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Le procès Malèvre : des problèmes d'effectifs dans le service hospitalier

Publié le 04/02/2003

Après une matinée très difficile pour Christine Malèvre, qui comparaît pour 7 assassinats, du fait des témoignages sans équivoque du juge d'instruction et des policiers, la cour s'est notamment penchée mardi après-midi sur le fonctionnement du service où elle travaillait.

Sylvie Thull a indiqué que l'enquête avait relevé la faiblesse du personnel tant infirmier que médical de ce petit service de 28 lits "où le nombre de patients était en constante augmentation et où les pathologies étaient lourdes".

Les enquêteurs avaient considéré que la cohabitation de la neurologie et de la pneumologie dans un même service ne semblait "pas très judicieuse". "Cela avait d'ailleurs interrogé le directeur de l'agence régionale de l'hospitalisation (ARH)", a commenté Sylvie Thull.

"Le déménagement dans le nouvel hôpital avait provoqué quelques difficultés et avait obligé à réorganiser les équipes. Cela n'avait pas arrangé l'ambiance du service", a-t-elle ajouté.

L'infirmière générale et la surveillante avaient indiqué aux enquêteurs que "l'équipe médicale était très accessible pour les soignants et pour les familles".

L'enquête avait relevé que la prise en charge des fins de vie ne posait pas de difficulté et que les traitements antalgiques étaient bien codifiés. Elle avait néanmoins souligné qu'une équipe mobile de soins palliatifs pourrait "être utile au service".

"Les soignants avaient souhaité que du temps soit dégagé pour traiter la charge psychologique des soignants confrontés à l'accompagnement des fins de vie. Elles [les infirmières, ndlr"> avaient estimé qu'elles manquaient de ce temps de parole. Une équipe mobile peut aider les équipe dans ce domaine", a expliqué Sylvie Thull.

LE DIRECTEUR DE L'HÔPITAL RÉPOND AUX CRITIQUES

Henri Gosset, directeur de l'hôpital, a témoigné en fin de journée. Interrogé par Me Charles Libman, défenseur de Christine Malèvre, sur cette enquête administrative, il a indiqué "qu'il n'avait pas été destinataire du rapport d'enquête" et a répondu aux différentes critiques relatées par le Dr Thull.

Au sujet du sous-effectif infirmier du service, le directeur a considéré que les effectifs du service "n'étaient pas plus faibles que ceux d'autres services où la charge de travail et la lourdeur des patients étaient équivalentes".

"Bien-sûr, si on avait 25% de personnel en plus ce serait mieux. Mais la réalité est là".

Le directeur a cependant indiqué que "s'il y avait une lourdeur dans le service, elle a pu être corrigée par l'embauche de deux médecins supplémentaires".

Il s'est étonné du fait que le directeur de l'ARH d'Ile-de-France se soit interrogé au sujet de la coexistence dans un même service de la neurologie et de la pneumologie. "Quand j'apprends cela, les bras m'en tombent . L'existence de ce service figure dans le projet d'établissement qui a été validé par l'ARH", a-t-il déclaré.

Au sujet de l'absence d'équipe mobile de soins palliatifs dans l'hôpital au moment des faits, qui a été relevée par Me Libman, il a indiqué que ce mode de prise en charge était à l'époque encore rare dans les hôpitaux. "Nous faisons avec les moyens financiers que l'on nous donne", a-t-il commenté.

Il a également rappelé que la douleur était correctement prise en charge dans le service. Il a indiqué que la présence d'une équipe mobile "ne dispense d'ailleurs pas les services de continuer à accompagner leurs patients en fin de vie".

"UNE AFFAIRE DOULOUREUSE ET PENIBLE", POUR L'HÔPITAL

Le directeur a estimé qu'une telle affaire pour un établissement de soins était "douloureuse et pénible" d'autant qu'à certains moments, il a "eu le sentiment que l'hôpital a été mis en cause dans son fonctionnement".

"Je n'aurais jamais pu imaginer que de tels faits puissent se produire dans l'établissement".

Il a rappelé qu'il avait immédiatement alerté le procureur suite aux doutes dont lui avait fait part le Dr Olivier Ille, le 6 mai 1998. Il a annoncé à Christine Malèvre qu'il la plaçait dans le service des consultations externes, "service où elle n'était pas en situation de renouveler les actes dont elle était soupçonnée".

"J'ai fait venir Christine Malèvre avec l'infirmière générale. Je lui ai dit 'voilà les soupçons qui pèsent sur vous. Je ne vous demande pas si vous reconnaissez les faits mais, dans l'immédiat, je ne peux pas vous laisser dans le service", a-t-il raconté.

Il reconnaît avoir prononcé la phrase que Christine Malèvre lui a reprochée dans son livre et à l'audience mardi dernier, une phrase qui l'aurait notamment poussé à tenter de se suicider.

"Je lui ai effectivement dit en référence à un poème de Victor Hugo 'L'oeil était dans la tombe', 'si ce dont on vous accuse est vrai, je vous plains'".

Il indique qu'il a ensuite informé le personnel et l'a invité à parler le plus librement possible et sans crainte à la justice. Il a mis un psychanalyste à la disposition des personnels du service, qui "étaient très éprouvés".


Source : infirmiers.com