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IDEL

La télémédecine est un mode d’exercice qui nécessite une interdisciplinarité

Publié le 18/12/2019

Les enjeux pratiques de la télémédecine ont été discutés lors d’un congrès qui s’est tenu les 3 et 4 décembre 2019. Parmi les nombreuses sessions au programme, une table ronde était organisée avec des orateurs représentant les différentes professions concernées dont Daniel Guillerm, président de la Fédération Nationale des Infirmiers (FNI) et Sophie Peres, cadre de santé en HAD. Selon eux, les infirmiers seront les acteurs incontournables pour la réussite du déploiement de la téléconsultation.

La téléconsultation est un moyen et non un objectif à atteindre. Elle présente deux avantages : elle permettra au patient de consulter depuis son domicile et chacun pourra connaître davantage le métier de l’autre.

L’important est la collaboration interprofessionnelle avec les acteurs de terrain, notamment les infirmiers, souligne le Dr Suzy Josroland, médecin généraliste. Celle-ci s’est exprimée lors du congrès européen sur les enjeux de la télémédecine où, lors d’une table ronde, différents professionnels de santé étaient conviés pour réfléchir aux évolutions des parcours de soins avec le déploiement de la téléconsultation.

Le Dr François Le Bas, également généraliste, partage ce point de vue. Pour lui, le travail de coordination est primordial  : il ne s’agit nullement d’avoir une perte de chance dans la filière de soins, c’est un nouveau mode d’exercice. Daniel Guillerm, actuel président de la FNI, pense également que la télémédecine est une opportunité pour décloisonner les professions de santé. Cela amène un concept d’hybridation des métiers. On a l’habitude de nos espaces de compétences réservés, mais la situation évolue. De mon point de vue, cela va de moins en moins coller à la réalité. Ces changements nous permettront de mieux interagir entre nous et de mieux connaître la profession de ceux avec qui l'on travaille.

La télémédecine est un outil adapté au décloisonnement des pratiques professionnelles

Infirmier, la pierre angulaire de la téléconsultation

De même, pour Sophie Sergent, responsable d’une CPTS , il ne faut pas avoir peur des téléconsultations : c’est un support différent pour pratiquer les soins et rester au service du patient. En effet, pour le Dr Jean-François Thébault, cardiologue et membre du Haut Conseil du DPC, le côté humain ne disparaitra pas avec la télémédecine. Etrangement, le temps moyen consacré au patient par le praticien (généraliste ou spécialiste) est plus long lors d’une téléconsultation que lors d’un rendez-vous classique. Des données ont montré qu’en face à face avec le médecin, celui-ci ne passe qu’1 minute 30 à vraiment regarder le patient. Alors on peut noter que l’aspect humain est quand même préservé.

En outre, les infirmiers, qui eux, resteront sur place avec les patients permettront de faire le lien, souligne le Dr Suzy Josroland. Des propos appuyés par le président de la FNI : Il n’y a pas de désert infirmier, leur répartition est bien plus homogène que celle des médecins. Même s’il existe des zones de tensions. On peut donc représenter un atout conséquent dans le déploiement de la télémédecine . En fait, l’infirmier a, sans conteste, un rôle à jouer. L’écueil réside dans l’offre organisationnelle, argumente-il. Apparemment, le rôle du soignant sera bien celui d’assister le médecin resté à distance en effectuant des actes ou en participant à l’examen clinique. De plus, l’IDEL est en contact direct avec le patient dans son environnement psychosocial. Il peut répondre à ses questionnements et contrer ses idées reçues concernant la téléconsultation. Sans cela, il pourrait y avoir des crispations de la part des patients via ce mode d’exercice, complète-t-il.

Sophie Peres, cadre de santé en HAD dans la région lilloise, a, quant à elle, testé la téléconsultation dans le cadre de soins palliatifsDans certains cas, c’était compliqué de faire retourner des patients à l’hôpital. D'un point de vue mobilité aussi, pour ces patients c’était difficile. La téléconsultation était une réponse à ces problématiques, cela permettait de faire venir, en quelque sorte, le praticien au domicile du patient, témoigne-t-elle. Toutefois, si son retour d’expérience est positif, elle souligne l’importance pour les soignants d’être formés à cet effet. Il est primordial de travailler sur nos missions, de travailler avec les autres professionnels et de trouver notre place. Il faut intégrer comment prendre soin du patient autrement. Les infirmiers doivent être formés notamment sur la reformulation, sur comment parler au patient dans le cadre d’une téléconsultation, précise-t-elle. Le Dr Thébault souligne également cette nécessité : la télémédecine fait partie des formations prioritaires dans le cadre du DPC.

L’important est la collaboration interprofessionnelle avec les acteurs de terrain notamment les infirmiers

Le cadre réglementaire

Pour Daniel Guillerm, il est important aujourd’hui de balayer le champ des possible. Si le cadre réglementaire est posé selon les territoires, l’engouement est plus ou moins vif. Par exemple, dans une zone de désertification médicale, un infirmier a compris qu’il pouvait être un vecteur d’accès aux soins, il a donc installé un cabinet de téléconsultation dans une pharmacie.

Plus précisément, l’avenant n°6 a dénombré trois modalités d’actes infirmiers en télémédecine . La première est la téléconsultation réalisée au détour d’un soin (ou TLS) qui est rémunérée à hauteur de 10 euros. Ensuite, il peut s’agir d’un accompagnement dans un espace dédié à la téléconsultation (notamment dans les CPTS). Enfin, des actes de téléconsultations sont aussi prévus au domicile du patient en cas de demandes spécifiques de la part d’un médecin (généraliste ou spécialiste).

Pour le Dr François Le Bas, on aura besoin des CPTS pour les soins programmés comme non programmés. D’ailleurs il encourage tous les professionnels de santé à participer pour faire avancer ces évolutions car c’est en gardant la main que l’on ne nous imposera rien.

Les infirmiers, qui eux, resterons sur place avec les patients permettront de faire le lien

Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com