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GRANDS DOSSIERS

Les douleurs chroniques des personnes âgées en question

Publié le 09/06/2016
maux de tête sénior migraine douleur

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Qu'elle soit mécanique, inflammatoire ou neuropathique, la douleur chronique des personnes âgées nécessite une prise en charge pluridimensionnelle par différents acteurs de santé. L'entreprise Sanofi, en partenariat avec la Société Française d’Études et de Traitement de la Douleur (SFETD), organisait le 31 mai dernier son premier Forum de l'antalgie à Paris ; un programme national multidisciplinaire d’échanges sur la prise en charge de la douleur des seniors.

Seniors : des attentes marquées dans la prise en charge de la douleur

Grâce à l'amélioration des conditions de vie et aux progrès médicaux, l'espérance de vie de la population ne cesse d'augmenter chaque année. Mais si elle est de plus en plus vieillissante, se maintient-elle pour autant en bonne santé ? Qu'en est-il de la qualité de vie des personnes âgées ? Quelle place tient la douleur dans leur vie quotidienne ... ?

Lors de ce Forum de l'antalgie1, une centaine de professionnels de santé d'horizons différents se sont réunis pour proposer des solutions pérennes pour la prise en charge des douleurs chroniques des personnes âgées de plus de 65 ans. Principalement centrées sur la coordination et la coopération des acteurs de santé, les interventions de chacun ont permis de faire quelques rappels sur le concept de vieillissement et les bonnes pratiques professionnelles à adopter. Plusieurs résultats d'enquêtes ont également été exposés, notamment celle du « Vécu et impact de la douleur chez les seniors »2. Zoom sur cette population vulnérable…

Douleur et personnes âgées vulnérables

En France, 50 % des personnes âgés sont suffisamment résistantes pour vieillir en bonne santé sans développer de maladies ou d'incapacités. En revanche, l'autre moitié est constituée de sujets à risque, puisque 40% d'entre eux sont fragiles et 10% dépendants. Rappelons qu'une personne est qualifiée de fragile lorsque ses capacités fonctionnelles diminuent en vieillissant. Elles deviennent insuffisantes pour s'adapter aux traumatismes et infections et le risque de dépendance est majoré. On estime d'ailleurs qu'en 2060, 2,3 millions de personnes pourraient être dépendantes contre 1,2 millions en 2012. Il est donc nécessaire en tant que professionnel de santé d'agir en amont. Pour ce faire, des évaluations multidimensionnelles des sujets âgés permettent d'apprécier leurs capacités cognitives, mobiles, nutritionnelles mais aussi leur(s) douleur(s) si souvent oubliée(s). La douleur chronique ne doit plus seulement être considérée comme le symptôme collatéral d'une maladie à traiter, mais comme un facteur de risque de santé supplémentaire chez le sujet âgé, explique Dr Eric Serra, responsable du centre d'étude et de traitement de la douleur du CHU d'Amiens. Soulager la douleur chez ces personnes reste donc un moyen de prévention indispensable pour éviter l'enlisement dans la dépendance.  

La douleur chronique ne doit plus seulement être considérée comme le symptôme collatéral d'une maladie à traiter, mais comme un facteur de risque de santé supplémentaire chez le sujet âgé

Douleur et seniors : ce sont eux qui en parle le mieux !

Selon l'enquête « Vécu et impact de la douleur chez les seniors »2, quasiment toutes les personnes âgées sont touchées par la douleur dans leur quotidien. Mais seulement un tiers d'entre elles ne se considère pas en bonne santé… En effet, 71% des seniors déclarent qu'il est normal d'avoir mal à partir d'un certain âge. Ce chiffre montre bien que la souffrance n'est pas associée pour ces personnes à un mauvais état de santé et expliquerait leurs consultations tardives. Mais s'ils semblent en parler facilement, sont-ils pour autant bien écoutés ? Leurs attentes auprès du corps médical restent nombreuses, puisque la moitié d'entre eux souhaite avoir plus d'explications, comprendre davantage le rôle de chacun et bénéficier d'une meilleure coordination des acteurs de santé dans leur prise en charge de la douleur.

71 % des seniors déclarent qu'il est normal d'avoir mal à partir d'un certain âge

Environ 8 patients douloureux chroniques sur 10 de plus de 65 ans souhaitent :

  • avoir une idée claire du rôle de chaque professionnel de santé pour la prise en charge de leurs douleurs ;
  • une meilleure coordination des professionnels de santé ;
  • davantage d'explications données par les professionnels de santé.

Douleur et coordination hôpital-ville (ou ville-hôpital)

Présidente de l'Association Francophone pour Vaincre les Douleurs (AFVD), Martine Chauvin relève la nécessité de créer du lien entre les hôpitaux et les praticiens de ville dans la prise en charge de la douleur des sujets âgés. Elle propose des axes d'amélioration concrets pour tendre vers cet objectif.

Continuité des soins et communication entre hôpital et ville

Lors des consultations d'urgence pour des douleurs chroniques, il est parfois complexe de savoir si l'on parle de douleur aiguë évoluant vers une douleur chronique, ou si cette douleur est déjà chronique mais s'intensifie… Difficile de démêler le vrai du faux quand le patient ne peut apporter de réponses précises et que la communication entre médecins de ville et hôpital est défectueuse. De ce fait, le traitement du patient peut être modifié, voire arrêté à l'hôpital, ce qui est souvent délétère pour son état de santé lors du retour à domicile. De plus, si le patient repart avec son dossier de soin (ordonnance, résultats d'examens complémentaires…) à sa sortie, il ne le transmet pas toujours - pour ne pas dire jamais – à son médecin généraliste, ce qui peut créer des confusions dans sa prise en charge.

Communication avec le patient

Et le patient dans tout ça ? Au vu du manque de coordination et de communication des différentes structures de soins, le patient se retrouve lui aussi désorienté face aux différents discours tenus par les médecins. De plus, certains s'étonnent même de ne pas être plus questionnés sur l'évolution de leur douleur, alors qu'elle est fluctuante. Mais par manque de temps et de formation, le corps médical met parfois de côté l'aspect relationnel du soin. Les médecins ne sont pas formés à la communication avec le patient ou entre les professionnels de santé, alors qu'il s'agit d'un pilier essentiel de notre fonction explique le Dr François Liard, médecin généraliste. Un point à améliorer…

Pourtant, de nombreux outils comme le Dossier Médical Personnel permettent aux professionnels de santé d'échanger des informations sur l'état de santé du patient (consultations, hospitalisation, résultats d'examens…) à l'aide d'une plateforme en ligne. Une solution possible aux problèmes précédemment cités... Cependant, pourquoi ne pas faire appel aux infirmiers notamment libéraux, acteurs au cœur du système de santé ?

Il serait très utile que le point de vue des infirmiers libéraux, maillon essentiel de la prise en charge des personnes âgées, puisse être communiqué aux équipes de soin.

Et le rôle de l'infirmier dans tout ça … ?

Si ce Forum de l'antalgie s'est principalement intéressé au rôle des médecins, celui des infirmiers a en effet été très peu abordé… En même temps, difficile d'argumenter quand on sait qu'ils ne peuvent même pas administrer du paracétamol sans prescription médicale !

L'infirmière ressource douleur, Christine Berlemot, a néanmoins souligné qu'« il serait très utile que le point de vue des infirmiers libéraux, maillon essentiel de la prise en charge des personnes âgées, puisse être communiqué aux équipes de soin ». Parfois simple exécuteur de l'ordonnance du médecin, l'infirmier remplit pourtant tous les critères d'un bon coordinateur de santé. Au cœur de la relation soignant/soigné, il prend en charge le patient dans sa globalité et assure la coordination des soins avec tous les acteurs de santé. Au chevet du patient, il peut facilement apprécier l'évolution de son état général et de ses douleurs… Il pourrait finalement jouer un rôle bien plus important qu'elle ne le fait actuellement, encore faudrait-il lui laisser la possibilité de le faire…

Pour conclure ce Forum, le président du comité scientifique Serge Perrot a souligné que la prise en charge de la douleur chronique du sujet âgé exige une approche globe qui intègre non seulement la douleur et le traitement antalgique, mais aussi les incapacités, l'impact de la douleur sur le quotidien et la situation sociale et familiale du patient. Dans cette approche entrent en jeu de nombreux intervenants différents, qui chacun ensemble, vont pouvoir soulager la personne âgée qui souffre et améliorer sa qualité de vie. Nous le savons aujourd'hui : l'efficacité de la coordination des soins autour du patient représente une vraie clé du succès de notre intervention.

Notes

  1. Forum de l'Antalgie « Conjuguons nos talents pour soulager les patients », le 31 mai 2016 à Paris
  2. Réalisée par CSA Research pur Sanofi : 500 français âgés de 65 ans et plus ont été interrogés par téléphone avec un questionnaire de 20 minutes composés de questions fermés uniquement. Enquête menée du 18 avril 2016 au 25 avril 2016.

Ophélie PERROTRédaction Infirmiers.comophelie.perrot@infirmiers.com@OliePrt


Source : infirmiers.com