Les modes de management sont à réinventer, de même que les cursus de formation des professionnels paramédicaux et des managers de Santé. La sociologue Sophie Davay a décrit, lors des 17èmes Journées d’étude des Directeurs de soins, les axes de changement qui pourraient conduire à une meilleure transformation des acteurs hospitaliers. Elle a montré également que, dans la mouvance du LMD, l’Université était en train de faire une place pour ces acteurs de terrain.
Les 17èmes Journées d’études des directeurs de soins, qui se sont déroulées du 2 au 4 octobre 2019 au Grand Palais de Lille, ont constitué un moment de réflexion sur les nouveaux modèles managériaux qui voient le jour à l’hôpital ainsi que sur les innovations pédagogiques en faveur des professions paramédicales.
Mettre en œuvre des synergies pluridisciplinaires pour accompagner les transformations
Les directeurs de soins, comme l’ensemble des managers hospitaliers, oeuvrent dans un environnement évolutif et tentent d’imaginer de nouvelles formes de gouvernance, mais également des outils pédagogiques innovants afin de mettre en œuvre des synergies interdisciplinaires susceptibles d’améliorer les prises en charge. C’est dans ce contexte que la sociologue et Maître de conférences de l’Université de Reims et de Paris 1 Panthéon-Sorbonne Sophie Davay est intervenue, pour évoquer les transformations qui s’opèrent tant au niveau de la formation que du management des professionnels paramédicaux.
Quelle légitimité pour les formateurs à l’Université ?
Dix ans après l’application du LMD en France, elle a fait un premier bilan de l’universitarisation qui a été imposée aux instituts de formation par les organismes de tutelle, un processus de formation d’acteurs de terrain avec un pendant universitaire, mais qui a permis, à l’inverse, à l’université de se professionnaliser
. Ce processus met en présence deux types d’intervenants, à savoir des professionnels et des professeurs, ce qui met les premiers en difficulté quant à leur légitimité vis à vis de l’institution. Ils sont, pour la plupart, diplômés par un Master I ou II, pour donner le change, dit-elle, mais la différence reste palpable. D’autre part, la formation des cadres de santé pose également problème depuis cette évolution, avec une réingénierie qui ne satisfait pas les acteurs en l’état.
Des formations accompagnées de masters à la valeur incertaine
Sophie Davay est en effet revenue, à cette occasion, sur le projet d’une formation de cadre de santé accompagnée d’un master II. Elle s’interroge sur l’énorme charge de travail que représente ce cursus en un an, en plus de la formation de cadre de santé elle-même. Et en tire deux conclusions : soit la charge est effectivement trop lourde, soit l’on propose un master II sans valeur significative car trop édulcoré dans son contenu pour assurer des taux de réussite satisfaisants. La question du niveau de formation est alors clairement posée, jusque dans les couloirs de l’EHESP qui forme les directeurs de soins, les directeurs D3S et les directeurs d’hôpitaux.
Des postes de Maître de conférences ouverts aux filières paramédicales
Mais les universités ont tout de même créé les conditions pour accueillir ces professionnels souhaitant accéder aux doctorats au sein du Conseil national des universités (CNU). C’est ainsi que les titulaires de doctorats peuvent candidater aux fonctions de Maîtres de conférences. Cette démarche a d’ailleurs été facilitée par le portail web Galaxie du MESRI qui propose 3 sections CNU : section 90 Maïeutique, section 91 Sciences de la réadaptation et section 92 Sciences infirmières ;des métiers comme manipulateur d’électroradiologie médical n’étant pas exclus du processus et pouvant s’intégrer à l’un ou l’autre selon les sujets de recherche. Le fossé pourrait ainsi rapidement se réduire entre les enseignants issus du terrain et les professeurs d’université.
Propos recueillis par Bruno BenqueRédacteur en chef www.cadredesante.combruno.benque@cadredesante.com@bbenk34
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