Les Français l’ont redit : ils aiment leurs soignants même si ces derniers considèrent que leur prestige
est en berne. Voici ce que révèle en substance le dernier baromètre santé 360
* présenté le 12 novembre dernier par l’institut de sondage Odoxa. Revue de détails.
Avec 91% de bonnes opinions, les professions libérales de santé (PLS) jouissent d’une excellente image et en particulier les infirmiers qui bénéficient du pourcentage le plus élevé avec 95%. Compétents
, courageux
, sympathiques
et à l’écoute de leurs patients
sont autant de termes élogieux qui caractérisent les infirmiers, médecins et pharmaciens aux yeux de plus de 8 Français sur 10. Pourtant, à la question : conseilleriez-vous ou auriez-vous pu conseiller à l’un de vos enfants de devenir infirmier ?
75% des infirmiers ne le recommandent pas alors que ces derniers portent un regard positif sur leur propre profession (97%). Inversement, plus de la moitié des Français recommanderaient l’exercice de ce métier à leur progéniture.
Toujours sur le thème de l’image et de la perception des professionnels de santé libéraux, les Français pensent qu’ils entretiennent de très bonnes relations entre eux (86%) et avec leurs patients (89%). Un sentiment partagé par ces professionnels. En revanche, les relations entretenues par les PLS avec les établissements de santé et surtout avec les pouvoirs publics sont perçues comme nettement moins bonnes. Les Français estiment que les PLS ont des relations plus difficiles avec la Sécu et surtout avec le Ministère de la santé dans leur exercice au quotidien.
La France est de loin le pays d’Europe où le prestige des médecins et infirmiers s’est le plus détérioré depuis dix ans. Une majorité de Français et 7 PLS sur 10, estiment en effet, que leur prestige s’est dégradé (81% des infirmiers et 94% des médecins).
69% des Français sont pour l’autorisation donnée aux infirmiers d’effectuer des vaccins sans prescription du médecin.
Le principal reproche fait aux professions libérales de santé est le corporatisme. Pour les Français sondés, les ordres protègent trop les privilèges corporatistes des professions qu’ils représentent (71%). Du côté des infirmiers, 79% pensent qu’ils sont mal représentés par leur ordre .
À l’heure où plusieurs réformes ont été annoncées dans le cadre du plan Ma santé 2022
, 56% des médecins sont perçus comme ayant systématiquement tendance à s’opposer aux réformes contrairement aux Français interrogés : 9 sur 10 soutiennent l’abaissement du numerus clausus et sont majoritairement pour toutes les mesures visant à encourager les jeunes médecins à s’installer en zones démédicalisées. Les réformes concernant les infirmiers sont aussi largement soutenues par les Français : la fin du concours d’entrée à l’IFSI est perçue par eux comme une bonne chose mais comme mauvaise par les infirmiers avec plus de 70% d’avis négatifs. Beaucoup de professionnels s’interrogent sur la qualité du recrutement des nouveaux étudiants via Parcoursup
. Concernant l’autorisation donnée aux infirmiers d’effectuer des vaccins
sans prescription du médecin, 69% des Français sont pour et ils seraient aussi favorables (63%) à ce que les infirmiers puissent prescrire certains médicaments. Les infirmiers le sont encore plus (85%) mais les médecins s’y refusent toujours (6 sur 10).
L’usage du numérique et du digital en santé
Le recours au numérique dans le système de santé obtient un large plébiscite : 7 Français sur 10 pensent que le développement du numérique en santé n’aura que des bénéfices à la fois pour les patients et pour les soignants et qu’il améliorera la qualité des soins (68%). Mais ils sont aussi méfiants : un sur deux ne sait pas comment les professionnels de santé échangent entre eux des informations sensibles concernant les concernant. Un doute confirmé par les professionnels car 9 sur 10 disent ne pas utiliser de messageries sécurisées dans les deux-tiers des cas. Le développement du numérique en santé est nécessaire mais les Français demandent une plus grande transparence. Par ailleurs, les outils numériques ne doivent pas faire oublier l’importance de la coopération entre les personnels soignants.
En conclusion, cette côte d’amour renouvelée par les Français ne suffit pas à l’ensemble des professionnels de santé libéraux qui ont encore beaucoup de difficultés à exister et à travailler ensemble avec une reconnaissance à la hauteur de leurs compétences. La réussite du virage ambulatoire repose sur cette interprofessionnalité où le triptyque médecin-pharmacien-infirmier s’avère primordial pour des parcours de soins réussis. Les politiques de santé en la matière et notamment Ma santé 2022
ne devraient pas oublier de positionner ce trio comme un acteur de premier recours.
Inès KheireddineJournaliste infirmiers.com ines.kheireddine@infirmiers.com @Ineskheireddine
*Réalisé pour nehs
, Orange Healthcare et l’Agence Française de la Santé Numérique, le nouveau baromètre santé 360
révèle l’attitude des professionnels de santé (médecins généralistes et spécialistes, infirmiers, sages-femmes, kinés, dentistes, pharmaciens) et celle des Français concernant les réformes actées ou à venir mais aussi les usages et attitudes des uns et des autres concernant le développement du numérique en santé. 996 Français et 697 professionnels de santé dont 141 infirmiers ont été interrogés sur Internet entre le 20 septembre et le 23 octobre 2018.
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