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Les infirmières à l’Université ! oui, mais dans quelles facultés ? de médecine ?

Publié le 03/09/2010

La mise en place de la réforme LMD pour les infirmières ne semble poser que des problèmes d’ajustement entre institutions. Cependant, elle se fait avec un présupposé qui fait débat : la formation infirmière dépendrait en définitive des facultés de médecine, c’est-à-dire du savoir médical, éventuellement mâtiné de sciences humaines.

Longtemps demandée par de très nombreuses professionnelles et promue par l’Europe (accords de Bologne), l’intégration de la formation des infirmières françaises à l’université est en cours de réalisation. A priori, le problème principal semble être l’ajustement des écoles (les IFSI – instituts de formation en soins infirmiers) à celle-ci.

C’est ce qui ressort, par exemple, du communiqué publié par la Conférence des doyens des facultés de médecine en juin (http://conference-doyens-medecine.com/spip.php?article47). Elle se réjouit de cette « avancée majeure », mais « exige » quelques « garanties » destinées à reconnaître l’autorité de l’Université en la matière, puisque celle-ci est « seule habilitée à délivrer le grade de licence » (première étape de la filière LMD – licence master doctorat) : inscription des élèves à l’Université et organisation de l’enseignement « sous l’égide d’une commission de pédagogie présidée par le Président d’université ou son représentant ».

Tout ceci paraît fort logique et, le principe de l’autorité universitaire une fois acté et admis, ne semble poser que des questions très pragmatiques, par exemple, de répartition des enseignements entre facultés et écoles et donc de la reconnaissance de l’enseignement procuré par celles-ci. Il n’en reste pas moins un présupposé non formulé parce que semblant aller de soi : l’autorité en question est celle des facultés de médecine. Ainsi, la Conférence se prononce pour leur «  implication forte ».

Or, rappelle Philippe Delmas dans la revue Santé mentale (www.santementale.fr - août 2010), dans de nombreux pays (Canada, Etats-Unis, certains pays européens), il existe une filière infirmière à l’université totalement indépendante de l’autorité des médecins, voire rattachée aux facultés de sciences humaines.

Il dénonce l’absence de postes d’infirmières dans les universités françaises comme maître de conférence ou professeur, alors que selon lui, il est déjà possible d’en nommer, notamment parce qu’il y a de nombreuses infirmières pourvues d’un doctorat. Il craint que l’enseignement infirmier « se réduise à un enseignement professionnel », ce qui rejoint d’ailleurs les préconisations d’un rapport de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales - octobre 2008) en faveur d’une licence professionnelle pour les infirmières…

L’enjeu est bien entendu de décider si la profession dispose de « savoirs propres complexes justifiant un enseignement de haut niveau » et si ces savoirs propres relèvent d’une démarche scientifique spécifique à une « discipline infirmière ».

Pour Philippe Delmas, cet enjeu n’est pas seulement théorique : les soins procurés par les professionnels de santé  changent, nécessitant un « nouveau contrat social », en particulier parce que les maladies chroniques mobilisent les soignants de plus en plus. Pour lui, cela impose de développer une « approche globale » de « caring », bio-psycho-sociale, prenant en compte la « globalité » de la personne. C’est ici que se situerait le savoir infirmier.

Ce qui ne peut que faire débat, l’approche « globale » étant aujourd’hui largement revendiquée par toutes les professions de santé.

Serge CANNASSE
Rédacteur en chef IZEOS
serge.cannasse@infirmiers.com


Source : infirmiers.com