Le secrétaire général du Centre national des professionnels de santé (CNPS), le Dr Michel Combier, a interpellé jeudi soir les pouvoirs publics sur la place des libéraux dans l'aménagement du territoire, estimant qu'on leur imposait d'être en dernière ligne dans les zones délaissées par l'administration et les services publics.
Le CNPS, qui fêtait jeudi à Paris son 40ème anniversaire au Pavillon des loges de Roland-Garros, organisait à cette occasion un débat sur l'avenir de l'exercice libéral, qui a permis d'évoquer le désintérêt des jeunes pour l'exercice libéral et les premières mesures de régulation démographique mises en oeuvre pour réguler la répartition des praticiens et répondre aux problèmes des zones sous-denses.
A l'issue du débat, le Dr Combier a pris la parole en regrettant que le débat sur la démographie des professionnels de santé libéraux et leur installation masque les problèmes posés par la politique actuelle des pouvoirs publics en termes d'aménagement du territoire.
"On ne peut pas demander aux libéraux d'avoir à charge l'aménagement du territoire. Le vrai problème, il est là: parce qu'à la fin, il ne reste plus qu'eux. (...) A certains moments, dans certains quartiers de la ville, c'est la pharmacie qui est allumée, c'est le kiné qui reste allumé, c'est l'infirmière libérale qui fait sa tournée à 8 heures du soir et c'est le médecin libéral qui travaille encore", a expliqué le Dr Combier, vivement applaudi par quelque 200 cadres du CNPS.
Il a également souligné le changement de mentalité intervenu chez les jeunes générations de médecins, qui actuellement s'installent peu en libéral, privilégient le salariat mais surtout de meilleures conditions de vie et d'exercice, avec une préférence pour l'exercice en milieu urbain, riche en services, et non en milieu rural, éloigné de ces infrastructures.
"Il ne relève pas de la responsabilité des professionnels de santé de faire de l'aménagement du territoire", a convenu la députée socialiste Marisol Touraine (Indre-et-Loire) et secrétaire nationale en charge de la santé et de la sécurité sociale au PS.
"Je considère qu'il est de la responsabilité des pouvoirs publics de maintenir les différentes activités nécessaires à la vie d'un territoire et c'est à ce titre que je considère que les pouvoirs publics ne peuvent pas se désintéresser de l'installation géographique des professionnels de santé", a-t-elle poursuivi.
"J'ai moi-même dénoncé lors de l'examen du projet de loi HPST [portant réforme de l'hôpital et relatif aux patients, à la santé et aux territoires, ndlr] l'ambiguïté du discours politique qui consiste à dire d'un côté 'je ferme des écoles, je ferme des trésoreries, je ferme des services publics (...) qui dépendent directement de l'Etat' et dans le même temps, imaginer que les professionnels de santé seraient les seuls mus par je ne sais quel mouvement magique à aller s'installer là où les autres s'en vont", a-t-elle commenté.
Elle a par ailleurs observé que, dans les zones désertifiées, il n'était pas évident que les conjoints des médecins trouvent un emploi.
PARIS, 3 juillet 2009 (APM)
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