Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

PUERICULTRICE

Le deuil périnatal : dire adieu à un petit être inconnu

Publié le 12/07/2016
ange statue

ange statue

infirmières cliniciennes deuil périnatal

infirmières cliniciennes deuil périnatal

« La plus grande difficulté dans le deuil périnatal, et ce qui le distingue des autres deuils, c’est que l’être qui nous quitte n’est pas connu, explique Émilie Légaré, infirmière clinicienne à Laval, au Québec. On n’a pas de souvenirs qui lui sont rattachés comme pour un grand-parent, par exemple. »

Une clairière du souvenir où les bébés reposent...

Sujet encore trop souvent tabou, cette infirmière se consacre maintenant au deuil périnatal à la clinique du deuil périnatal du Centre intégré de santé et de services sociaux de Laval, au Québec, dont fait partie le groupe « Mes Anges ». Avec sa collègue Chantal Dorais, Émilie Légaré accompagne les familles qui ont perdu un bébé entre le moment de sa conception et le premier mois suivant l’accouchement. Elle propose également un suivi pour l’année qui suit cette perte. Toute la première année est plus difficile, précise Mme Légaré. Toutes les premières fois qu’on passe à travers un évènement, une date précise, sont difficiles à vivre. Pour une mère qui a accouché un 5 mai, tous les premiers 5 de chaque mois peuvent devenir une épreuve. Même chose avec la fête des Mères ou la date à laquelle la famille a appris qu’elle était enceinte.

Ce deuil est souvent vivement partagé par le père, mais il peut aussi l’être par les enfants ou les grands-parents. Ainsi, ces infirmières assurent gratuitement des suivis individuels, en couple et en famille. Dans la dernière année, ils ont donc aidé 68 mamans, par rapport à 65 l’année précédente

Un dernier hommage ?

Les infirmières cliniciennes Chantal Dorais et Émilie Légaré s’occupent de la clinique du deuil périnatal du CISSS de Laval pour soulager les parents et les accompagner dans ce deuil.

Ces chiffres ont démontré l’importance de ce service qui assure aussi le soutien lors du séjour à l’hôpital. Lors d’un décès périnatal, les parents sont en état de choc, rappelle Émilie Légaré. Ils sont en pilote automatique, même s’il y a des décisions importantes à prendre à ce moment. La prise en charge du corps de l’enfant ou s’il aura un nom ne sont que quelques exemples de ces décisions. On voulait offrir un service qui enlevait un stress et qui libérait les parents du stress financier, dit Mme Légaré. Les infirmières de cette clinique se sont donc tournées vers le Cimetière de Laval. Elles peuvent ainsi offrir des services funéraires gratuits pour les familles qui vivent ce deuil à contresens. C’est une tendance, un phénomène de société, affirme Patrice Chavegros du cimetière situé sur le rang du Bas-Saint-François. C’est un taux de décès assez important. C’est un réel problème de société. Alors tant qu’à faire les choses, il fallait les faire de la bonne manière. Son équipe a donc aménagé un espace spécial dans le sous-bois du cimetière où les bébés peuvent reposer ensemble. C’est une clairière du souvenir, souligne M. Chavegros. On ne met pas un enfant au monde pour l’enterrer. On voulait donc offrir gratuitement notre espace et notre expertise.

Selon ce vice-président ventes & service à la clientèle de Magnus Poirier, cette décision a pour mission de respecter les parents tout en les rassurant. Un objectif atteint selon l’infirmière de la clinique du deuil périnatal de Laval. C’est beau et paisible, s’exclame-t-elle. C’est un bel endroit pour s’y recueillir sans sentir la lourdeur d’un cimetière. Sans oublier que l’image des bébés qui sont ensemble dans cette autre vie est très rassurante pour les parents.

Quelques conseils d’Émilie Légaré lors d’un deuil périnatal

  • Bien s’alimenter : ça demande de l’énergie de vivre un deuil, il faut donc procurer à notre corps les nutriments qu’il a besoin.
  • Dormir : c’est épuisant un deuil. Il faut que notre corps puisse récupérer. Il est possible, voire suggéré, de demander une médication pour mieux dormir.
  • Se respecter : on n’a pas nécessairement l’énergie pour les obligations. Il faut donc y aller à son rythme et faire ce qui nous tente, au moment où ça nous tente.
  • Trouver son équilibre : il faut accepter d’avoir des émotions comme la colère ou la tristesse, mais il faut aussi être dans l’action. Mais il faut respecter son rythme qui est propre à chacun.

Kassandra MARTEL

Merci pour le partage de cet article publié sur le site courrierlaval.com le 5 juillet 2016


Source : infirmiers.com