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DOCUMENTATION

L'accompagnement des mourants, une belle utopie ?

Publié le 08/04/2009

L'accompagnement des mourants à l'hôpital, j'en entends parler depuis que j'ai commencé mes études d'infirmière, il y a quatorze ans, pourtant tous les jours, je me rends compte qu'il y a bien plus de belles paroles que de réelle prise en charge du patient en fin de vie.

Dans le service  ou je  travaille, nous recevons des patients cancéreux, que nous suivons pendant des mois, voire pendant plusieurs années, nous connaissons leurs habitudes, leurs familles… J'ai souvent été choquée, de voir que certaines de mes collègues, alors qu'elles entretenaient de bonnes relations avec les patients, se mettaient à les fuir, eux et leur entourage, dés que la mort était proche. J'ai un moment cru qu'elles avaient du mal à assumer la mort, ou que, par trop grande sensibilité, elles appréhendaient difficilement ce moment.

Nous avons la chance d'avoir dans notre établissement une équipe mobile de soins palliatifs, qui est d'un grand secours, en ce qui concerne la prise en charge de la douleur, et l'aide psychologique pour le patient et sa famille .C'est également un grand soutient pour les membres de l'équipe soignante, car leurs avis et leurs sentiments sont entendus.

Il y a quelques jours, un de nos patients, connu de notre service depuis de longs mois, a été réhospitalisé, car il entrait en phase terminale. Conscient durant les premiers jours, il a brutalement sombré dans le coma, et s'est éteint quelques heures plus tard. Lorsque le décès a été constaté, je venais de quitter la chambre après les soins de confort, et je m'apprêtais à y revenir. J'attache beaucoup d'importance à l'accompagnement des personnes en fin de vie, pas d'une façon théorique, mais d'un point de vue simplement humain. Tout ce que nous pouvons faire pour autrui,  ce que nous pouvons lui apporter, c'est alors qu'il est encore en vie. S'apitoyer sur son sort, ou sur le notre, n'apporte rien à personne. Lorsque j'ai fais part au reste de l'équipe soignante de ma contrariété du fait que personne n'était présent prés du patient lors de son décès, la réaction de mes collègues et supérieures m'a écœurée.

Une m'a dis : «  A non, moi je suis pas comme ça, une fois que j'ai fais mes soins je parts, je vais pas rester là à attendre », j'ai répondu que son attitude me surprenais, et que si un de ses proches venait à mourir, elle serait sans doute un peu réconfortée de savoir que quelqu'un se trouvait prés de lui à ce moment.  Une autre me répond : « Mais ce n'était pas quelqu'un de votre famille !! » et l'on m'a alors accusée de ne pas être capable de faire le deuil d'un patient !!  Accompagner les patients dans leurs derniers instants me paraît être une chose tout à fait naturelle, et si j'ai pu soulager un patient, réconforter sa famille, je ne me sent pas en deuil.

Avant de quitter les autres membres de « l'équipe » je leur ai simplement dis : « On a longtemps critiquer les hôpitaux de fermer les portes des chambres de mourants pour ne pas assister à leur mort, et je vois que ça n'a toujours pas changé  ». Les campagnes d'information, les formations, le célèbre refrain « humaniser l'hôpital », tout ça c'est bien joli, mais ça ne rend toujours pas les gens humains…


Source : infirmiers.com