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Les médecins généralistes pourraient déléguer certains actes aux infirmières

Publié le 07/03/2003

L'analyse porte sur des expériences étrangères qui ont débuté essentiellement dans les pays anglo-saxons dès les années 1960-70 afin de tester l'efficacité de la délégation de certaines tâches, traditionnellement réalisées par des médecins généralistes, à des infirmières, précise Fabienne Midy du Credes.

En France, cette délégation rencontre des résistances, la toute nouvelle "démarche de soins infirmiers" se heurtant par exemple à l'opposition de certains syndicats de médecins.

Les expériences analysées par le Credes s'inscrivent dans des situations spécifiques, telles que des réseaux de soins ou une organisation pluridisciplinaire de la prise en charge médicale, et ne peuvent être transposés directement à la situation française, prévient-elle.

Cette analyse fournit plutôt "une réflexion générale sur l'organisation des soins primaires en France" dans un contexte actuel de pénurie dans le secteur infirmier, mais qui doit évoluer vers un accroissement de la densité infirmière de 24%, selon les projections démographiques de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) pour 2020 sur la base de quotas maintenus à leur niveau actuel.

UNE PÉNURIE DE MÉDECINS PRÉVUE EN 2020

En outre, ces estimations indiquent qu'en même temps, la densité des médecins tendrait à se réduire de 19% avec un numerus clausus de 6.000 médecins par an [il a été fixé à 5.100 pour 2003, ndlr">, ajoute Fabienne Midy.

Les études publiées permettent de répondre à la question du partage des tâches et des compétences entre médecins généralistes et infirmières à compétence élargie et de confirmer, d'une part, que "la qualité des soins est assurée" et, d'autre part, que "les patients sont satisfaits par les services des infirmières".

Les principaux domaines où les infirmières ont étendu leurs compétences, sous réserve d'une formation complémentaire, sont la promotion de la santé (bilan de santé, éducation du patient, dépistage), le suivi de pathologie chronique stabilisée (asthme, diabète, maladie cardiovasculaire) et les consultations de première ligne (bilan initial, prise en charge autonome).

Différentes études sur les expériences anglo-saxonnes montrent que les infirmières réalisent certains actes, comme le bilan de santé ou les prélèvements, aussi efficacement que les médecins généralistes, voire mieux notamment pour le conseil ou l'information, auprès en particulier de certaines populations à risque telles que les personnes âgées, note Fabienne Midy.

Aucune étude ne fait mention d'un événement grave attribuable à la délégation médecin/infirmière et l'efficacité de la prise en charge est équivalente entre les deux professionnels, les infirmières obtenant même une meilleure observance aux recommandations thérapeutiques.

La délégation apparaît également coût-efficace, selon l'hypothèse que le transfert d'une partie de la charge de travail des médecins généralistes aux infirmières permet d'offrir des soins à un moindre coût en raison de salaires moins élevés.

Plusieurs travaux ont également calculé le taux de délégation pour que celle-ci soit coût-efficace en tenant compte des coûts de formation, du salaire ou encore de la productivité des deux types de professionnels. Selon certaines hypothèses, 10% des coûts médicaux totaux et 16% des seuls soins ambulatoires pourraient être économisés.

Mais ces modèles économiques ont été publiés il y a déjà une vingtaine d'années et les paramètres ont changé, ne permettant pas de généraliser, souligne Fabienne Midy./ld/yg

* Efficacité et efficience de la délégation d'actes des médecins généralistes aux infirmières, revue de la littérature 1970-2000, www.credes.fr


Source : infirmiers.com