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PORTRAIT / TEMOIGNAGE

Laëtitia, infirmière de nuit auprès des grands brûlés

Publié le 31/07/2015

Le métier d'infirmière réserve bien des facettes, tant et si bien que certains modes d'exercice demeurent encore inconnus. Laëtitia, 24 ans, est infirmière de nuit dans un hôpital militaire auprès de grands brûlés depuis deux ans. Sur France inter, elle a partagé son quotidien avec les auditeurs de l'émission " les métiers de la nuit ". Elle nous livre un regard intéressant et (surtout) différent sur la profession...

Laëtitia , 24 ans, nous décrit son exercice infirmier de nuit dans un hôpital militaire.

Ce n'est pas un secret. Bien qu'elle soit riche en expériences humaines, la profession infirmière est difficile, exigeante et psychologiquement épuisante. Cette interview de 7 minutes, menée par Noëlle Bréham sur France Inter le 22 juillet dernier, nous en donne le détail. Décryptage.

Qu'en est-il de l'exercice de nuit auprès des grands brûlés ? Ce choix courageux, Laëtitia l'a fait. Nous avons un service qui est divisé en deux secteurs. Une partie est consacrée aux petites brûlures, l'autre est destinée aux grands brûlés. Ils sont plongés dans un coma artificiel, donc sédatés et intubés. Un service lourd qui met à rude épreuve les compétences de la jeune soignante. Dis donc, il faut une certaine habitude, une certaine habilité pour faire des pansements à de grands brûlés..., souligne par ailleurs la journaliste. En effet, selon l'étendue des brûlures, les soins peuvent être très chronophages et complexes. La journée il y a énormément de pansements à faire. On reste jusqu'à deux heures auprès du même patient. Ça prend toute la matinée. La prise en charge est très longue. Un à deux mois pour les petites brûlures et jusqu'à six mois voir un an pour les grands brûlés. Mais ce ne sont pas là les seuls aspects de ce poste qui nécessite une grande adaptabilité…

Une prise en charge psychologique particulière

A l'exemple du métier d'infirmier aux urgences, soigner les grands brûlés requiert aussi une importante résistance physique et psychologique. C'est un service particulier. Ça reste de la réanimation , certes spécialisée, mais ça l'est néanmoins puisque les patients sont intubés. Aux actes techniques et à l'exigence des compétences s'ajoute la nécessité d'une bonne organisation. La prise en charge est totalement différente de jour comme de nuit. La nuit, il n'y a pas de pansements donc ça diminue nettement la charge de travail mais ça reste un service lourd où il y a des tours horaires et une surveillance en continue.

La nuit, les patients sont particulièrement demandeurs. Leur prise en charge psychologique fait donc également partie des actes infirmiers de Laëtitia. Hormis la surveillance horaire, elle est souvent amenée à dispenser des soins relationnels. Il peut y avoir des angoisses qui sont plus importantes la nuit. Il y a moins de personnels donc moins de bruits, et ça peut angoisser les patients. Il n'y a pas de visites donc c'est assez angoissant. Ils peuvent nous appeler plus souvent.

Ça reste de la réanimation , certes spécialisée, mais ça l'est néanmoins puisque les patients sont intubés.

Vie privée et vie professionnelle : comment concilier le tout… ?

Une question posée par la journaliste et qui taraude sans aucun doute les auditeurs : avec un travail aussi prenant et des horaires décalés, comment tout concilier ? En effet, travailler de nuit en 12h (disons plutôt 13 avec les transmissions) dans un tel service demande une importante disponibilité. Les relations personnelles et privées s'en trouvent souvent affectées. Dans notre service, notamment dans la partie des grands brûlés, la moyenne d'âge ne dépasse pas la trentaine. La plupart des infirmiers n'a pas d'enfants. En général, une infirmière qui tombe enceinte ne reviendra pas après son congé maternité. Elle changera de service. On reste donc une équipe assez jeune et on a peu de mamans parmi nous. Pourtant, dans ce contexte de soins éprouvant, les relations sociales permettent à l'équipe soignante d'éviter l'épuisement professionnel. Il faut tout de même avoir une activité extérieure et un entourage assez proche de soi pour pouvoir se changer les idées. Il faut garder une vie sociale. C'est important sinon on a du mal à tenir. Avec ce qu'on voit au quotidien ce n'est pas forcément évident tous les jours. Toutefois, pour faire face à la difficulté du service, l'équipe de Laëtitia a su puiser sa force dans une attitude solidaire. Nous avons une bonne cohésion. Nous faisons des activités ensemble et nous nous soutenons mutuellement.

Un vrai esprit d'équipe

L'émission de Noëlle Bréham met très bien en exergue (et en valeur) le travail d'équipe dans lequel s'inscrit l'infirmière. Laëtitia, parmi tant d'autres, est " un maillon dans une longue chaîne " comme elle l'exprime si bien... Aujourd'hui, dans la plupart des services de soins, les professionnels de santé restent cloîtrés dans leur rôle " propre ". Il devient de plus en plus rare de voir un cadre de santé abandonner ses tâches administratives pour aider les infirmiers. Et pourtant… Nous sommes une vraie équipe. Le matin, lorsqu'on n'est pas assez en termes d'effectifs et qu'on voit qu'à midi ou 13h une équipe n'est toujours pas partie manger, on va voir le cadre de proximité qui va nous aider à faire les pansements par exemple

Par ailleurs, l'intégration de Laëtitia, au sein de ce centre de traitement des brûlés, s'inscrit dans une réelle démarche formative. Alors que certains services intègrent leurs nouveaux infirmiers qu'en 2 ou 3 semaines uniquement, cette jeune infirmière a eu la chance d'obtenir une formation complète (fort heureusement). C'est assez impressionnant au début mais nous sommes formés durant 6 à 8 semaines en doublon. Une infirmière déjà en service nous montre comment faire les soins et nous organiser. C'est passionnant. Toutefois, il faut aimer ce service car il est tout de même particulier. Exercer le métier d'infirmière de nuit auprès des grands brûlés doit donc être un choix volontaire fruit d'une vocation avérée. Un choix de carrière téméraire que Noëlle Breham ne manque pas de mettre en avant. C'est rassurant pour nous, éventuels futurs malades. votre enthousiasme, votre passion et votre sérieux sont rassurants, conclu la journaliste. Et bien oui, une infirmière quoi...

Écouter l'émission du 5/7, consacrée aux métiers de la nuit, avec en intégralité l'interview de Laëtitia, infirmière dans un hôpital militaire

C'est assez impressionnant au début mais nous sommes formés durant 6 à 8 semaines.

Gwen HIGHTJournaliste Infirmiers.comgwenaelle.hight@infirmiers.com@GwenHight


Source : infirmiers.com