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PUERICULTRICE

Les puéricultrices en quête de master

Publié le 15/07/2013
manifestation infirmières puéricultrices

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L’appel à mobilisation était chargée d’une symbolique très numérique : le 13 juillet 2013, à 13 heures, les infirmières puéricultrices se rassemblaient devant le ministère de la santé à l’occasion des 30 ans de leur formation. Une formation aujourd’hui obsolète et un gâteau au goût amer…

200 infirmières puéricultrices manifestent devant le ministère de la santé

Les rassemblements, manifestations et autres happenings de la profession infirmière se font remarquer depuis le début de l’année 2013 et se ressemblent, du moins par le manque d’intérêt qu’ils suscitent du côté de la rue de Ségur, siège du ministère de la Santé… Il faut bien l’avouer, la mobilisation des troupes sur le terrain est souvent minime avec seulement quelques centaines de professionnels qui répondent à l’appel de leur collectif, associations ou syndicat 1. Malgré les audiences avec le cabinet de Marisol Touraine - qui précèdent ces manifestations ou leur succèdent -, les revendications infirmières ne trouvent pas d’écho favorable auprès des tutelles. Seule la presse professionnelle - et parfois grand public - est là pour en rendre compte… mais cela est loin d’être suffisant ! Sur tous ses terrains d’exercice, la profession infirmière souffre et les attentes en termes de reconnaissance et de valorisation des compétences demeurent. Simples infirmières, Ibodes, Cadres de santé, Puéricultrices… même combat !

Un 13 juillet 2013 à 13 heures…

Dernier exemple en date, la manifestation des infirmières puéricultrices, le samedi 13 juillet 2013 devant le ministère de la Santé, à Paris, à l’appel de l’ANPDE (Association Nationale des Puéricultrices Diplômées et des Etudiants) et du CEEPAME (Comité d’Entente des Écoles Préparant Aux Métiers de l’Enfance).

La date n’a pas été choisie au hasard, elle coïncide en effet avec les 30 ans de leur programme de formation au contenu aujourd’hui obsolète et inadapté aux besoins actuels des professionnels, des enfants et des familles. Le propos est clair, comme l’a rappelé Sébastien Colson, président de l’ANPDE : Notre profession est toujours en attente d’un cadrage interministériel (Ministère des Affaires Sociales et de la Santé et Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche) sur le niveau de grade Master. En effet, l’évolution du métier, la place de l’infirmière puéricultrice dans le système de soins, la santé publique française et le contexte international requièrent une formation d’infirmière puéricultrice spécialiste clinique certifiée par un diplôme d’Etat et par un grade Master. Depuis 2008, avec le CEEPAME, nous n’avons cessé d’interpeller tous les gouvernements sur ces questions devenues urgentes. Les réunions de travail se sont succédées et on attend de nous maintenant un référentiel métier alors que nous n’avons toujours pas de lettre de cadrage qui détermine la durée de notre formation. Notre avenir est suspendu à des conclusions de rapport qui se font toujours attendre 2, alors maintenant ça suffit, il nous faut passer à la vitesse supérieure et nous mobiliser vraiment, physiquement, pour nous faire entendre. Sur le « totem » confectionné à l’occasion de la manifestation (cf. photo ci-dessous) le gâteau semble beau… mais les moisissures sont là pour évoquer la décrépitude de cet anniversaire désuet que les infirmières puéricultrices tempêtent à fêter.

Une formation de puéricultrice vieille de 30 ans et aujourd’hui totalement obsolète

Quelques 200 infirmières puéricultrices s’étaient donc déplacées à Paris (elles sont 16.000 en exercice…) malgré la période estivale et souvent de vacances. Venues de toutes les régions de France, en petits comités, elles étaient là pour représenter tous leurs terrains d’exercice et de compétences : pédiatrie, maternité, néo-nat, PMI, crèche… Les étudiantes en formation étaient également là, certaines avec leurs cadres formateurs. Une d’entre elles, en formation à l’Ecole de puéricultrices de Tours, l’explique : non content d’être inadaptée aux besoins actuels des professionnels, des enfants et des familles, notre formation est beaucoup trop dense, déroulée sur 11 mois très intensifs dont 6 mois de stages. Notre travail spécifique est souvent méconnu, voire ignoré, alors que nous voyons dans les établissements de santé des sages-femmes embauchées à notre place dans les services de maternité ; nos compétences sont pourtant parfaitement complémentaires. Notre marché de l’emploi se dégrade et nous devons nous défendre, d’où notre présence ici ! Propos repris par Hélène, en PMI à Reims, qui, très motivée et après avoir financé sa formation, ne la recommanderait pas aujourd’hui à une infirmière… Quant à ces puéricultrices en poste en pédiatrie à Versailles, c’est épaulées par leur cadre et leur cadre supérieur qu’elles ont fait le déplacement : Notre hiérarchie nous soutient et cela fait du bien…

Grade master, sinon rien ! Pour une formation et une spécialisation de qualité !

Des revendications très explicites…

Les slogans fleurissent sur les tee-shirt et banderolles. Ils alertent sur le fait que les puéricultrices sont garantes de la santé et de la sécurité des enfants et ce, de la naissance à l’adolescence, et soulignent également leur rôle déterminant auprès des familles, dans les PMI ou les crèches. Directrices de crèches à Grenoble ou dans les Yvelines, elles s’insurgent : notre métier est mal connu, il y a un souvent un amalgame entre puéricultrice, auxiliaire, éducatrice de jeune enfant, aide maternelle, quand ce n’est pas nounou ! « Nounouille » oui ! cela assez duré. On traîne derrière nous comme un boulet que comme on s’occupe d’enfants, dans un métier tellement « humain », alors pas possible d’ouvrir la bouche, jamais un mot plus haut que l’autre… Il ne faut pas pousser, on est investies dans notre métier, on fait des études, on a de grandes responsabilités et de réelles compétences spécifiques alors maintenant il faut se battre, exister médiatiquement, montrer qui l’on est et s’il le faut de façon musclée !.

Des revendications légitimes afin de répondre aux enjeux posés par la santé de l’enfant. Les pouvoirs publics ne semblent pas vraiment le comprendre.

Patricia Faivre, présidente du CEEPAME, qui se bat aux côtés de l’ANPDE pour l’obtention du master renchérit : Nous formons aujourd’hui quelques 950 étudiantes par an dans nos 34 écoles de puéricultrices (France et DOM) Cette reconnaissance des compétences des infirmières puéricultrices doit passer par la mise en place rapide du nouveau référentiel de formation avec un allongement de la durée des études, répondant aux critères de qualité d’une formation de spécialité infirmière, en vue de l’obtention du diplôme d'État de puéricultrice reconnu au grade Master (120 ECTS, soit 4 semestres de formation). Seul ce référentiel permettra aux infirmières puéricultrices d’aujourd’hui et celles qui entreront en fonction dans les années à venir de répondre aux enjeux posés par la santé de l’enfant. Les pouvoirs publics ne semblent pas vraiment le comprendre.

Sébastien Colson, président de l’ANPDE et Patricia Faivre, présidente du CEEPAME

Avec Sébastien Colson, ils ont été reçus la veille de la manifestation au ministère de la Santé par Eve Parier, conseillère de la ministre et Djillali Annane, conseiller pour l’enseignement médical et la recherche. Le compte-rendu qu’ils nous font de cet entretien de plus d’une heure n’est guère optimiste. Concernant la formation et le master demandé par la profession, c’est l’attente, le rapport IGAS/IGAENR 2 n’ayant toujours pas rendu ses conclusions. Les travaux devraient reprendre à l’automne… Depuis 2008, cela commence à faire long ! Concernant l’exercice professionnel, il semble bien que les évolutions souhaitées, notamment en termes d’autonomie et d’actes exclusifs, ne soient pas à l’ordre du jour pour le ministère. Pire, alors que nous abordions la question des consultations infirmières menées par les puéricultrices sur leurs différents terrains d’exercice, et ce de façon informelles, nos interlocuteurs nous ont montré les limites de leurs connaissances de nos fonctions et de la législation qui les entourent… A quand des conseillers compétents et au fait de leurs dossiers ! Bref, nous continuons à piétiner et le fait même que nous ayons été « parqués » lors de cette manifestation sur la petite place qui jouxte le ministère montre le périmètre que l’on accorde à nos revendications et à quel point nos tutelles nous négligent, nous ignorent même, voir nous méprisent. Il va de soi que notre lutte doit s’amplifier dès la rentrée. Tout l’été nous appelons les infirmières puéricultrices et l’ensemble de la profession à adresser un courrier aux ministres de la santé et de la recherche et l’enseignement supérieur 3.

On aurait dû se munir de couches culottes bien garnies…, histoire de se défendre, on ne sait jamais !

En effet, la petite place allouée aux manifestantes leur a semblé bien étroite au regard de leurs revendications. Elles ont donc tenté de quitter leur seul périmètre pour rejoindre le devant du ministère de la santé, juste de l’autre côté de la rue… Les gendarmes mobiles les attendaient, dissuasifs avec leur équipement… Ils ont peur qu’on leur jette des petits pots de bébé à la figure ou des tétines ? Non mais franchement… c’est ridicule peste une des manifestantes. Aucune négociation possible et aucune avancée donc, ni dans la rue, ni sur leurs dossiers sensibles, voir brûlants… Et une puéricultrice de rajouter en rigolant, on aurait dû se munir de couches culottes bien garnies…, histoire de se défendre, on ne sait jamais ! La suite en septembre pour la prochaine mobilisation annoncée par Sébastien Colson. Plus que jamais, les puéricultrices sont maintenant motivées à continuer le combat.

Tous ensemble, tous ensemble, tous… et ça continuera à la rentrée 2013

Notes

  1. Collectif Ni Bonnes Ni Nonnes Ni Pigeonnes, Coordination nationale infirmière, Association Nationale des Puéricultrices Diplômées et des Etudiantes, le Comité d’Entente des Ecoles Préparant Aux Métiers de l’Enfance
  2. Le gouvernement a chargé fin 2012, les inspections générales des affaires sociales (Igas) et des affaires de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) d’une réflexion sur le modèle d’universitarisation des formations paramédicales. Les conclusions sont toujours en attente.
  3. « L’action courrier » débutée le 1er juillet 2013 se déroule pendant tout l'été L'objectif est d'adresser massivement aux deux Ministres la prise de position des puéricultrices déjà signée par bon nombre de professionnels et soutenue par le Conseil National Professionnel de Pédiatrie, représentant toutes les organisations de pédiatres. Adresse 1 : Mme Marisol Touraine, Ministre des Affaires Sociales et de la Santé, 14 avenue Duquenne, 75350 Paris 07 SP. Adresse 2 : Mme Geneviève Fioraso, Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, 1 rue Descartes, 75231 Paris cedex 05. En savoir plus sur http://www.anpde.asso.fr/

Bernadette FABREGAS Rédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com


Source : infirmiers.com