Selon une étude américaine publiée dans The Lancet, l'amélioration du niveau d'éducation des femmes aurait permis d'éviter plus de 4 millions de décès d'enfants de moins de 5 ans dans le monde depuis 1970. La revue publie également d'autres études instructives sur le sujet.
Dans un numéro spécial sur les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en matière de santé maternelle et infantile, la célèbre revue a publié un travail d'Emmanuela Gakidou et de ses collègues de l'Institute for Health Metrics and Evaluation à l'université de Washington à Seattle. Ils ont analysé la contribution des progrès en matière de niveau d'éducation des femmes à la réduction de la mortalité infantile dans le monde au cours des 40 dernières années.
Entre 1970 et 2009, le nombre moyen d'années d'éducation est passé de 4,7 ans à 8,3 ans chez les hommes et de 3,5 ans à 7,1 ans chez les femmes. Dans les pays en développement, pour les femmes en âge de procréer (de 15 à 44 ans), la progression a été encore plus importante, passant de 2,2 ans à 7,2 ans. Sur la même période, la mortalité des enfants de moins de 5 ans a chuté de 8,2 millions de décès.
Selon les analyses des auteurs, un niveau d'éducation d'une année supplémentaire chez les femmes en âge de procréer est associé à une réduction de 9,5% de la mortalité infantile. Ainsi, selon eux, sur les 8,2 millions de décès annuels en moins observés sur la période, 4,2 millions, soit 51%, ont été évités grâce aux progrès du niveau d'éducation des femmes en âge de procréer.
Chute de la mortalité infantile d'un tiers en 20 ans
Dans le même numéro, des chercheurs de l'Unicef font part, sous forme de commentaire, des dernières estimations des Nations unies sur la mortalité infantile, pour 2009. Le nombre de décès d'enfants de moins de 5 ans est passé de 12,4 millions en 1990 à 8,1 millions en 2009, soit un taux de mortalité qui est passé de 89 à 60 décès pour 1.000 naissances vivantes, indiquent Dhanzen You de l'Unicef à New York et ses collègues. Même si c'est encore loin de la réduction de deux tiers de la mortalité infantile d'ici 2015 prévue dans l'objectif du millénaire pour le développement, les auteurs soulignent que "de nombreuses régions ont réduit leur taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans de 50% ou plus".
Seules les régions d'Afrique sub-saharienne, d'Asie du Sud et d'Océanie n'ont pas connu un tel progrès. Néanmoins, quatre pays d'Afrique sub-saharienne font partie de ceux ayant connu une diminution de 50% ou plus de leur mortalité infantile. Près de la moitié des décès surviennent dans cinq pays: l'Inde, le Nigeria, la République démocratique du Congo, le Pakistan et la Chine. Le nombre de pays dont la mortalité des moins de 5 ans atteint 100 pour 1.000 naissances vivantes ou plus est passé de 52 à 31 entre 1990 et 2009.
Ceux qui ont fait le plus de progrès, en particulier en Afrique sub-saharienne, ont une caractéristique commune, celle d'avoir vu une expansion rapide des interventions de santé publique de base et nutritionnelles, telles que la vaccination, l'allaitement maternel, la supplémentation en vitamine A et l'assainissement de l'eau de boisson, notent les auteurs. Mais "dans l'ensemble, la couverture des interventions curatives peu coûteuses contre la pneumonie, la diarrhée et le paludisme, responsables de plus de la moitié des décès des moins de 5 ans en Afrique sub-saharienne, reste faible", regrettent les auteurs. Toutes ces interventions doivent être renforcées et augmentées, estiment-ils.
L'aide internationale doublée en six ans, la France à la traine
Un autre article également publié à cette occasion rapporte que l'aide internationale aux 68 pays prioritaires pour la santé maternelle, néonatale et infantile a doublé entre 2003 et 2008 mais n'est pas devenue plus importante par rapport à l'ensemble de l'aide internationale attribuée aux autres domaines de la santé, qui a également doublé sur cette période. En 2008, 5,4 milliards de dollars ont été versés par l'aide internationale pour la santé maternelle, néonatale et infantile dans le monde, soit une augmentation de 105% par rapport à 2003.
Les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont les plus importants donateurs (912,5 millions et 418,5 millions de dollars en 2008, respectivement) et ont augmenté leur participation de 50% et 21%, respectivement, sur ces six années. L'Allemagne, le Canada, l'Espagne et la Norvège ont aussi significativement augmenté leur aide entre 2003 et 2008. Mais cinq pays, dont la France, ont diminué leur aide au cours de ces six années. Le montant pour la France est passé de 27 millions de dollars en 2003 à 19,1 millions en 2008, avec un pic à 42,8 millions en 2004.
L'Alliance GAVI, partenariat mondial public/privé sur les vaccins, et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, ont contribué à l'aide internationale de manière plus importante que les donneurs multilatéraux (institutions européennes, Association pour le développement international, Unicef...), à hauteur de 441,7 millions et 502,3 millions de dollars, respectivement, en 2008, en augmentation de 149% et 51%, respectivement. Les institutions européennes ont augmenté leur participation de 88% sur les six ans, et font ainsi partie des cinq donneurs ayant le plus augmenté leur participation, avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le GAVI et le Fonds mondial.
Une réunion des Nations unies est programmée du lundi 20 au mercredi 22 septembre à New York pour évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement et accélérer le processus.
(The Lancet, 18 septembre, vol.376 n°9745, p959-974 et p931-933, et publication en ligne accélérée du 17 septembre)
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