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Les infirmières scolaires ne veulent pas d'un "A bricolé"

Publié le 12/12/2011
infirmières scolaires

infirmières scolaires

Si les infirmières scolaires ont obtenu leur intégration en catégorie A, elles refusent les grilles indiciaires, qui les situent en deçà de leurs collègues hospitalières. Indignation, découragement… Alors que leurs missions les placent au cœur du dispositif de réussite scolaire, les infirmières en colère espèrent une issue heureuse aux négociations avant la fin de l'année.

Cet article est paru sur le site de www.vousnousils.fr, l'e-mag de l'éducation, le 9 décembre 2011, que nous remercions de cet échange productif.

« Quand les élèves viennent me voir, les pro­blèmes sont tel­le­ment durs, que chez moi, ça passe par les tripes. Quand je devine quelque chose que je veux faire sor­tir d'eux, c'est un corps à corps qui peut prendre du temps »1 : mettre en mots les maux des élèves est une des nom­breuses mis­sions que relèvent au quo­ti­dien les 7.500 infir­mières sco­laires, dont le sta­tut fait actuel­le­ment l'objet d'âpres négo­cia­tions.

« La trans­po­si­tion de notre sta­tut en caté­go­rie A a été une pro­messe du pré­sident de la République, un sym­bole fort. Si nous venons de l'obtenir, le scé­na­rio nous impose une grille de rému­né­ra­tion indi­ciaire en deçà de celle appli­quée à nos col­lègues hos­pi­ta­lières ! C'est insup­por­table, c'est un déni de nos qua­li­fi­ca­tions et de notre pro­fes­sion­na­lisme. Les infir­mières ont toutes le même diplôme », s'insurge Béatrice Gaultier, secré­taire géné­rale du SNICS-FSU2. Se sen­tant « déva­lo­ri­sées», « mépri­sées »... les infir­mières sco­laires expriment leur ras-le-bol d'une voix commune.

Des res­pon­sa­bi­li­tés grandissantes

« Dans nos infir­me­ries, on ne tri­cote pas ! ». Patricia François est infir­mière sco­laire à Caen dans un col­lège classé en ZEP depuis 1988. « Le minis­tère ne pourra faire l'économie de se pen­cher sur nos mis­sions qui ont tant évolué ». Face à une conjonc­ture tou­jours plus dif­fi­cile, les infir­mières voient gran­dir la souf­france des élèves : « le soin n'est plus la prio­rité car lorsqu'il n'y a plus rien dans l'assiette on ne va pas chez le den­tiste », souligne-t-elle. « Je ne pen­sais pas qu'il puisse exis­ter autant de mal-être, de dif­fi­cul­tés per­son­nelles au sein de cette géné­ra­tion » abonde Jean Lamoine, un des rares hommes de sa pro­fes­sion, qui exerce dans un inter­nat. Écoute indi­vi­duelle, actions col­lec­tives, les infir­mières sco­laires ont un rôle spé­ci­fique : « il faut faire sa place dans l'équipe péda­go­gique et convaincre les ensei­gnants car nous por­tons un regard dif­fé­rent sur les élèves », témoigne Catherine Sanz, infir­mière au col­lège Gérard Philippe à Fontaines. L'infirmier sco­laire doit faire preuve d'une grande auto­no­mie et assu­mer des res­pon­sa­bi­li­tés de plus en plus impor­tantes. « Avec pour seule hié­rar­chie le chef d'établissement, nous enga­geons tota­le­ment notre res­pon­sa­bi­lité indi­vi­duelle, tant au plan civil que pénal, pour prendre les ini­tia­tives : poser un diag­nos­tic infir­mier, mettre en œuvre les actions adap­tées », témoigne Jean Lamoine, qui rap­pelle com­bien la santé est « un fac­teur déter­mi­nant dans la réus­site sco­laire ».

Outre la mise en place des séances obli­ga­toires d'éducation sexuelle et la déli­vrance d'ordonnances pour la pilule du len­de­main, les infir­mières sco­laires peuvent désor­mais renou­ve­ler la pilule contra­cep­tive. «Si ces actions per­mettent d'éviter des IVG dra­ma­tiques, il reste un tra­vail de pré­ven­tion impor­tant à pour­suivre : en effet, les élèves ont accès à plus d'informations, mais dans les familles, on parle de moins en moins », sou­ligne Patricia François. « La rela­tion est pri­vi­lé­giée car l'infirmier ne note pas, ne juge pas et les élèves savent que c'est un lieu de confi­dence où le secret est pré­servé. Nous sommes le 1ermaillon, 1er inter­lo­cu­teur des élèves, c'est pour­quoi ne pas être consi­déré par notre minis­tère est inac­cep­table » clame Jean Lamoine. « Nous ne vou­lons pas d'un A bri­colé », ajoute Catherine Sanz.

Le minis­tère attendu au tournant

Si la reva­lo­ri­sa­tion a été effec­tive depuis sep­tembre 2010 au sein de la Fonction publique hos­pi­ta­lière (FPH) ce n'est que suite à leur mani­fes­ta­tion3 que les infir­mières sco­laires ont obtenu le 15 novembre leur inté­gra­tion à la Fonction publique d’État en caté­go­rie A, et les négo­cia­tions se pour­suivent. « La reva­lo­ri­sa­tion est pré­vue sur 10 ans au lieu des 5 pour la FPH, et la grille indi­ciaire induit des écarts impor­tants dans les évolu­tions, qui créent des car­rières à 2 vitesses », explique Brigitte Accart, secré­taire géné­rale du SNIES-UNSA4. La caté­go­rie A pro­po­sée par le minis­tère pour le moment com­porte en effet 2 grades, mais le 2e grade serait réservé aux diplô­mées sor­tant d'IFSI et à leurs col­lègues hos­pi­ta­lières en déta­che­ment. Quant au 1er grade, il com­por­te­rait certes deux classes (nor­male et supé­rieure), mais seules 30% des infir­mières sco­laires seraient éligibles à la classe supé­rieure. « Celles-là même qui se sont bat­tues au sein de l’Éducation Nationale pour la recon­nais­sance de leur rôle dans la réus­site sco­laire se trouvent clas­sées en des­sous des débu­tantes sor­tant de l'IPSI », ajoute Béatrice Gaultier.

Les négo­cia­tions avec le minis­tère de l’Éducation Nationale doivent reprendre la semaine pro­chaine, mais les syn­di­cats attendent encore la date de convo­ca­tion. Le SNICS-FSU appelle à mani­fes­ter le 10 jan­vier pro­chain et le SNIES UNSA, qui ne « croit plus dans les mani­fes­ta­tions », pro­pose aux infir­mières de n'assurer que les urgences les mer­cre­dis : « On rou­vrira les portes de l'infirmerie si l'on obtient gain de cause », espère Brigitte Accart.

Notes

  1. Témoignage d’une infirmière scolaire recueilli lors d’un colloque qui permet la production et diffusion du journal
  2. Syndicat National des Infirmier(e)s Conseiller(e)s de Santé
  3. A l’appel du SNICS-FSU et du SNIES-UNSA, les infirmières scolaires ont manifesté le 8 novembre dernier à Paris pour obtenir la reconnaissance de leur diplôme d’Etat au niveau licence, comme leurs consœurs de la fonction publique hospitalière.
  4. Syndicat National des Infirmier(e)s Éducateurs(trices) de Santé.

Elise Pierre
Ce texte a été publié le 9 décembre 2011 sur le site vousnousils.fr, l'emag de l'éducation

 


Source : infirmiers.com