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"On laisse les gens des heures sur des brancards dans leur urine"

Publié le 19/06/2018
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Leur grève dure depuis plus de 120 jours. Le service des urgences de l'Hôpital de la Croix-Rousse à Lyon fonctionne au ralenti depuis le 15 février dernier. Comme dans de très nombreux établissements, les personnels en souffrance réclament davantage de moyens pour accueillir dignement les patients. 

Secrétariat, accueil, commande d'ambulances... De plus en plus de tâches retombent sur les infirmiers, malgré les 30% d'activité en plus en 10 ans. 

L'heure, on le sait, est à la diète dans les hôpitaux publics . 960 millions d'euros viennent peser directement sur les établissements de santé en 2018. Cadences infernales, journées qui durent 14, 15, ou 16h, impossibilité de prendre correctement en charge les patients... Le personnel soignant souffre de conditions de travail de plus en plus pénibles, à l'image de très nombreux établissements actuellement et comme en atteste la récente grève du Rouvray , un établissement public de santé spécialisé dans la lutte contre les maladies mentales situé près de Rouen, un seul exemple parmi tant d'autres. A l'hôpital de la Croix-Rousse, la fréquentation a progressé de 30% en 10 ans alors même qu'il n'y a pas eu d'embauches et avec moins d'aides extérieures, raconte une infirmière au micro de France Culture, qui est allé à la rencontre des grévistes. Moins de secrétariat, moins d'agents administratifs, la réponse de la direction, c'est que ce sont des tâches que peut accomplir l'infirmière. Elle peut faire des étiquettes à la place de l'agent administratif, elle peut répondre au téléphone ou scanner les dossiers à la place de la secrétaire, nos cadres de proximité aussi se délestent de plus en plus de tâches comme commander les ambulances pour les retours à domicile, accueillir les étudiants... De plus en plus de tâches retombent sur l'infirmière avec 30% d'activité en plus : de soins, de patients à voir et arrive un moment où on en peut plus en fait.

C'est la galère ! Il y a des patients qui arrivent pour douleurs thoraciques. On leur fait un électrocardiogramme 30/40 minutes après leur arrivée...

Quant aux aides-soignants, il leur arrive de parcourir des distances de plus en plus grandes lors de grosses journées, de 16 à 25 km. Le service traite 25 000 passages par an. L'infirmière qui se trouve chargée de trier les patients à leur arrivée est débordée. Il faut dire qu'elle est seule pour 6 ou 7 malades chaque heure. C'est la galère ! Il y a des patients qui arrivent pour douleurs thoraciques. On leur fait un électrocardiogramme 30/40 minutes après leur arrivée..., détaille-t-elle.

Découvrez le reportage très instructif de France Culture dans le service. 

Quand les 45 agents sont appelés chez eux pour remplacer des collègues malades, ils n'y arrivent plus, comme le confie un aide-soignant : au départ, on ne fait pas la grève pour une augmentation de salaire, mais parce qu'on n'arrive plus à soigner correctement. On laisse des gens sur des brancards pendant des heures dans leurs selles, dans leurs urines et on ne veut plus se sentir responsables de cette maltraitance. C'est pour ça qu'aujourd'hui, on le dit publiquement. Une infimière abonde dans son sens. Je pense qu'on est tous devenus infirmiers, aides-soignants parce qu'on avait un idéal, envie de soigner les gens correctement et aujourd'hui on se sent aussi maltraités, nous (...) On passe notre temps à veiller sur les autres et le peu qu'on demande, on a l'impression qu'on nous crache à la figure. Et ça c'est très violent, résume-t-elle, émue aux larmes, avant d'évoquer ses collègues en burn out.

En réponse à ce mouvement de grève, la direction a accepté de créer un poste d'infirmière mais pas le poste d'aide-soignant également exigé par les équipes. La grève entre ce 19 juin dans son 125e jour.  

Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin


Source : infirmiers.com