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GRANDS DOSSIERS

Les immobilisations provisoires

Publié le 05/03/2009

1. Généralités

L'immobilisation provisoire est un geste de mise en condition d'une victime destiné à éviter ou limiter les mouvements de tout ou partie du corps. Elle peut être indiquée en cas de lésion évidente ou suspectée :

  • de la charpente osseuse (fracture, luxation, entorse)
  • des parties molles: plaie d'un muscle (déchirure), d'un tendon (rupture), délabrement important...

Son but est d' éviter une aggravation lésionnelle en supprimant toute possibilité de mouvement susceptible d' entraîner une complication viscérale: déplacement osseux venant léser un muscle, un vaisseau sanguin, un nerf, un organe sous-jacent.
Il contribue aussi à diminuer ou supprimer la composante douloureuse de tout traumatisme; cet effet améliore le confort du blessé mais a également une action favorable sur le stress, générateur de complications.

2. Principes généraux

2.1 Éviter le déplacement de la victime

Sauf en cas de danger imminent qui justifie un dégagement d'urgence, il faut s'occuper de la victime sur place. On doit éviter les mouvements spontanés dangereux de la victime et, selon le cas, maintenir ou caler provisoirement la région atteinte.

  • soit avec les mains
  • soit à l'aide d'un vêtement ou d'un billot de tissu improvisé.

2.2 Réaligner éventuellement le membre

Lorsque le membre fracturé présente une déformation importante liée à un déplacement de la fracture, il peut s'avérer impossible de mettre en place le matériel d'immobilisation. Il faut alors remettre le membre dans l'axe. Cette manœuvre, délicate mais indispensable, ne doit s'effectuer qu'après avis du médecin coordinateur qui décidera de la médicalisation éventuelle de l'opération.
Le réalignement est réalisé en maintenant l'articulation sus-jacente et en exerçant une traction progressive mais ferme sur le segment de membre sous-jacent. Au cours de cette traction, sous surveillance permanente de la réaction de la victime, le membre est prudemment ramené dans sa position d'origine. On ne doit relâcher la traction qu'après la mise en place du matériel d'immobilisation.
Il convient d'apprécier la modification de la circulation et de l'innervation locales (pouls, coloration, température, sensibilité, motricité), avant et après le réalignement.

2.3 Procéder à l'immobilisation provisoire

Dans le cadre du prompt-secours, l'immobilisation est toujours provisoire. Les règles à appliquer sont les suivantes :

  • l'appareillage ne doit occasionner ni déplacement ni position en porte-à-faux ;
  • isoler les plaies par un emballage stérile ou des compresses imbibées d'antiseptique avant d'appareiller;
  • immobiliser les articulations sus et sous-jacentes en même temps que le segment de membre fracturé ;
  • agir avec méthode pour engager le matériel autant que possible par les espaces ou les creux de la région à immobiliser.

3. Différents type de matériel

3.1 Attelles modelables type « Aluform »

De tailles variables selon le segment de membre à immobiliser, ces attelles sont plastifiées donc lavables
et réutilisables. Elles sont glissées sous le membre à immobiliser puis leurs bords latéraux sont ensuite relevés pour former une gouttière; des sangles auto-adhésives de type velcro terminent la fixation de l'attelle.

3.2 Attelles gonflables

Il existe plusieurs modèles selon le segment de membre à immobiliser. Elles ont des avantages nombreux: faible encombrement dans les boites de secours, bonne contention de la région atteinte. Leurs inconvénients principaux sont la fragilité (risque de fuite, de déchirure) et le risque d'effet garrot en cas de gonflage excessif. Elles sont réservées à des lésions sans déformation.

3.3 Immobilisateurs à dépression

Le plus connu est le « matelas coquille » qui permet l'immobilisation globale du corps mais il existe des versions plus petites destinées à immobiliser des segments de membre. Après pré-moulage et mise en place, l'aspiration de l'air contenu dans l'enveloppe rigidifie le dispositif

3.4 Colliers cervicaux et minerves

Ce sont des dispositifs spécialisés dans l'immobilisation du rachis cervical. On les trouve sous forme de colliers faits en plastique rigide, en mousse, de type «Aluform» ...Après mise en place, la fermeture est en général réalisée par des liens de type velcro.

3.5 Écharpes

Pièces de tissu de forme triangulaire dont la base mesure environ 1 mètre, elles sont utilisées pour la contention d'un membre supérieur.

3.6 Autres

  • plan dur type planche Olivier,
  • civière type G.PAX,
  • attelles modelables en aluminium (de Kramer, de Zimmer),
  • attelles permettant la traction (Thomas-Lardennois, Donway),
  • attelles de fortune (morceau de bois, journal, linge de maison, vêtement...),
  • membre sain (pour le membre inférieur).

4. Techniques d'immobilisation

4.1 Immobilisation générale

Une immobilisation générale (corps entier) doit être réalisée dès qu'il y a suspicion de fracture de la colonne vertébrale (rachis). Elle complète ou réalise aussi la contention des fractures du bassin, de la cuisse. ..Enfin, tout polytraumatisé est justifiable de cette technique, éventuellement associée à l'immobilisation d'autres segments de membres.
Elles est réalisée, dans la position d'attente adaptée à l'état de la victime et sous couvert d'une méthode de relevage respectant l'axe tête-cou-tronc, à l'aide du matelas à dépression ou d'un plan dur.

4.2 Immobilisation du membre supérieur

Le choix de la méthode et du matériel dépend du type de lésion et de la zone atteinte :

  • main, poignet, avant bras: attelle modelable ou gonflable puis écharpe simple
  • coude, bras: écharpe simple et contre-écharpe
  • épaule, clavicule, omoplate: écharpe oblique.

Quel que soit le mode d'immobilisation choisi, il doit permettre le contrôle permanent de la coloration, de la mobilité et de la sensibilité des doigts. Cet examen, effectué lors du bilan initial, est réalisé à nouveau à la fin des manouvres d'immobilisation.
On doit, si possible, enlever les bijoux des doigts et du poignet pour éviter qu'ils ne deviennent dangereux du fait d'un gonflement; plus tard, ils deviennent plus difficile à retirer.

4.3 Immobilisation du membre inférieur

Le choix de la méthode et du matériel dépend du type de lésion et de la zone atteinte :

  • pied, cheville, jambe: attelle modelable ou gonflable, membre sain opposé. ..
  • cuisse, bassin: immobilisation générale, attelles permettant une traction. ..

L'immobilisation est réalisée le plus souvent pendant qu'une traction douce et prudente est exercée dans l'axe du membre ( après réalignement éventuel) pour éviter un déplacement et limiter la douleur pendant la mobilisation.
Quel que soit le mode d'immobilisation choisi, il doit permettre le contrôle permanent de la coloration, de la mobilité et de la sensibilité des orteils. Cet examen, effectué lors du bilan initial, est réalisé à nouveau à la fin des manouvres d'immobilisation. Si on n'a pu enlever les chaussures du fait de la douleur ou de la fracture, il faut au minimum la délacer pour éviter que le pied ne soit comprimé par un gonflement.

4.4 Immobilisations du rachis

La gravité des traumatismes de la colonne vertébrale impose de réaliser un relevage respectant l'axe tête-cou-tronc et de maintenir cet axe jusqu'à ce que l'immobilisation sur un matelas coquille (ou un plan dur) soit effective.
La mobilité et la fragilité de la zone cervicale expliquent que la pose d'un collier cervical avant relevage doit être systématique.
Dr Thomas HERVE
BSPP


Source : infirmiers.com