Un master de pratique avancée en soins infirmiers, premier du genre, a été mis en place conjointement par l'École des hautes études en santé publique (EHESP) et l'université de la Méditerranée d'Aix-Marseille, a-t-on appris mardi auprès d'un des responsables pédagogiques.
Ce master, destiné à former les infirmières à une nouvelle fonction dite des pratiques avancées, est la traduction concrète de la loi hôpital, patients, santé et territoires (HPST), qui a prévu des dispositions permettant de nouvelles coopérations entre professionnels de santé.
Dans un domaine d'activité spécifique, les infirmières en pratiques avancées seront capables de dispenser des soins experts dans le champ infirmier. "Si le cas se présente, dans le cadre d'un protocole national de coopération, elles se verront également attribuer des activités jusque là réservées au domaine médical", explique Christophe Debout, responsable pédagogique du master au sein de l'EHESP.
"Considérer que l'infirmière en pratiques avancées est une infirmière récupérant les activités jusque là relevant d'un suivi médical est une vision trop limitée", précise le responsable pédagogique, insistant sur le travail mené avant tout au sein du master "pour développer leur expertise dans le champ infirmier".
Neuf infirmiers et infirmières issus pour moitié environ du monde hospitalier et pour moitié du monde libéral ont intégré en novembre 2009 la première promotion de ce programme baptisé "sciences cliniques infirmières", décliné dans trois champs d'activité clinique, la gérontologie, la cancérologie et la coordination de parcours complexes de soins.
"Malheureusement, nous avons disposé d'un délai assez court depuis l'obtention des agréments de l'enseignement supérieur cet été", indique Christophe Debout, précisant toutefois que "volontairement, [les organisateurs] souhaitaient un faible nombre d'étudiants pour cette première année de lancement".
"Il semble que ce programme intéresse les infirmiers car nous avons reçu beaucoup de candidatures après la date limite de clôture", constate le responsable pédagogique. L'an prochain, 25 infirmiers seront sélectionnés pour intégrer la deuxième promotion.
Ce programme s'adresse à des infirmiers diplômés d'Etat, dotés d'une solide expérience clinique puisqu'ils doivent justifier de quatre ou cinq années équivalentes temps plein d'exercice. Il leur permet de poursuivre en parallèle leur activité professionnelle.
La formation est déclinée en deux semestres de formation en tronc commun délivrée à Paris puis de deux semestres de formation dans les trois spécialités à Marseille (à partir de septembre 2010).
A l'issue de ces deux ans de formation, les infirmiers diplômés d'Etat obtiendront le diplôme (et non pas le grade) national de master de la spécialité choisie.
A partir de 2012, les infirmiers et infirmières issus du dispositif de formation initiale rénové en 2009 pourront poser leur candidature pour ce master.
"Cette volonté de mise en continuité de ce programme avec celui conduisant au diplôme infirmier d'Etat se heurte toutefois à une difficulté majeure qui réside dans la nouveauté de cette fonction d'infirmière de pratiques avancées dans le contexte français", peut-on lire dans le document de présentation du master.
Des référentiels de compétence inspirés des expériences internationales
Pour élaborer les référentiels de compétence, l'université et l'EHESP se sont en partie inspirées des expériences menées à l'échelle internationale depuis 50 ans, en Amérique du Nord d'abord puis sur le continent européen, en particulier dans les pays anglo-saxons et scandinaves, pour les adapter "au regard des spécificités françaises".
En France, les conclusions du rapport Berland en 2003 puis les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) en 2007 ont préparé la naissance de ces infirmières en pratiques avancées.
Leur rémunération et leur position statutaire ne sont toutefois pas directement abordés dans le protocole d'accord actuellement négocié avec les organisations syndicales, qui prévoit le passage en catégorie A des infirmiers diplômés d'Etat dans le cadre de la réforme LMD (licence-master-doctorat), note-t-on.
Le protocole d'accord évoque notamment la poursuite d'un groupe de travail "masters" auquel participent les organisations syndicales, qui "devra permettre (...) de définir les spécialisations nécessaires au sein de ces métiers paramédicaux pour la mise en oeuvre de certaines pratiques avancées et de prévoir (...) les référentiels et les diplômes correspondants à ces métiers", peut-on lire en préambule.
"Le développement des pratiques avancées et des spécialisations, ainsi que la rénovation de la formation des cadres, permettront de proposer aux personnels des parcours professionnels attractifs afin d'enrichir le contenu professionnel de la filière infirmière", est-il également précisé dans le contenu de l'accord.
Par ailleurs, l'arrêté détaillant les modalités pratiques pour mettre en place la coopération entre professionnels de santé a été publié vendredi au Journal officiel.
Les modalités de ce processus de coopération ont aussitôt été désapprouvées par l'ensemble des ordres des professions de santé, estimant que les protocoles de coopération prévus "ne comporteront ainsi aucune garantie sur les qualifications et les compétences des professionnels impliqués".
Ce master de pratique avancée en soins infirmiers est le premier du genre puisque seuls des masters de type interprofessionnels étaient jusqu'à présent proposés, "qui n'étaient pas spécifiquement pensés pour les infirmiers", précise Christophe Debout.
Paris, 22 janvier 2010 (APM)
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