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A la télé – Pédophilie : crime et/ou maladie ?

Publié le 30/09/2013

La société a-t-elle les moyens de prévenir les actes monstrueux commis par des pédophiles ? Telle est la question posée par la nouvelle Enquête de Santé, sur France 5 le 1er octobre 2013, à 20 h40. Après la diffusion d’un documentaire, Marina Carrère d’Encausse, Michel Cymes et Benoît Thevenet poseront en direct la question à leurs invités.

Qu’ont en commun ces hommes attirés par les enfants et peut-on les soigner ?

C’est bien quelque chose que je pensais ne jamais faire dans ma vie. Et je l’ai fait. Comment, moi, j’ai pu faire ça ? Autant je pouvais par moments avoir envie de hurler quand j’entendais ce que l’on pouvait dire des pédophiles, parce que je n’avais pas choisi de l’être, autant, sur ce point précis, je n’ai qu’un droit : c’est de me taire. Parce que le choix, je l’ai eu à un moment donné. Alors qu’il a su rester maître de ses pulsions pendant des années, Victor, plongé dans une profonde dépression après deux échecs sentimentaux, est passé à l’acte sur des mineurs. D’où viennent ces pulsions sexuelles déviantes qui toucheraient près de 1 % de la population masculine ? La pédophilie est-elle une maladie ? Qu’ont en commun ces hommes attirés par les enfants et peut-on les soigner ? Pour en savoir plus et découvrir s’il est possible ou non de prévenir ces actes monstrueux, Géraldine Laura a mené l’enquête au cœur d’un tabou et a rencontré des équipes soignantes, mais aussi des patients qui ont accepté de se livrer.

Impossible de parler de pédophilie sans évoquer la sordide et médiatique affaire Dutroux. En 1996, à la suite de l’arrestation du « monstre de Charleroi », les langues se délient. On a commencé à entendre les victimes, se souvient le Dr Sophie Baron-Laforêt, psychiatre au centre hospitalier de Thuir. […] On est passé d’un chiffre de 2 à 3 % de personnes condamnées […] à quasiment 20 %. Face à cette nouvelle population de détenus, les soignants et la justice prennent conscience du caractère particulier de ces criminels. Il a fallu du travail, de la rencontre pour se rendre compte que ce ne sont évidemment pas tous des pervers, souligne le Dr Baron-Laforêt ; que l’on a un éventail de fonctionnements psychiques, de problématiques et de parcours très différents, que, dans bon nombre de cas, il faut intervenir. Un constat qui aboutit, le 17 juin 1998, au vote de la loi Guigou. Celle-ci prévoit une injonction de soins pour les auteurs d’agressions sexuelles, les obligeant à être suivis dès leur sortie de prison par un psychiatre ou un psychologue. La pédophilie, ce n’est pas un problème de volonté, explique le Dr Mathieu Lacambe, psychiatre au CHU de Montpellier, qui accueille chaque année plus d’une centaine de patients sous injonction de soins. […] On est dans un modèle de maladie, au sens d’un trouble psychiatrique qui est chronique et invalidant, qui suscite et fabrique de la souffrance. Avoir envie ne suffit pas. Ce que confirme Arnaud, condamné à trois ans de suivi pour consommation d’images pédophiles sur Internet : Je faisais quelque chose que je considérais moi-même comme abject et dégoûtant, mais je le faisais quand même.

La société a-t-elle les moyens de prévenir les actes monstrueux commis par des pédophiles ? Telle est la question posée par Enquête de santé

Aide et prévention

Mais les moyens mis en œuvre sont-ils suffisants pour appliquer correctement cette loi et empêcher la récidive ? Depuis 2007, des centres de ressources proposent aux personnels soignants des formations complémentaires sur la délinquance sexuelle pour pallier le manque de place en psychiatrie publique et de médecins coordonnateurs. La route est encore longue quand on sait que la seule solution pour prévenir le passage à l’acte chez les pédophiles est qu’ils apprennent à maîtriser et à vivre avec leurs pulsions. Pour le Dr Christiane de Beaurepaire, psychiatre et ancien chef du service médico-psychologique régional de Fresnes (SMPR), si on arrivait à dédiaboliser un tout petit peu la problématique pédophilique, de telle sorte qu’on puisse créer un numéro vert et des lieux ouverts 24 heures sur 24, pour que la personne, en train de faire courir un danger, puisse immédiatement contacter un écoutant ou se rendre sur place, ce serait un pas immense !

Cet article est paru dans le mag n°40 Tous les temps forts du 28 septembre au 4 octobre 2013

Enquête de santé, mardi 1er octobre 2013, 20h40, France 5, présentation Marina Carrère d’Encausse et Michel Cymes, avec la participation de Benoît Thevenet réalisation Bernard Faroux, Production Pulsations, avec la participation de France Télévisions.

Documentaire « Pédophilie, crime et maladie » , durée 52’, réalisation Géraldine Laura, production Pulsations, avec la participation de France Télévisions, 2013, déconseillé aux moins de 10 ans.

Amandine DEROUBAIX


Source : infirmiers.com