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Les Français face à leur système de santé

Publié le 18/01/2012

C'est une enquête internationale qui le met en évidence : pour près de 4 français sur 10, l’efficacité de leur système de santé s’est détériorée au cours des 5 dernières années. L’amélioration de l’accès aux soins et du rapport qualité/coût représentent pour 80% d’entre eux un enjeu majeur pour les prochaines années. Revue de détails.

L'enquête réalisée par le cabinet d'audit Deloitte1 révèle de nombreux paradoxes et alerte sur l’état du système de santé en France jugé globalement performant (les motifs de satisfaction portant notamment sur l’innovation médicale et sur l’accès aux meilleures technologies) bien que largement perfectible. Si à une large majorité, 73%, les Français considèrent toujours le système français comme un des meilleurs du monde, ils ne sont plus que 51% à avoir une appréciation positive de ses performances, les plus critiques étant ceux qui en ont la moins bonne compréhension. Une connaissance insuffisante du système de santé induit des perceptions négatives quant à ses performances et à son efficacité.

Il s’agit donc d’un véritable enjeu pour les pouvoirs publics et une meilleure communication et plus de pédagogie semblent nécessaires.

Les Français se disent déçus de leur expérience de « patient-consommateur » et sont critiques sur plusieurs aspects du service rendu (en particulier les temps d’attente pour accéder à un service) mais ils notent aussi un manque d’attention portée au patient individuel.

Le coût de la santé

La moitié des ménages français ont vu leurs dépenses de santé augmenter en 2011, à hauteur de plus de 10% pour 40% d’entre eux.  Par ailleurs, près des deux tiers estiment que le ralentissement économique a eu des conséquences sur le budget qu’ils consacrent à leur santé, ceux ayant les plus bas revenus et la moins bonne couverture d’assurance étant les plus affectés. Cette tendance semble être plus durement ressentie par les Français (66%) que par les citoyens de la plupart des autres pays couverts par l’enquête. L'inquiétude règne : 1/4 des ménages en moyenne pense ne pas être prêt à assumer ses frais de santé à venir, et ce indépendamment de l’étendue de leur couverture santé.

De plus, le système de santé français est jugé dispendieux par 2 Français sur 3 et peu efficace : gaspillage, bureaucratie, manque de responsabilisation individuelle en matière de santé et l'acharnement thérapeutique en fin de vie. 1 Français sur 2 considère que la qualité des soins pourrait être améliorée tout en réduisant les coûts.

L'état de santé

Les Français sont moyennement satisfaits de leur état de santé et de son évolution, mais paradoxalement ils font peu d’efforts pour l’améliorer. Les Français sont sensiblement plus pessimistes sur leur santé que les citoyens d’autres pays (moins de 40% d’entre eux se considèrent en très bonne santé et un sur quatre juge son état de santé médiocre). De plus, un sur quatre estime également que son état de santé s’est dégradé au cours de la dernière année, cette perception affectant toutes les classes d’âge.

Pour autant, la prévention est encore loin d’être au cœur des préoccupations des Français :

  • seul 1 Français sur 10 déclare avoir participé à un programme visant à l’amélioration de son hygiène de vie et de son bien-être ;
  • le pourcentage est à peine plus élevé (11%) pour ceux souffrant d’une maladie chronique, plaçant ainsi les Français parmi les derniers de l'échantillon observé.

Le médicament reste un pilier important de « l’approche santé » des Français qui sont toujours parmi les plus gros consommateurs de médicaments de prescription au monde (56% des Français déclarent en consommer de façon régulière avec une prise quotidienne moyenne de 3 médicaments). L’actualité récente (affaire du Mediator notamment) ne semble pas encore avoir affecté le niveau de confiance dans les médicaments de prescription, puisque 7 patients français sur 10 sont convaincus de leur efficacité. La notion de coût et de rapport qualité/prix commence cependant à émerger dans les demandes de prescription (1 Français sur 5 a demandé à son médecin la prescription d’un générique pour des raisons économiques au cours des 12 derniers mois). Par ailleurs, moins d'1 Français sur 2 considère que le rapport qualité/coût des médicaments de prescription est bon. Cette proportion tombe à un sur quatre pour les médicaments sans ordonnance.

Quid de la e-santé ?

Bien qu'intéressés par le sujet, les Français sont encore réticents sur beaucoup d’aspects de l’« e-Santé » et en restent des utilisateurs très modestes. Si 51% d’entre eux sont favorables à l’introduction du DMP électronique, à ce jour seuls 6% ont créé leur propre dossier, les risques « ressentis » en matière de sécurité et de confidentialité étant très clairement des freins sérieux.
Si 1 Français sur 2 atteint d’une maladie chronique se dit intéressé par un dispositif médical permettant du monitoring à domicile,
90% des Français sont sceptiques quant à l’utilisation d’outils électroniques (smartphone ou PDA) permettant le suivi à distance de traitements ou l’obtention d’informations relatives à leur santé.

L'avenir ?

Les Français sont majoritairement satisfaits de leur assurance santé, mais sont inquiets pour l’avenir. Seuls 9% d'entre eux considèrent que leur couverture d’assurance est insuffisante, le niveau de satisfaction globale se traduisant par un taux de fidélité très élevé. Toutefois, crise oblige, 2 Français sur 3 affirment avoir atteint ou dépassé leur limite budgétaire en matière de prime d’assurance santé. Pour autant les Français s’orientent majoritairement vers une couverture individualisée ignorant les bénéfices d’une mutualisation des coûts.

Les assureurs font face à quelques défis importants pour l’avenir en matière de communication et d’image :

  • 66% des Français interrogés identifient nettement comme fondamentaux les services leur permettant de ne pas avoir à avancer de frais ;
  • on constate également un intérêt grandissant pour l’accompagnement en matière de prévention (39% des sondés), même si la visibilité sur ce type de services est insuffisante (55% des Français ignorent s’ils en bénéficient par le biais de leur couverture d’assurance complémentaire). La mise en place d’une collaboration entre les organismes complémentaires santé, les pouvoirs publics et l’ensemble des professionnels de santé semble ici essentielle pour proposer des programmes de prévention efficaces ; des domaines encore trop peu exploités par les organismes d’assurance et les mutuelles selon les promoteurs de cette enquête.

Note

  1. Conduite auprès de 15.735 personnes dans 12 pays dont la France. L'enquête a été confiée à Ipsos, sur un échantillon représentatif de 1.001 adultes français âgés de 18 ans et plus, interrogés sur la base d'un questionnaire de 78 questions principales et 29 questions d'approfondissement. Elle s'est déroulée en mai 2011.

Bernadette FABREGAS
Rédacteur en chef IZEOS
bernadette.fabregas@izeos.com


Source : infirmiers.com