Face à la hausse des carburants, les IDEL ont un "coup de pompe". Les syndicats d'infirmiers libéraux réagissent soulignant qu'ils ne bénéficient d'aucune aide spécifique en la matière alors "que faire le plein" de leur véhicule, tournée oblige, grève de plus en plus leur budget.
Le syndicat Convergence Infirmière, par voie de communiqué, exprime son exaspération. Pour le syndicat, le prix des carburants n’en finit pas d’augmenter, pour tous les citoyens français, à un rythme délirant, qui fait exploser la courbe de l’inflation. Et les infirmiers libéraux sont d’autant plus concernés que ces augmentations incessantes les pénalisent non pas pour se rendre au travail… mais pour effectuer leur travail ! Le carburant étant l’une des composantes de leur profession puisque, rappelons-le, les infirmiers libéraux se déplacent au domicile de leurs patients, et ce 7 jours sur 7, 24 heures sur 24… 365 jours par an !
Convergence Infirmière rappelle que 90% de la patientèle des infirmiers libéraux vit à domicile et se pose cette question : va-t-on, alors, prendre le risque de voir apparaître des zones ″blanches″, délaissées par ces professionnels de santé surtaxés à outrance ? N’oublions pas que c’est bien grâce à leur implication que de nombreuses hospitalisations sont purement et simplement évitées. C’est aussi grâce aux infirmiers libéraux que de nombreux villages et quartiers de notre pays ont accès aux soins. Qu’ils sont, en quelque sorte, reliés à l’hôpital public
. Et de rappeler que les indemnités forfaitaires de déplacement (IFD) des infirmiers libéraux n’ont été revalorisés que de 0,50€ centimes… en 15 ans ! À 2,50 € chargé, comment peut-on payer sa voiture, les frais d’entretien, les frais d’assurance, les frais de stationnement et son carburant ? Cela alors que, dans le même temps, les médecins ne se rendent quasiment plus en visite à domicile… pourtant facturé 10€ le déplacement
. Et de terminer en expliquant que le 17 novembre, les infirmiers libéraux porteront eux-aussi le gilet jaune, en tant que citoyens et professionnels de santé !
Va-t-on, alors, prendre le risque de voir apparaître des zones ″blanches″, délaissées par ces professionnels de santé surtaxés à outrance ?
De son côté le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) ne dit pas autre chose. Les infirmiers libéraux ne peuvent pas utiliser les transports en commun ou le co-voiturage au regard du mode d’organisation des soins de ville et de l’obligation de continuité des soins 24h/24h à laquelle ils sont soumis
. Face à toutes ces obligations, mais aussi à la nature même de l’activité infirmière libérale proche, dans certains cas d’un service de santé publique, le Sniil demande à ce que des mesures spécifiques soient prises en direction des infirmières libérales pour compenser la hausse très importante du prix des carburants
. Rappelant qu'il est conscient de l’impact de la pollution en termes de santé publique
, le Sniil, responsable et soucieu de la qualité de vie de l’ensemble de la population française
, demande surtout que l’Etat :
- attribue aux professionnels un avantage financier plus incitatif à l’achat d’un véhicule électrique;
- s’assure que des bornes électriques de rechargement soient disponibles partout en France, y compris dans les territoires ruraux où exercent 27% des infirmières libérales ;
- révise très rapidement le processus de prime à la conversion, réservée, pour l’heure, à la seule destruction de véhicules anciens… et ne s’appliquant donc jamais à des professionnels usant aussi rapidement leur voiture que les infirmiers libéraux.
Le Sniil suggère d'envisager une détaxe de carburants, expliquant qu'un dispositif de ce genre a été mis en place très récemment en Martinique grâce à un accord conclu entre l’Union Régionale des Professions de Santé (URPS) Infirmière et la collectivité territoriale de Martinique. Pourquoi ne pas le généraliser ?
Les infirmiers libéraux ne peuvent pas utiliser les transports en commun ou le co-voiturage au regard du mode d’organisation des soins de ville et de l’obligation de continuité des soins 24h/24h à laquelle ils sont soumis
La Fédération nationale des infirmiers (FNI), s'interroge à son tour : si chacun peut comprendre les nécessités de la transition écologique derrière laquelle s’abrite le Gouvernement pour justifier le fait qu’il ne cesse d’augmenter les taxes sur le carburant, en revanche, la FNI ne comprend pas pourquoi cela devrait se faire sur le dos d’une profession de soin indispensable au maintien à domicile des patients, et qui en aucun cas – contrairement à d’autres – pourrait répercuter cette hausse sur les tarifs de ses prestations
. La FNI avait réclamé, sans que le Gouvernement ne prenne la peine d’y répondre, que les IDEL – dont l’exercice au domicile des patients impose de nombreux déplacements –, bénéficient des mêmes exonérations de taxes sur les carburants que certains professionnels du transport et les taxis. Il s’agit d’une demande légitime et de bon sens
.
La FNI dénonce les effets de la hausse des prix à la pompe pour les IDEL et réclame des mesures compensatoires
Plusieurs reportages ont donné la parole à des infirmiers libéraux sur cette question du prix des carburants. Sur Allo Docteurs. John Pinte, infirmier libéral en région parisienne explique commencer sa tournée dès 6h30, parcourant plus de 40 kilomètres par jour pour réaliser ses visites à domicile. Conséquence : l'obligation d'effectuer deux pleins de carburant par mois. Avec les tarifs actuels, cela lui coûte près de 90 euros à chaque fois. Il y a deux ans, il payait environ 60 euros mensuels.
Edouard Philippe, Premier ministre, dans ses annonces du 14 novembre sur le sujet, - super primes, chèque énergie... - n'a rien précisé concernant les professionnels de santé libéraux... Affaire à suivre !
Ecouter également Clémence Vaillant, infirmière libérale, témoigner de l'impact du prix du carburant sur son quotidien de professionnelle de santé
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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