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INFOS ET ACTUALITES

Les médicaments à visée respiratoire impliqués dans 12,5% des cas d'intoxication médicamenteuse en 2007

Publié le 21/04/2009

Luc Ferrari du CAPTV du CHU de Nancy et ses collègues ont utilisé la Base nationale des cas d'intoxication (BNCI) pour identifier les cas d'exposition à des médicaments appartenant à la classe ATC "R" qui ont été notifiés en 2007 par les CAPTV d'Angers, Bordeaux, Lyon, Marseille, Nancy, Paris, Rennes, Strasbourg et Toulouse.

En 2007, la BNCI a recensé 50.457 dossiers impliquant des médicaments dont 6.298 citaient au moins un médicament à visée respiratoire, soit 12,5% des cas, correspondant à 3.317 personnes (plusieurs expositions sont regroupées dans un même dossier, par exemple en cas d'une exposition accidentelle impliquant plusieurs enfants).

Il s'agissait principalement d'antihistaminiques à usage systémique (38,9%), des médicaments du rhume et de la toux (36,1%), des préparations nasales (14,9%) et des médicaments des syndromes obstructifs des voies aériennes (8,7%).

Près de 400 spécialités regroupant 120 principes actifs différents, seuls ou en association, sont concernées. Les 10 principes actifs les plus souvent impliqués sont l'oxomémazine, les terpènes (le plus souvent en mélange), la pseudo-éphédrine, la métaquazine, la carbocystéine, l'alpha-amylase, l'ibuprofène, l'alimémazine, la doxylamine et la pholcodine.

Les auteurs font observer qu'à l'occasion du déremboursement des spécialités à base de terpènes ou de fluidifiants bronchiques, les praticiens ont pu être conduits à prescrire plutôt l'oxomémazine, antihistaminique sédatif, notamment en cas de toux.

La cause la plus fréquente d'intoxication à un médicament à visée respiratoire en 2007 était une exposition accidentelle (50,3%), suivie par les erreurs thérapeutiques (29%), les conduites suicidaires (13,4%), les effets indésirables (3%), les expositions volontaires autres (2,5%) et les mésusages ou surdosages (0,5%).

Les auteurs soulignent que les enfants de moins de 10 ans constituent les deux tiers des cas et que les expositions d'enfants sont majoritairement des accidents résultant de l'absence de conscience du risque ou d'un défaut de surveillance de l'entourage (73,8%).
L'erreur thérapeutique (26,1%) constitue la deuxième circonstance d'exposition la plus fréquente, le plus vraisemblablement à la suite de l'administration du produit à une personne plus âgée.

Après l'âge de 10 ans, les cas d'intoxication par un médicament à visée respiratoire sont liés à une exposition volontaire dans près de la moitié des cas (46,7%) et après 60 ans, la circonstance la plus fréquente d'exposition est l'erreur thérapeutique (70,4%).

Les symptômes de l'intoxication étaient décrits dans 22,1% des dossiers, touchant principalement les sphères digestive (31,7%), cardiovasculaire (16%), neuropsychiatrique (11,7%), neurosensorielle (10,4%), cutanée (9,4%) ou respiratoire (9,2%).

L'analyse des dossiers a permis de retenir 33 cas d'intoxications graves (le plus fréquemment, présence d'un coma ou de convulsions) dont l'imputabilité était au moins plausible, parmi lesquels il y avait une erreur thérapeutique, un effet indésirable médicamenteux, neuf intoxications accidentelles et 22 intoxications volontaires. Il s'agissait de 14 hommes et 19 femmes; 12 d'entre eux avaient moins de 10 ans.

Parmi ces 33 cas figuraient notamment deux cas avec séquelles et deux décès (parmi 105 décès liés à des médicaments recensés en 2007) dans lesquels les médicaments de la sphère respiratoire n'étaient pas les seuls en cause.

Une poly-intoxication était en cause dans les 28 autres cas, avec un total de 19 spécialités impliquées.

Ces données indiquent que les intoxications avec des médicaments à visée respiratoire, comme pour les expositions tous toxiques confondus, touchent particulièrement les 1-4 ans, qu'elles sont réparties de manière équivalente entre exposition volontaire et exposition accidentelle selon l'âge et qu'elles concernent d'abord les femmes.

Cependant, à la différence de ce qui est observé avec d'autres classes de médicaments, aucun décès ou cas avec séquelles ne peut être directement imputé à un principe actif à visée respiratoire.

(Info Respiration, n°88, pp.41-44)


Source : infirmiers.com