulée au CHU de Besançon ou plus récemment au CH de Périgueux (Dordogne), a observé le Pr Lemaire.

"Un des éléments de mauvaise qualité des soins est liée au fait que les médecins sont inquiets. Il n'y a qu'à voir le soutien manifesté par les professionnels au Dr Frédéric Chaussoy [mis en examen pour empoisonnement avec préméditation dans l'affaire Humbert">", a-t-il défendu.

D'ailleurs, malgré les recommandations de la SRLF, une étude récente du Dr Edouard Ferrand (hôpital Henri Mondor), menée auprès de plus de 500 réanimateurs français, a révélé que 23% avaient le sentiment que les pratiques d'arrêt ou de limitation de traitement étaient "contraires à la loi".

Mais ce qui est, selon le Pr Lemaire, encore "plus inquiétant", est qu'une bonne partie d'entre eux disaient que cette crainte les amenait à dissimuler leurs actions auprès des familles et même de leurs infirmières, et à falsifier les observations médicales. Il existe donc un "malaise important" chez les réanimateurs sur les décisions d'arrêt ou de limitation de traitement, a-t-il constaté.

UNE RÉÉCRITURE DE L'ARTICLE 37 DU CODE DE DÉONTOLOGIE

Il a rappelé à cette occasion que la psychologue clinicienne Marie de Hennezel, "alertée" par les réanimateurs sur cette question, a proposé des solutions dans le rapport qu'elle a remis en octobre 2003 au ministre de la santé. Parmi ces solutions, elle a suggéré une réécriture de l'article 37 du code de déontologie afin de mieux préciser ce que peut signifier l'arrêt de l'"obstination déraisonnable" dans le contexte de la réanimation.

Actuellement, cet article stipule qu'"en toutes circonstances, le médecin doit s'efforcer de soulager les souffrances de son malade, l'assister moralement et éviter toute obstination déraisonnable dans les investigations ou la thérapeutique".

Marie de Hennezel a également demandé à ce que l'on fasse connaître aux magistrats les pratiques d'arrêt et de limitation de traitement par le biais d'instructions spécifiques et de rencontres entre réanimateurs et magistrats, a indiqué le Pr Lemaire. Une telle initiative permettrait aux magistrats de ne pas "assimiler le réanimateur à un assassin qui a planté un couteau dans un dos"./san


Source : infirmiers.com