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Les hôpitaux de bagdad submergés par l'horreur

Publié le 17/04/2009

BAGDAD, 7 avril 2003 (Reuters Santé) - Ali Ismaël Abbas dormait profondément quand la guerre a fait irruption dans sa courte vie sous la forme d'un missile tombé sur la maison familiale.

Agé de 12 ans, le jeune garçon à présent orphelin a été grièvement brûlé et a eu les deux bras arrachés.

"Il était minuit quand le missile est tombé sur nous. Mon père, ma mère et mon frère sont morts. Ma mère était enceinte de cinq mois", raconte-t-il sur son lit de l'hôpital Kindi à Bagdad. "Nos voisins m'ont sorti et amené ici. J'étais inconscient."

Une tante, trois cousins et trois autres parents ont également péri dans l'explosion qui a frappé le quartier de Diala, dans l'est de la capitale irakienne, où se situent plusieurs installations militaires.

"Notre maison était misérable. Pourquoi l'ont-ils bombardée", lance le garçon, sur lequel veille Djamila Abbas, une autre tante, âgées de 53 ans.

"Pouvez-vous m'aider à récupérer mes bras ? Pensez-vous que les médecins pourront m'en donner de nouveaux ?", poursuit-il au comble de la douleur. "Si je ne récupère pas mes mains, je me tuerai !".

Aussi dramatique soit-il, le destin d'Ali n'est pas isolé et les couloirs de l'hôpital résonnent des cris des blessés. D'autant que les ambulances affluent de plus en plus nombreuses depuis que les forces américaines ont pris position à la périphérie de la capitale où les bombardements se sont également intensifiés.

UNE CENTAINE DE BLESSÉS PAR HEURE

A court d'anesthésiant, d'analgésique et de main d'oeuvre, le personnel médical est aujourd'hui dépassé par l'ampleur de la tâche, explique le docteur Osama Saleh al-Douleini, chirurgien orthopédique et directeur adjoint de l'hôpital.

Jusqu'ici, les hôpitaux avaient les équipements et les médicaments nécessaires pour faire face, mais ils ont été submergés par l'afflux massif de blessés, explique lui aussi Roland Huguenin-Benjamin, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui a dépêché des représentants dans les établissements hospitaliers de la capitale. Au plus fort des bombardements, une centaine de blessés arrive toutes les heures, assure-t-il.

"J'exerce depuis 25 ans et c'est le pire que j'ai connu en terme de quantité de victimes et de blessures mortelles", assure Douleimi, qui a vécu la "première" guerre du Golfe, en 1991, et le conflit Iran-Irak, entre 1980 et 1988.

"C'est une catastrophe parce qu'ils s'en prennent aux civils. Nous recevons beaucoup de civils blessés", poursuit-il sans étayer ses affirmations.

"Cette guerre est plus destructrice que toutes les précédentes; les armes semblaient causer des infirmités, à présent, elles tuent davantage", confirme Sadek al Moukhtar, médecin lui aussi.

"Avant la guerre, je ne considérais pas l'Amérique comme mon ennemie. A présent c'est le cas. La guerre devrait être menée contre les militaires", poursuit-il. Or, "l'Amérique tue des civils"./


Source : infirmiers.com