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GRANDS DOSSIERS

Les effets bénéfiques de l'activité physique en onco-pédiatrie

Publié le 29/06/2018
enfant cancer foulard

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Hospimedia

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Médecine du sport exercice

Médecine du sport exercice

Le sport thérapeutique fait partie du panel de soins de support proposés aux enfants de l'hôpital Armand-Trousseau à Paris (12e). Un service accessible directement dans la chambre du patient, qui fait désormais l'objet d'un programme de recherche lié à la douleur. Avec de premiers résultats encourageants.

Le service d'hématologie et d'oncologie pédiatrique de l'hôpital Armand-Trousseau à Paris (12e, Assistance publique-hôpitaux de Paris) a présenté ce 26 juin un projet pilote de pratique d'activité physique durant le traitement et directement dans la chambre du patient. Initié par l'association développant l'activité physique et sportive comme thérapie non médicamenteuse en cancérologie Cami Sport & cancer et l'association de lutte contre la leucémie Laurette Fugain, il a vu le jour en 2015 et a déjà bénéficié à 37 enfants la première année, 57 l'année suivante et encore 41 autres sur 2017-2018 (année non terminée).

90% des patients ne sortent pas de leur chambre du fait de leur immunodéficience. Le modèle de la Cami Sport & cancer est donc individualisé dans les chambres, y compris dans les chambres stériles.
Thomas Ginsbourger, coordonnateur national des pôles Sport & cancer de la Cami

Un praticien en thérapie sportive intégré à l'équipe

Depuis de nombreuses années, des études scientifiques ont montré qu’une pratique physique régulière et adaptée permet d’avoir des effets positifs sur les effets indésirables des patients, ce qui contribue à améliorer leur qualité de vie et leurs chances de rémission.

Dans le cadre de ce projet, les enfants de 6 à 17 ans suivis au sein du service peuvent participer, s'ils le souhaitent, à deux séances d'activité physique par semaine d'environ 30 minutes, directement dans leur chambre, y compris si elle est stérile. Les séances sont adaptées en fonction de leur pathologie, des effets secondaires, de leur âge et de leurs capacités, besoins et envies.

Pour celui qui œuvre auprès des enfants six heures par semaine, Thierry Mueller, praticien en thérapie sportive Cami Sport & cancer, un des objectifs consiste à les mettre en position debout, la plupart ne quittant pas leur chambre voire leur lit durant plusieurs semaines. Avant chaque séance, il s'enquiert de la situation des enfants auprès de l'infirmière coordinatrice de l'établissement, Nadia Marquis. Celle-ci assiste aux réunions médicales et tient par ailleurs, chaque vendredi matin, une réunion de soins de support avec le psychologue, l'assistante sociale, le kinésithérapeute, la nutritionniste... Une équipe à laquelle Thierry Mueller est totalement intégré et qui le guide dans l'adaptation des séances des enfants. Et le praticien en thérapie sportive d'émettre des bilans réguliers sur ses activités. Rapports transmis tant à l'équipe de soins de support, qu'à l'équipe médicale et d'encadrement.

Moins de douleurs après une séance

Ce projet est récemment devenu un programme de recherche pour évaluer l'impact de la thérapie sportive sur la douleur physique et la douleur psychique de l'enfant. Il a pour cela reçu le soutien de la fondation Apicil. Plusieurs éléments sont évalués : la douleur (échelle Eva), la qualité de vie (PedsQL), la résistance des membres inférieurs (test de la chaise), l'équilibre (appui unidodal) et l'endurance (step test rythme libre).

L'évaluation de ces critères est réalisée pour chaque enfant lors de son entrée puis sa sortie de l'hôpital. Un premier travail permet déjà de montrer que, pour les enfants ayant des douleurs, celles-ci sont moins importantes après qu'avant leurs séances d'activité physique (-0,4 point sur 10 en moyenne). Pour les autres critères, les promoteurs ambitionnent une amélioration de 10 à 20% pour au moins 50% des enfants. Interrogée sur la faiblesse de la méthodologie de ce travail de recherche, Nathalie Aulnette, directrice de la fondation Apicil, rétorque la difficulté d'évaluation des techniques non médicamenteuses : Lorsqu'on est dans l'humain, c'est effectivement très complexe. Mais faut-il vraiment mettre des chiffres sur tout ?

Dans ce projet, les deux facteurs clés de réussite sont d'une part l'implication de l'équipe et d'autre part le financement (55 000 euros environ, pour l'intervention du praticien en thérapie sportive majoritairement mais aussi la communication et la coordination), expose Thomas Ginsbourger, coordonnateur national des pôles Sport & cancer pour la Cami et référent national du projet. Mais pour le Pr Guy Leverger, chef de service hématologie et oncologie pédiatrique à l'hôpital Armand-Trousseau, ouvrir son service à des intervenants extérieurs n'est pas si facile car cela nécessite une bonne coordination. D'où l'intérêt tout trouvé de la création d'un poste d'infirmière coordinatrice et des réunions de soins de support.

Quand la thérapie sportive avance, le cancer recule !

Un projet duplicable

La fédération Cami Sport & cancer ambitionne de dupliquer ce projet dans d'autres établissements, comme elle le fait pour ses pôles Sport & cancer (il en existe dix-huit en France actuellement). C'est d'ailleurs déjà le cas à l'hôpital d'Estaing du CHU de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et à la rentrée prochaine à l'hôpital Purpan du CHU de Toulouse (Haute-Garonne). Deux autres établissements devraient également intégrer cette démarche en 2019 et 2020.

Pia Hémery  pia.hemery@hospimedia.fr

Cet article a été publié par Hospimedia le 27 juin 2018 que nous remercions pour ce partage.


Source : infirmiers.com