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Le rôle essentiel des infirmiers en cancérologie

Publié le 13/08/2015

En 2014, le Service national en santé au Royaume-Uni (NHS) a investi 3 300 milliards de livres dans l'emploi d'infirmiers intérimaires afin d'améliorer l'offre de soins proposée aux patients, notamment atteints d'un cancer. Le secrétaire d’État à la santé Jeremy Hunt a justifié cette dépense par la nécessité d'augmenter le nombre d'infirmiers dans des régions où l'offre de soins deviendrait insatisfaisante.

Une pénurie d'infirmiers à l'échelle mondiale menace la qualité des soins, notamment en cancérologie.

Au Royaume-Uni, un rapport fait état d'une diminution de l'offre de soins dans certaines régions. Il montre également que la détérioration de la qualité de la prise en charge est due en partie à un manque chronique d'infirmiers. Pour remédier à la situation, Jeremy Hunt a fait appel à des agences d'intérim afin de recruter des soignants. Cette décision a significativement augmenté les dépenses du Service national en santé par rapport à l'année dernière. Néanmoins, pour le secrétaire d’État, cette action était plus que justifiée. Le rôle essentiel des infirmiers, dans la prise en charge des malades, a en effet été très largement démontrée. Toutefois, leur diminution devient un problème mondial. Or les compétences des infirmiers, notamment dans certaines spécialités médicales telles que la cancérologie, améliorent significativement l'état des patients. Leur efficacité dans les cliniques oncologiques qu'ils dirigent ne fait plus aucun doute.

Un nombre suffisant d'infirmiers diminuerait le taux de mortalité

Pour être en mesure de proposer des soins de qualité, un effectif infirmier suffisant est indispensable dans les services. Dans un article du Journal de l'association médicale américaine (JAMA), la corrélation entre l'accroissement du nombre de patients pris en charge par un infirmier (ou une infirmière) et l'augmentation du risque de mortalité ne fait aucun doute. En outre, le rôle important qu'ils tiennent dans la prise en charge des malades atteints d'un cancer est de plus en plus reconnu. 

Des infirmiers en oncologie ont été conviés à participer au prochain Congrès européen sur le cancer qui se déroulera en Autriche du 25 au 29 septembre 2015. Leur présence étant essentielle, le comité d'organisation a décidé de les faire participer à des discussions pluridisciplinaires. En effet, certains d'entre eux ont été sollicités afin de réaliser, en partenariat avec des médecins, une surveillance clinique des patients atteints d'un cancer ORL. Les résultats montrent que même dans des établissements de soins généraux, à l'instar des cliniques cancérologiques précédemment évoquées, leur exercice diminuerait l'anxiété des patients et améliorerait leur observance. La continuité des soins serait également améliorée.

Depuis 2010, près de 6 000 postes d'infirmiers ont été supprimés au Royaume-Uni.

L'enseignement en soins infirmiers en voie de disparition

Alors que le besoin d'infirmiers compétents dans une spécialité médicale croit, le nombre de nouveaux diplômés diminue. Un article du Washington Post affirme qu'aux États-Unis, les infirmiers nés durant la période du baby-boom, ainsi que leurs collègues formateurs qui enseignent dans les universités, atteignent l'âge de la retraite sans pour autant être remplacés par la génération future. La pénurie de formateurs est particulièrement problématique car sans enseignants compétents, ceux et celles qui le souhaiteront ne pourront probablement pas exercer le métier. De ce fait, l'association américaine des universités en soins infirmiers estime qu'environ deux tiers des instituts de formation américains sont contraints de refuser des candidats potentiels en raison du manque de formateurs. La Société américaine des soins infirmiers en oncologie a en outre établi un constat préoccupant. Elle considère en effet que la pénurie d'infirmiers aura des conséquences préjudiciables sur la prise en charge des patients atteints d'un cancer. Elle appelle à des changements au niveau éducatif et législatif.

Un manque de reconnaissance de la profession infirmière au Royaume-Uni

Convaincre les infirmiers de continuer d'exercer devient difficile. Hormis l'épuisement professionnel qui les affecte de plus en plus, la nature de leur travail les expose à des maladies professionnelles, telles que des troubles musculo-squelettiques (ils sont en effet 6 fois plus exposés à ce risque que les autres professionnels) et des dermatites dues à une hygiène stricte des mains. Et avec le temps, ce travail devient progressivement anti-social et sous-rémunéré. 

L'un des facteurs contribuant au manque chronique d'infirmiers dans les services est la suppression de postes par mesure d'économies. Au Royaume-Uni, près de 6 000 emplois ont été supprimés depuis 2010. Le nombre d'admissions en formation a également diminué. L'Institut national d’excellence en santé et en soin (NICE) a été sollicité afin d'établir un rapport sur la nécessité de maintenir les effectifs infirmiers. Toutefois, l’interruption soudaine de sa rédaction témoigne d'un manque de reconnaissance de la profession infirmière.

Beaucoup d'éléments montrent que la pénurie d'infirmiers, partout dans le monde, augmente leur charge de travail, provoquant ainsi une insatisfaction et un épuisement professionnel important. L'écart considérable entre le nombre d'infirmiers quittant la profession et ceux qui l’intègrent requiert d'urgentes mesures. Alors que le besoin d'infirmiers spécialisés dans les soins cancérologiques s'accentue dans la lutte de la maladie, il devient primordial que leur rôle, dans tous ses aspects, soit explicitement reconnu, notamment par un changement évident et notoire.

Article rédigé à partir de « The importance of nurses in cancer care » publié en juillet 2015 dans The Lancet Oncology.

Gwen HIGHTJournaliste Infirmiers.comgwenaelle.hight@infirmiers.com@GwenHight


Source : infirmiers.com