Des affiches, des clips, des spots radio, la campagne lancée lundi 25 septembre par l'agence Santé publique France vise, selon son communiqué de présentation, à «sensibiliser les jeunes aux risques de consommation de l'alcool et des drogues». boire de l'eau entre chaque verre pour minimiser les effets, éviter d'encourager à boire quelqu'un qui ne le désire pas, raccompagner des amis qui ont trop bu... Elle déroule des comportements à adopter pour réduire les risques liés à la consommation d'alcool.
Pourtant, sur le fond comme sur la forme, elle a suscité les critiques de plusieurs soignants : certains médecins y voient une forme de banalisation de la consommation d'alcool, car il n'est pas fait mention des risques pour la santé. «Alcool et fête semblent faits l'un pour l'autre dans cette campagne», a ainsi jugé sur X (l'ancien Twitter) le pneumologue François Vincent, tandis que le généraliste Bernard Jomier, également sénateur écologiste (apparenté PS), a dénoncé «du jamais vu» dans une campagne qui «ne contient aucun message de réduction de consommation» et jugé que «les alcooliers peuvent être tranquilles».
Lancement auj. de la nouvelle campagne contre la banalisation de la consommation d’alcool chez les jeunes. La santé publique, c’est définir des priorités et choisir des messages. Ils peuvent se discuter bien sûr…pas notre détermination à lutter contre ce fléau de santé publique. pic.twitter.com/zQ6uVUsV84
— Aurélien Rousseau (@aur_rousseau) September 25, 2023
Abstinence illusoire
Le ministère de la Santé, de son côté, a défendu un choix stratégique : encourager les jeunes à éviter les risques, plutôt que les inciter de manière illusoire à l'abstinence. «La réalité est là», a déclaré un responsable du ministère, citant des chiffres de santé publique selon lesquels quatre cinquièmes des jeunes de 17 ans ont déjà consommé de l'alcool. Santé publique France a également rappelé qu'elle évaluait régulièrement la manière dont les messages de santé publique sont reçus par les jeunes. «On s'appuie sur nos données d'observation: c'est parce que cette stratégie de réduction des risques fonctionne bien qu'on a voulu la poursuivre», a déclaré le responsable de l'unité dédiée aux addictions au sein de l'agence.
Cette polémique intervient après de précédentes critiques visant le ministère pour avoir retoqué ces derniers mois deux projets de campagnes anti-alcool, dont une autour de la Coupe du monde de rugby.
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