PARIS, juin 2003 (Reuters Santé) - A l'occasion de la Journée nationale de réflexion sur le don d'organes et la greffe, le 22 juin, Reuters Santé revient, avec l'aide de Jacky Claquin, responsable du service de régulation et d'appui de l'interrégion Ile-de-France-Centre-Antilles de l'Etablissement français des greffes, sur les interrogations posées à propos du don d'organes.
Reuters Santé : Peut-on donner ses organes quel que soit le type de décès ?
Jacky Claquin : Non, le don d'organe ne s'applique qu'au décès par mort encéphalique, où le cerveau est détruit. C'est le cas des décès par accident vasculaire cérébral et traumatisme crânien après accident de la route. Mais cette cause de décès est rare (1% à 2%).
R.S : A-t-on la certitude du décès du donneur ou subsiste-t-il un doute ?
Il n'y a aucun doute, même si le coeur continue de battre et que la peau est chaude. La mort encéphalique est irréversible -contrairement au coma dont on peut parfois sortir. La loi prévoit de prendre toutes les précautions permettant de verrouiller le diagnostic de mort encéphalique. L'équipe médicale doit par exemple effectuer deux électroencéphalogrammes à 4 heures d'intervalle et une angiographie, pour vérifier l'absence d'activité et de vascularisation dans le cerveau.
R.S : Que devient le corps après prélèvement ?
Le corps est rendu aux familles dans les heures suivant le prélèvement et peut ainsi bénéficier de la cérémonie funéraire. Les familles ou les donneurs craignent souvent le non-respect du corps mais la loi est également très prévenante. Il y a souvent confusion entre don du corps à la science (où le corps n'est pas rendu) et don d'organe. En revanche, certaines causes de décès nécessitent une autopsie médico-judiciaire et c'est à ce moment-là que les délais s'allongent.
R.S : Peut-on restreindre le don à certains organes ?
Oui, de nombreuses personnes excluent du don d'organe le coeur et la cornée. Le coeur n'est qu'un muscle mais il a une valeur symbolique particulière, comme l'oeil. Il est important de préciser que dans le cas de la cornée, on ne retire pas l'oeil mais uniquement la membrane transparente située devant l'oeil.
R.S : Le nombre d'organes prélevé est-il limité ?
Il est limité par la qualité des organes et la volonté des donneurs. On respecte les restrictions du donneur, d'une part, et, par respect pour le corps, on ne prélève pas systématiquement tous les organes mais uniquement ceux que l'on est sûr de pouvoir utiliser. On effectue une batterie de tests pour vérifier leur fonctionnalité et l'absence d'infection, et l'on étudie les antécédents. En moyenne, on ne prélève que 3,4 organes par donneur.
R.S : Quels sont les facteurs limitants ?
Certains antécédents de cancers sont une contre-indication pour certains organes, il arrive également que l'on découvre un cancer au moment des examens préliminaires au prélévement et dans ce cas, on ne prélève pas. Certaines pathologies infectieuses actives (bactériennes, virales ou parasitaires) sont une contre-indication absolue (infections virale au virus VHC [hépatite C], VIH [sida], HTLV [responsable de la leucémie lymphoïde T de l'adulte ou d'une neuromyélopathie], d'autres ne le sont que pour certains organes ou dépendront de la balance bénéfice/risque pour le futur greffé.
R.S : Existe-t-il des obstacles religieux ?
Non, aucune religion monothéiste ne s'oppose au don d'organes. Les craintes s'expriment davantage du point de vue de l'application des rites (ex: toilette funèbre retardée).
R.S : Qui bénéficiera des organes prélevés ?
L'attribution est strictement réglementée et le donneur n'a aucun pouvoir dessus. Certaines familles s'insurgent ainsi "Vous n'allez pas donner son foie à un alcoolique!", mais cette question n'est pas de son ressort. Il y a trois critères : l'urgence [caractère vital pour le receveur et disponibilité dans les délais nécessaires à la survie du greffon], la compatibilité et l'ancienneté sur la liste d'attente. La compatibilité concerne le groupe sanguin, le typage HLA dans le cas du rein, mais aussi la taille de l'organe, notamment pour les organes thoraciques (ex: un coeur d'homme adulte est trop gros pour une enfant de 10 ans).
R.S : Peut-on savoir à qui ont servi les organes prélevés sur le donneur ?
Les familles qui le demandent peuvent être tenues au courant du type de receveur qui a bénéficié de la greffe d'organes, mais elles n'obtiendront que des informations très générales (ex. homme de 40 ans) en vertu du principe d'anonymat./arg
HOSPITALISATION A DOMICILE
Un flash sécurité patient sur les évènements indésirables associés aux soins en HAD
THÉRAPIES COMPLÉMENTAIRES
Hypnose, méditation : la révolution silencieuse
RECRUTEMENT
Pénurie d'infirmiers : où en est-on ?
RISQUES PROFESSIONNELS
Accidents avec exposition au sang : s'informer, prévenir, réagir